CHAPITRE 5 : la Terre, Elle se nomme Grita 3/5

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Grita

— Que fait-elle ? Elle ne devrait pas tarder, dit une voix que connaissait bien Grita.

Le bureau d'Archibald White entrouvert, comme d'habitude, était le lieu d'où il concevait toutes ses missions et tous ses projets. Dans ce même bureau, Grita et lui avaient reçu l'information qu'une Arche s'était activée. Loin d'eux, à l'autre bout de la planète, sur l'archipel du Svalbard. Là où les Russes et le Grand Atlantique se battaient pour des petites graines, persuadés qu'avec, ils domineraient le monde. Quelle naïveté !

Selon la voix qui l'accompagnait depuis qu'elle avait ouvert les yeux sur ce monde, ils étaient deux près de l'Arche du Svalbard. Et le hasard faisait bien les choses puisque l'un d'entre eux n'était personne d'autre que Mac Peeplson. Des années que son patron le traquait, pour que ce bon à rien, ce voleur, termine dans une prison du grand atlantique. Après tout il était un recycleur, la vermine retourne à la vermine.

Le GA avait dépêché toute une armada d'enquêteurs et de mercenaires pour questionner et garder cet homme. Il devait être la clé du mystère qu'ils cherchaient tous. Archibald White se réconfortait toutefois, que ses ennemis n'avaient pas trouvé la raison de sa convoitise. Le Commanditeur s'était rendu sur le camp du Svalbard en personne pour négocier avec les plus grosses firmes agroalimentaires mondiales. Une aubaine pour eux. Grita avait rejoint la cohorte d'investisseurs venus rencontrer le Commanditeur sur l'île glacée.

Quoiqu'il en fût, l'androïde avait su se faufiler dans les brèches et revenait avec succès malgré le désordre qu'elle avait semé. Son patron la savait directe et violente. Elle n'avait pas pris de gants. Il s'en accommoderait.

— Je suis arrivée, s'annonça paisiblement Grita.

Elle passa le pas de la porte et Archibald White leva brusquement la tête vers elle, lui assénant un regard inquisiteur.

— Grita ! Tu as failli tout faire rater. Sais-tu le temps et les sacrifices que j'ai mis dans cette histoire ? Et toi, tu n'en fais qu'à ta tête.

— L'homme que tu désirais est là, déclara-t-elle simplement.

Il pinça les lèvres, contrarié.

— Ce vieux machin est toujours sur mon chemin.

— Tu auras ta vengeance. Pour l'incident au Svalbard, personne ne peut remonter à toi. J'y étais sous couvert. Et puis, tu ne peux pas me refuser un peu d'action ? Et si ma façon te déplait, t'avais qu'à y aller. Ah, non. C'est à moi qu'elle offert son pouvoir. Tu restes un vulgaire être humain.

— Insolente et arrogante. Exactement comme j'aime te haïr. Souviens-toi, grâce à qui tu es là ?

Il lui tourna le dos pour tapoter sur un clavier et lire sur un petit écran face à lui. Archi était avant tout un scientifique, un chercheur un peu fou, mais qui possédait une fortune démesurée et un appétit sur le monde équivalent. Grita connaissait sa valeur aux yeux de son véritable maître. Il était utile, et quand elles n'en auront plus besoin, Grita se fera un plaisir de l'éliminer.

— Tu n'as créé que mon corps. Rappelle-toi ! Tu n'es qu'un soldat dans une guerre qui te dépasse. Un petit soldat à qui l'on a donné la chance de prouver sa loyauté. Le colis attend. Donne tes ordres ?

Toujours sur son écran, il raidit les épaules, vexé.

— Elle t'a offert la vie et bien d'autres choses, mais je peux t'éteindre d'un simple claquement doigt, j'ai tout pouvoir sur tes batteries. Ce qu'elle t'a donné est le fruit du hasard. Le reste, c'est mon choix.

Le hasard n'existe pas, pensa Grita.

— Et que comptes-tu faire de lui ? l'interrogea-t-elle.

— Amenons-le devant l'arche pour l'interroger.

— Comment être sûrs qu'il nous donnera ce qu'on cherche ?

— Pour ça, je te fais confiance ma douce Grita, ironisa son patron.

Un chat pénétra dans le bureau ondulant jusqu'à Archi. Il miaula deux fois et l'homme lui flatta le dos avec deux grosses caresses. Il regarda son poignet, sa montre bipa.

— Je dois m'entretenir avec les actionnaires. Une histoire de crise au Svalbard remue la bourse. Je dois y aller, Grita. Je te dis à plus tard avec notre ami. Et, ne fais pas de mal à mon chat.

Archibald sortit, la laissant seule avec l'animal en manque de caresse. Ce dernier s'approcha d'elle, se colla à ses mollets. Il se frotta amoureusement et leva la tête en lui offrant le plus doux des regards.

— Ne lui fais pas de mal... pfff.

La femme robot l'envoya à l'autre bout de la salle dans un coup de pied sonore et un cri aigu du félin. Il détala aussitôt. Elle était toujours impressionnée par la robustesse de ces petits animaux.

Grita se posta face à l'écran de contrôle qui partageait le bureau en deux. En son centre, un pixel bleu clignotait, elle le fixa intensément.

Mon enfant, ma création. Grâce à toi, bientôt les mondes nous ouvriront leurs portes. Et rien ne pourra nous arrêter.

Yggdrasil : La Bataille des ArchesWhere stories live. Discover now