Chapitre 36 - Au Revoir, Basil

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Je souffle de soulagement en retirant mes bottes, le cuir a tant frotté contre mon tendon d'Achille qu'une cloque s'est formée et me tire une grimace. Il a plu sur le chemin du retour, une fine pluie qui s'est immiscée sous mes vêtements. J'ai froid jusqu'aux os.

Elliott me tend une serviette et je rougis en repensant à la scène chez Nibaël, ce qui fait ricaner Basil.

— Il n'a montré aucune résistance ? demande le Timonier alors que je me débarrasse de ma cape humide et m'essuie le haut du dos, trempé par mes longs cheveux.

— Aucune, il était trop ravi, il nous a montré toute l'étendue de son art, n'est-ce pas Cameron ?

Je hausse les épaules, je ne comprends décidément rien aux artistes torturés comme notre imposteur.

— En tout cas, c'était une chouette expédition, Cameron est pleine de surprises.

Cette fois-ci je pouffe dans ma barbe, cet idiot a délibérément chanté à tue-tête en arrivant au Marron Dormant et nous nous sommes fait bombarder de fruits. J'ai encore mal à certains endroits du crâne et aux phalanges alors que j'essayais de me protéger.

— Je te retourne le compliment, commenté-je.

Basil me sourit et reprend la parole, le visage tourné vers le Timonier qui semble fatigué :

— Nibaël attend notre signal, on passera à la deuxième phase du plan dès le réveil de Momo.

Le surnom me pince le cœur, j'avais espéré qu'il se réveille à notre retour. Mais il ne semble pas récupérer malgré les boissons miraculeuses que nous avons trouvées dans un grimoire de la Bibliothèque Universelle.

Elliott a les yeux cernés de fatigue, son visage blême et creusé lui donne dix ans de plus. Bien qu'il n'ait plus réellement d'âge depuis le temps.

— Tu devrais dormir un peu, lui conseillé-je.

Il vient à ma hauteur et caresse mon front, un faible sourire au coin des lèvres.

— Et toi, tu devrais appliquer une crème sur ta tête, tu as une belle bosse.

Un énorme marron a failli me mettre KO. Elliott affiche un air farceur, à l'image de mon père lorsqu'il comprenait la bêtise que je venais de faire.

— Bonne nuit, petit colibri.

Nous le saluons en chœur tandis qu'il grimpe l'escalier bancal du grenier, le dos courbé et les bras ballants le long de la taille. Basil me tend un plaid douillet que j'enroule aussitôt autour de mes épaules encore glacées.

— Il s'en veut que Morgan soit dans cet état par sa faute, m'avoue Basil.

— Ça aurait pu être lui et Morgan aurait réagi de la même façon.

— Je sais...

Le silence s'installe entre nous, il était agréable à supporter durant le trajet de retour. Désormais il me met mal à l'aise, je tortille mes doigts entre eux et amène ceux-ci à ma perle qui roule agréablement sous ma peau.

— Un petit verre, ça te dit ? propose Basil en plongeant ses mains dans les poches de son pantalon.

— Pourquoi pas, tu as quoi à m'offrir ?

— Suis-moi.

Il m'offre un taquin sourire et se dirige vers la salle principale du Théâtre. À cette heure tardive, il n'y a plus aucune représentation. Je peux encore sentir des fragrances de parfums de spectateurs venus ce soir. Nous passons entre les sièges de velours et mon duvet se hérisse quand je m'imagine m'asseoir dedans.

Le capitaine des Abysses - Livre 1 : La perle nacréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant