CASTELLI

15 | Empêtrée dans mes mensonges

🎵 Lorde — Team 

L'ambiance était particulièrement spéciale lors du trajet. Parfois silencieuse, parfois animée de discussions banales. Hormis la fois, quand Leo a reçu un appel de Maddy. Une discussion toutefois normale elle aussi, qui me permit de voir à quel point il était impossible pour elle de le lâcher. Elle, qui n'était jamais anxieuse, à part quand il s'agissait de son petit ami. 

C'est dans ce genre de moment que je me demandais si moi aussi, je pourrais faire partie de ces personnes qui pourraient réellement connaître ce bonheur, un jour. 

Will, lui, avait l'air perdu dans ses pensées. Il avait l'air assez préoccupé, ce qui me rendait curieuse. C'était d'ailleurs, l'un de mes plus gros défauts, sur lequel j'essayai de travailler. Je devais avouer cependant, que ce soir, j'essaierai de ne pas me prendre la tête avec tout ça. Même si je détestais ne pas savoir, parfois peut-être était-ce mieux de rester dans l'ignorance, ne serait-ce que pour la tranquillité d'esprit.

Ce dont j'avais besoin, maintenant. 

Après tout, nous avions chacun des problèmes à régler, plus ou moins importants. Dans mon cas, j'avais réussi à me débarrasser d'un gros poids, qu'un autre le remplaçait illico. Je me remémorai une dernière fois la chance inéluctable que j'avais eue pour tomber sur ces motards qui avaient assisté à la scène. Ils étaient au bon endroit, au bon moment, dans mon cas. Sans compter sur l'arrivée de Leo et Will. 

Sans eux, je...

Je secouai doucement la tête, n'ayant pas la moindre envie d'imaginer ce qui se serait produit. Je ne remarquai que maintenant que je faisais bouger mon pied et arrêtai ce geste purement nerveux. Des vibrations qui provenaient de mon sac, me ramena à l'instant présent. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que mon portable fonctionnait encore dans l'état dans lequel il se trouvait. Quoique mon instinct me disait qu'il n'allait pas faire long feu. 

Surprise, je réalisai que maintenant qui essayait de me joindre.

— Zavier ? m'étonnai-je.

— Pourquoi tu m'as appelé ?

À entendre les bruits de fond sonore derrière, il devait sûrement être à une soirée. Et par l'intonation de sa voix, je devinais que j'avais réussi à l'énerver.

— J'espérais que tu pourrais venir me chercher, je suis partie la voir, et...

— C'est pour ça que tu m'as appelé ?

Non, parce que j'avais peur. J'étais effrayée, toute seule, essayant de fuir ces deux hommes qui en avaient après moi. C'est pour ça, que je t'ai appelé. Tu aurais pu le savoir, si tu avais répondu.

— Oui ? fis-je finalement.

Il soupira bruyamment.

— Je pensais que c'était plus important. Bordel ! T'es assez grande, t'as qu'à prendre le bus pour ce soir.

Plus je lui parlais, plus sa voix devenait forte. On aurait dit qu'il avait bu, ce qui ne lui ressemblait pas. 

Pas à ce point-là, en tout cas. 

Mickaël devait sûrement se trouver là-bas avec lui, ils étaient pratiquement inséparables. 

— Désolée de t'avoir dérangé, murmurai-je, le cœur serré.

Il raccrocha sans rien ajouter, et je fixai quelques secondes, l'écran qui était devenu noir.

— Tout va bien ?