CASTELLI

12 | Tu me remercieras plus tard

Plus j'avançai, plus ma vision se faisait de plus en plus nette. Arrivée à une certaine hauteur, je discernai que ce n'était autre que mon frère et Mickaël qui m'attendaient, les bras croisés. De là où je me trouvais, je pouvais sentir l'ambiance qui se faisait de plus en plus tendue.

— T'as passé une bonne soirée, j'espère ?

Le ton que Zavier avait pris était sarcastique. Ses traits quant à eux, s'étaient crispés et ses sourcils, froncés. Tant qu'à moi, une seule question traversa mes pensées :

— Qu'est-ce que vous faites-là ? m'étonnai-je.

— À ton avis ? continua mon frère. Non mais t'as vu l'heure qu'il est, Zoey ? Où t'étais passée ?

— Je vous l'ai déjà dit... surtout à toi.

Je me tournai vers Mickaël, qui me dévisageait de la tête aux pieds, cigarette à la main. Son attitude était détachée et nonchalante, contrairement à d'habitude. Il était évident que ce qu'il avait dû lui dire n'avait en rien arrangé les choses. Dans un commun accord, ils décidèrent de rester muets quant à ma question. D'une grande importance, étant donné que nous n'étions pas de cette ville.

— Ne compte surtout pas sur lui pour qu'il prenne ta défense.

— Mais pas du tout, je... tu n'as pas reçu le mot que j'avais laissé sur le comptoir de la cuisine ?

Ma réponse eut l'air de l'énerver plus qu'il ne l'était déjà. Or, c'était tout ce que je ne souhaitais pas, sur le moment.

— T'aurais quand même pu trouver le temps de m'en parler, histoire que je ne me fasse pas un sang d'encre pour rien.

Je tiquai.

— Tu es souvent absent, repris-je, alors...

— C'est ça, tu sors sans prévenir et tu me fais des reproches en plus ? Putain, je rêve, m'interrompit-il en soupirant bruyamment. J'sais pas ce qu'il t'arrive Zoey, mais tu vas vite changer cette attitude, je te le garantis.

— J't'avais dis qu'elle écoute rien, intervint Mickaël en levant les yeux au ciel tout recrachant la fumée dans ma direction.

Je toussai.

— Est-ce que vous avez bu ? demandai-je.

— Ouais, et alors ? s'agaça Zavier. Ne change pas de sujet. Tu sais quoi, va dans la voiture. On en reparlera de tout ça demain.

J'allais répliquer, sauf qu'il me lança un regard qui ne laissait plus place à la discussion.

Par obligation, j'obéis et m'installai à l'intérieur.

Je n'aurais jamais pensé que cette soirée, qui avait pourtant bien commencé, se terminerait de la sorte. Ma dernière sortie remontait à très longtemps, et même si je n'avais pas été vraiment partante pour ce soir, j'avais aimé faire du shopping et passer du temps avec Maddy, en dehors du café. Ça m'avait au moins permis de m'évader un peu l'esprit et de me faire oublier tous mes soucis, le temps d'un instant.

*

**

Six jours.

Six jours pendant lesquels les meilleurs amis de Zavier restaient à la maison quand lui, ne pouvait pas. Tout ça avait débuté dès mon unique unique et dernière sortie avec Maddy. Ils faisaient tous comme si de rien n'était, mais je savais que c'était une manière pour mon frère de garder un œil sur moi.