18 | Croyez-vous au destin ?

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🎵 Erika Lundmoen — Yad (instrumental)


Il était 16h lorsque je faisais face à ce grand établissement. Ce lieu, équivalent à une deuxième maison pour moi, tant je venais régulièrement en connaissant pratiquement chaque recoin. Cette odeur que je détestais amplifiait au fur et à mesure que je parcourais l'hôpital, que je longeais les couloirs.

Je m'arrêtai devant l'ascenseur et pressai l'un des boutons. Il ne fallut que quelques secondes, pour qu'il s'ouvre enfin. Il m'emmena à l'étage où je trouvai aisément la chambre 306. Face à la porte, j'actionnai la poignée, entrai à l'intérieur et pris place sur l'une des chaises.

— Coucou maman, c'est moi, Zoey. Nous sommes vendredi après-midi, et ce soir, je m'apprête à sortir. Je n'étais pas sûre de pouvoir après, donc j'ai préféré venir te voir maintenant.

Je passai doucement une main dans ses cheveux, puis regardai la table à ses côtés, totalement vide.

— Je vois que Zavier a oublié de t'apporter tes fleurs préférées pour remplacer celles qui se sont fanées. Ne t'inquiète pas, je t'en ramènerai dès que je pourrais. Pour tout te dire, si je sors ce soir, c'est parce que Maddy pense que c'est mon anniversaire, or elle s'est trompée d'un mois en avance... Elle m'a acheté un ticket pour aller voir une galerie d'art, celle de Van Gogh. J'hésite encore à y aller, tu sais pourquoi.

Les larmes aux yeux, je luttai pour ne pas pleurer.

— Sauf qu'elle ne sera pas présente. Il y a de fortes chances pour que je me retrouve seule, personne ne souhaite venir. Elle n'a pas fait les choses à moitié, elle m'a également acheté ma tenue, avec accessoires, chaussures... C'est beaucoup trop mais elle n'en fait qu'à sa tête. Toi qui disais sans cesse que je suis têtue, si tu la rencontrais, tu verrais de quoi je parle, souris-je.

Je me relevai et observai le paysage qui se trouvait juste derrière moi.

— Je vais y aller maman, je reviens bientôt, dis-je, la gorge nouée. Je t'aime.

Après un dernier regard dans sa direction, je sortis de la chambre avec beaucoup de difficulté.

La laisser ainsi, toute seule...

Je secouai la tête pour ne plus y penser. 

Pour ne pas craquer. 

Chaque fois, c'était pareil : une partie de mon cœur restait là-bas avec ma mère, tandis que l'autre se forçait à continuer d'avancer, pour elle surtout.



Je venais de finir mon maquillage habituel, que je me résolus finalement à inspecter ce qu'il y avait dans les sacs que Maddy m'avait donnés. Écarquillant les yeux, je n'en revenais toujours pas. Délicatement, je posai la petite robe noire courte et évasée, qui comportait des motifs de fleurs en maille ajourée, pour le bustier. Puis, il y avait comme un effet plissé afin de souligner la taille.

La robe était juste magnifique.

Peut-être trop, pour que je me permette de la porter...

À ses côtés, une pochette à chaîne de couleur latte, amenait une touche d'éclat à la tenue. À l'intérieur, une barrette avec une forme de nœud noir, que j'adorais dès que je l'eus vue. Et c'est en dénouant les nœuds des deux derniers sacs que je compris qu'elles partageaient une chose en commun : les boucles d'oreilles argentées étaient en forme de papillon, et les chaussures - des sandales à talons hauts à bouts carrés -, avaient des petits papillons sertis de cristaux disposés un peu partout sur les lacets qui entouraient les chevilles.

CASTELLIWhere stories live. Discover now