Chapitre 7 : Am I a hero? - 3/3 {Cyrielle}

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Elle assomma son réveil sans merci, le lendemain matin, mais ne réussit qu'à faire chavirer son verre de la table de chevet. Il s'écrasa au sol et ce fut la première chose sur laquelle Cyrielle posa les yeux, ce vendredi. Un cataclysme. Son cataclysme. Un demi-million de fragments pointus, mais flous, si flous, éparpillés un peu partout aux pieds de son lit, aux pieds de sa vie.

Le réveil continuait à pousser d'affreuses vocalises et elle lâcha juron sur juron avant de parvenir enfin à le museler. Puis elle contourna sa calamité tant bien que mal pour aller chercher balai et pelle dans la cuisine commune. Fut stoppée dans son élan par un bout de papier qui lui aussi gisait par terre, près de sa porte. Un mot signé de la main de Georgia lui indiquant qu'ils avaient rendez-vous le matin même pour une session de travail aux aurores. Session qui avait commencé une heure avant que son réveil ne s'agite.

Nouveau problème.

Nouveaux jurons.

Elle attrapa un gilet, enfila un pantalon par-dessus son pyjama, hurla lorsqu'un morceau de verre vint se loger dans la plante de son pied, réussit malgré tout chausser des baskets, courut jusqu'à la bibliothèque. Le jour se levait à peine, parant le ciel de teintes roses et orange. Deux corbeaux se disputaient quelque chose au sommet d'un arbre, seuls êtres vivants à portée de vue à une heure si matinale. Leurs cris survolaient le campus.

Quand Cyrielle rejoignit le groupe, ils étaient tous occupés à ranger leurs affaires.

« Tu es en retard, lui déclara Oliver MacPherson en l'apercevant.

— J'ai fait aussi vite que j'ai pu, dès que j'ai su. Il faut dire que vous ne m'avez pas vraiment mise dans la confidence.

— Tu l'aurais été de facto si tu étais restée un peu plus longtemps avec nous, hier, au lieu de t'enfuir comme une voleuse. Même le Schtroumpf maladroit était à l'heure alors qu'il a passé tout le temps de la session d'hier à vomir ses tripes dans les toilettes. »

Il désignait du menton l'un des élèves dont Cyrielle avait à peine retenu le visage. Georgia s'approcha de son amie une fois tous leurs collègues partis, un sourire désolé sur les lèvres.

« J'ai essayé de te prévenir. Tu n'as pas vu mon mot ?

— Si. Trop tard, ce matin. Pourquoi n'as-tu pas frappé à ma porte ?

— Mais qu'est-ce que tu crois, je l'ai fait ! J'ai tambouriné comme une forcenée. L'un de tes voisins est sorti de sa piaule pour me passer un savon. Et je crois bien que l'un des sous-préfets de la semaine a eu vent de cette dispute et qu'il va me coller une pénalité. Mais toi, impossible de te réveiller. Tu as le sommeil d'un mort. »

L'intéressée secoua la tête devant ce constat effarant – et faux, si faux – mais la remercia tout de même d'avoir essayé. Georgia lui promit de partager ses notes avec elle dès la fin des cours. Le moment venu, Cyrielle en parcourut chaque ligne une première fois, puis une seconde, avant de s'offusquer.

« Mais enfin qu'est-ce que c'est que ça ?

— Des infos, grappillées ici et là. Pour l'instant ce n'est pas grand-chose, c'est vrai, mais c'est normal, ce n'est que le début.

— Georgia, rien de tout ça ne concerne notre affaire.

— Oui, je sais. MacPherson a dit que le plus important c'est de maîtriser celles des autres. Sinon on ne saura pas comment les attaquer.

— Les atta... »

Les doigts de Cyrielle se crispèrent sur les feuilles et Georgia la pria de faire attention, de peur qu'elle ne les froisse.

CyrielleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant