Chapitre 30 : Final days on the planet - 1/2 {Bennett}

22 3 30
                                    

"Lying on the ground

Feeling like a dyin' man

No reality

Fading memories"

Bennett

Le cœur de Bennett bondit dans sa poitrine quand la voix de Danny se fit entendre. Il était venu. Ou l'avaient-ils traîné ici de force ? Non. Elle secoua la tête. Il était venu. Et il riait.

Il riait ?

Elle échangea un regard avec Joey, qui haussa les épaules, tout aussi confus qu'elle. Se pouvait-il malgré tout que ce cauchemar n'ait été qu'une mascarade gigantesque, et sordide, et cruelle, si cruelle, orchestrée par son oncle ? Bennett ne savait plus quoi en penser. Elle ne souhaitait plus penser. Voulait juste s'en aller.

La porte s'ouvrit sur Danny. Rarement Bennett l'avait-elle vu en si piteux état ; sa star de cinéma avait quitté le monde des faux-semblants. Laissé libre de ses mouvements, il affichait néanmoins des traits tirés, et son nez semblait cassé. Du sang avait coagulé sous sa narine gauche. Sa chemise blanche était maculée de minuscules tâches rouges. Une infinité de petites tâches rouge.

« Oh, les jolies araignées, s'écria-t-il en pénétrant dans la pièce comme si c'était ce qu'elle contenait de plus surprenant, comme s'il y avait des raisons de s'attendrir, devant ces abominables créatures de l'enfer. Elles sont mignonnes comme tout. Et puis, ça change des poissons rouges, pas vrai ? »

Monsieur Bobby était sur ses talons. Il plaça un bras sur les épaules de Danny et Bennett vit son oncle se mordre l'intérieur de la joue dans un geste de dégoût presque imperceptible. Il posa enfin ses yeux sur sa nièce, et ces derniers s'étaient voilés d'un sentiment qu'elle ne lui connaissait pas. L'inquiétude.

« Allons, Bobby, laisse partir les gosses. On sait tous les deux à quel point c'est une épreuve, de grandir dans ce monde de dingues, et à quel point il est un fardeau de collectionner les traumatismes. »

Bobby haussa les épaules en s'écartant de son ancien partenaire.

« Celle-ci a déjà fini de grandir », annonça-t-il en montrant Bennett du doigt, avant de cracher comme une insulte : « Son âme est vieille. »

Ce dernier mot sembla lui piquer la langue. Pourtant l'intéressée ne se sentait plus si maligne. Elle nageait dans cet uniforme flottant, cet uniforme si large qui ce matin encore lui paraissait trop étroit. Ne rêvait plus que d'une chose : revoir son père. S'excuser. Lui dire combien elle regrettait, combien elle avait eu tort. Les larmes menaçaient de la submerger et elle aurait presque voulu qu'elles sortent, qu'elles sortent enfin ; qu'elles inondent la pièce entière.

Joey souffla doucement en sa direction et ainsi fit voler quelques mèches de ses cheveux, lui rappelant qu'il était là.

Combien la fin du monde eut paru plus terrible encore.

« Bobby, insista Danny, s'il te plaît laisse-les partir. C'est avec moi que vous avez un problème, pas avec eux.

— Ces sales morveux m'ont cambriolé. C'est ça, joue l'étonné. Je suis censé croire que c'est à l'école, qu'ils ont appris à crocheter les serrures ? Prends-moi pour un con. Ils restent là jusqu'à ce que je décide du contraire. Et toi aussi. Je te conseille pas de tenter le diable. »

Il les abandonna un instant, la porte grande ouverte, un molosse en costume au bout du long couloir. Danny s'agenouilla près de sa nièce et leur demanda s'ils allaient bien. Bennett eut à peine la force d'acquiescer.

CyrielleWhere stories live. Discover now