CHAPITRE 4 : Yggdrasil, en route vers Alfbreid 6/6

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Alerina

Dans un brouillard épais, Alerina revint à elle. Ses doigts empoignaient la gorge de Tim. Son geste la sidéra. Elle savait qu'ils avaient vécu tous deux la même vision. Le jeune homme possédait dans les yeux une terreur primaire. Les mains de la reine se relâchèrent doucement. Et tous deux reprirent pied avec la réalité.

Galindor et le maréchal Herr avaient dégainé, prêts à occire l'homme que leur reine étranglait. Fabiola s'était ruée sur Tim et essayait vainement de défaire les griffes qui enserraient le cou de son nouvel ami.

Seul Toth n'avait pas bougé. Il savait qu'il ne servait à rien de s'agiter tant que la reine et Tim n'étaient pas revenus de leur voyage chimérique.

Alerina tituba en arrière et regarda ses mains tremblantes qui quelques instants plutôt rêvaient d'en finir avec l'humain.

L'humain recula en se frottant le cou, si Fabiola n'était pas intervenue, il serait mort. Des mains de la reine, de celle du roi ou du maréchal. Il pensait trouver ici des alliés, lui permettant de revenir sur Terre. La reine avait-elle réellement voulu le tuer ? Il n'en était plus certain. Dans le regard de la souveraine, il y décela de l'apitoiement, elle semblait désolée.

Alerina dit faiblement :

— Je ne désirais pas... soucieuse, elle se stoppa puis ajouta, nous en avons fini pour ce soir. Vous pouvez rejoindre l'aile des invités. Personne ne quitte le château sans ma permission. Je ferai préparer une chambre pour Tim et Dame Fabiola. Jusqu'à nouvel ordre, disposez. Ce soir, nous avons un solstice à fêter.

Sa voix, bien que sèche, se voulait rassurante. Elle éluda les œillades inquiètes et interrogatrices d'un sourire triste. Elle ignora ses invités et se retira dans le petit salon caché derrière de grosses tentures. Elle échappait à leurs questions et s'octroyait le temps de réfléchir.

Galindor et Herr hoquetèrent de surprise en observant la reine les quitter ainsi. Tous avaient été témoins de sa violence et la voir redevenir aussi douce les alarmait. Tous connaissaient assez Alerina pour craindre le calme apparent de la souveraine. Galindor se fiait à son épouse, mais elle devait lui expliquer la mystérieuse scène entre elle et l'humain.

Le maréchal ferma la porte derrière lui, il escorta chaque invite à ses appartements.

Le roi des Alfes rejoignit sa moitié, il s'agenouilla face à elle. Elle lui caressa ses pommettes anguleuses et expira.

— Que s'est-il passé ? lui demanda Galindor.

— Des murmures du passé...

Le roi attrapa ses mains douces et y déposa ses lèvres chaudes.

—Dites-moi tout, soleil de ma vie.

Yggdrasil : La Bataille des ArchesWhere stories live. Discover now