Chapitre 53

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Je n'avais pas bougé de ce foutu canapé depuis que Diego est parti avant hier. Il m'a forcé à manger et m'a jeté sous la douche avant de finalement devoir retourner travailler.

J'en avais profité pour fouiller dans ma chambre à la recherche de la chemise d'Alvaro que j'avais caché pour ne pas qu'ils l'emmènent. 

Je me retrouvais donc encore en boule sur le canapé, humant la chemise de l'homme de ma vie tout en jouant avec la montre qu'il a désactivé de toute manière.

Je ne sais pas si c'était mon corps qui m'en empêche ou juste que je n'en avais plus en moi mais aucun son ne s'échappait de ma gorge, seules des larmes silencieuses dévalaient mes joues sans que je ne tente de les retenir ou de les essuyer.

La lumière de la télévision que j'avais allumé en espérant voir Alvaro éclaire un peu cette pièce qui devient de plus en plus sombre à chaque jour qui passe. 

Mes pleurs incessants combinés au bruit de la télé que je n'ai pas éteint depuis des jours m'a crée un mal de tête insupportable et malgré mon envie de crever, je finis par me décider à sortir.

Décoiffé, les yeux gonflés et en pyjama, je traverse les couloirs vides depuis qu'Alvaro a décidé que ma sécurité n'était plus importante, je ne sais même pas combien de temps il va me laisser rester dans cet appartement. 

Peut-être qu'il attend que je parte de moi-même, ça ne serait pas plus mal finalement, au moins je serais occupé à autre chose et j'arrêterai de l'imaginer assis sur le canapé à côté de moi. 

Je retournerai dans ma misérable vie d'avant et me contenterai d'attendre que quelqu'un vienne à moi, ça serait cool si ça pouvait être la faucheuse. 

Après tout, au vue du futur douloureux qui m'attend, je préfère en finir vite. 

Je sors de l'immeuble en ne prêtant pas attention aux millionnaires qui se demandent sûrement ce qu'un gars comme moi fait ici. 

En me voyant, ils doivent sûrement me prendre pour une sorte de drogué ou bien d'alcoolique mais même ça ne saurait pas me faire oublier mon mal être et encore moins Alvaro. 

Je traverse Balia, ce quartier de riches qui ne ressemble pas à celui que je croyais connaître. J'étais habitué aux gardes du corps et aux balades en voiture qui se finissaient par Alvaro qui m'ouvrait la portière en me donnant son bras. 

Je voyais la vie en rose et toute la ville semblait scintiller mais en réalité, cet endroit n'est qu'une vitrine où les riches exhibent leurs fortunes et pour ma part, je n'ai plus rien à offrir.

Je m'arrête à une pharmacie en demandant des cachets pour des migraines insistantes en espérant qu'ils me donnent le comprimé le plus fort. 

J'écoute à moitié les conseils de la pharmacienne et me contente de sortir de quoi payer, au pire je prendrais n'importe quelle dose et si je crève ça sera dans un bel appartement... 

Je balance cette boîte déprimante dans leur sachet et sors de la pharmacie avec autant d'énergie qu'à l'aller, mes pieds raclant le sol et mes jambes se battant pour me garder debout.

Je peine à garder les yeux ouverts, ils sont rouges, gonflés et incroyablement lourds depuis quelques temps.  

Après tout, je ne sais pas combien de temps s'est écoulé depuis la dernière fois que j'ai fermé les yeux, dès que j'essaye de m'endormir, je me réveille en sursaut après avoir revu le dernier regard d'Alvaro. 

Je sens les regards des personnes que je croisais toujours en rentrant avec Alvaro mais ne détournes pas la tête, ils savent sûrement qu'Alvaro s'est débarrassé de moi ou sinon il suffit de me voir pour le comprendre. 

Lui, l'exception de ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant