Chapitre 12 - Ezel.

903 62 155
                                    

« Ezel... J'ai l'impression que depuis que tu es dans ma vie, tout va mieux au lycée... Alors merci beaucoup de m'avoir ouvert les yeux. »
___________________________________________

Lizéa s'est endormie sur mon épaule et j'ose à peine respirer par peur de la réveiller. Son visage est paisible, en le regardant d'aussi près je m'en veux d'avoir pensé que sa vie était un peu meilleure que la mienne. La vérité étant que nos deux vies sont bancales comme nos âmes.
Sauf que, j'ai essayé de noyer mes problèmes avec mes bonnes notes et elle avec de mauvaises.

Son souffle régulier et chaud dans mon cou me procure une douce sensation de chaleur au milieu de l'obscurité. Pourtant je ne suis pas très tactile ni très bon pour réconforter quelqu'un. Personne ne pourrait savoir pour quelles raisons c'est moi qu'elle a décidé d'inviter mais je la laisse s'approcher de moi.

Peut-être qu'elle pourrait découvrir le vrai Ezel. Celui qui finalement n'est ambitieux que pour ses parents, qui se contenterait tout aussi bien d'aller dans une université "basique". Elle est devenue mon plus beau dilemme, ma plus grande prise de tête.

Mais peut-être qu'elle risquerait de blesser davantage ce Ezel là. D'ailleurs je risque très probablement de mourir en rentrant chez moi après avoir découché.

Surtout qu'à la base, je voulais me coucher tôt mais je n'allais pas la laisser dans cet état, je ne pouvais pas la laisser dans cet état.

Je soupire, seul dans mes réflexions malgré la présence de Lizéa sur mon épaule. Ce qui d'ailleurs, ne doit pas être très confortable.

- « Tu sais Lizéa ? Tu ne mérites pas d'être traitée comme ceci que ce soit par tes parents ou n'importe qui d'autre. » lâchai-je à voix haute en espérant qu'elle l'entende ou que la nuit taise mes secrets et les emporte avec elle.

Lizéa ne réagit pas davantage, évidemment étant donné qu'elle est profondément endormie. Je reprends pourtant, avide de me confier davantage à cette guerrière sans en avoir réellement le courage.

« Je suis désolé de ne pas avoir vu avant sous ton masque plus tôt. Désolé également d'avoir pensé que tu n'étais qu'une petite peste à la recherche de ragots... Même si soyons d'accord, tu joues parfaitement ton rôle pour les personnes peu attentives à ton égard. » chuchotai-je comme si elle pouvait m'entendre.

« Je dois le dire... J'étais à côté de toi quand tu es tombée en plein milieu de la cour. Instinctivement, je t'ai rattrapé pour te poser doucement au sol. Mon corps ayant réagi bien plus rapidement que mon cerveau pour une fois. » confiai-je, presque avec honte.

Je parle toujours doucement pourtant cela reste très largement audible tandis que je délivre mon cœur. Je parle à la nuit, à la Lune et aux étoiles.

« Tu aurais pu t'éclater la tête et loin de moi la prétention de t'avoir "sauvé". Je t'ai aidé et si c'était à refaire, je le referais. J'étais là pour l'argent et la mention du tutorat dans mon dossier scolaire mais finalement... » coupai-je au milieu de mon discours un poil émotionnel au beau milieu de la nuit.

L'ambiance calme et paisible m'aide volontiers à me confier. J'observe sa chambre ou du moins ce que je peux en distinguer avec l'obscurité régnante.

« Enfin bref, désolé de ne pas te l'avoir dit en face. Je ne suis pas quelqu'un de très courageux mais merci à toi aussi Lizéa. » repris-je en posant légèrement ma tête sur le haut de la sienne.

Ainsi, je ferme les yeux, je pose ma tête davantage sur la sienne, laissant tomber mes barrières mentales pendant un instant et m'endormant à ses côtés.

TUTEUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant