14 | Il ne viendra pas

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🎵 Emma Louise — Jungle


Terrifiée, je voulais désespérément hurler.

Toutefois, l'évidence elle-même me fit trembler comme une feuille. Nous étions sur une rue déserte et je n'étais plus qu'effrayée encore de me rendre compte qu'il n'y avait personne aux alentours.

Personne n'est là pour t'aider...

Je déglutis longuement. Sans perdre une seconde de plus, je piquai un sprint dans une autre rue ; m'empêchant par la même occasion de me demander sur quoi ou qui j'allais devoir tomber de l'autre côté, ignorant où je me dirigeai actuellement.

... tu es toute seule.

Seule une chose comptait réellement à présent : la fuite. Au bout de la rue, je vis qu'elle se débouchait sur une sorte de parking, alors j'appelai une deuxième fois mon frère. Par miracle, je ne tombais pas sur son répondeur.

— Zavier, je suis à Columbus, près de l'hôpital, dans la rue 406 Oak. Deux hommes me poursuivent, s'il te plaît, viens vite !

Un cri de surprise franchit mes lèvres dès lors où l'un des individus venait de me rattraper. Sans ménagement, il m'avait plaquée au sol. Heureusement pour moi, mes bras touchèrent le bitume en premier, protégeant ainsi ma tête du choc. Nul doute que j'aurais eu mal suite à l'impact si ça n'avait pas été le cas. Néanmoins, la chute fut loin d'être agréable : je grimaçai suite aux douleurs qui provenaient de mes poignets.

Mon téléphone, lui, avait atterri plus loin avec mon sac. Trop loin, pour que j'envisage de les récupérer.

À peine remise de ces émotions, que j'eus un hoquet de surprise lorsqu'il me retourna brutalement, pour qu'il puisse voir mon visage. Il immobilisa ensuite mes bras, de sorte à ce que je ne puisse plus rien faire pour m'en sortir, et se lécha les lèvres en parcourant mon corps dans les moindres recoins.

Pas ça... je vous en supplie...

À ma droite, je vis son allié se rapprocher lentement comme si la situation l'amusait, qu'il profitait de ce moment, au vu du sourire carnassier qu'il arborait.

La dure réalité, elle, me noua la gorge.

Grand frère, s'il te plaît, j'ai besoin de toi...

— T'en fait pas ma jolie, tu vas voir, tu vas adorer.

J'avalais difficilement ma salive. Mes battements de mon cœur, suivirent des tremblements, s'intensifièrent de manière incontrôlable. En dernier, vinrent les larmes qui commencèrent à m'obstruer la vue.

C'est trop tard...

Ces mots se répétaient comme une boucle dans ma tête, de plus en plus forts.

Il ne viendra pas...

Et, constatant avec effroi que j'étais bel et bien seule, je tentai le tout pour le tout : je balançai de toutes mes forces mon pied dans son entre-jambe. L'étreinte se relâcha, pas assez cependant pour que je puisse me dégager. Je réitérai donc mon geste une seconde fois. Il jura, tandis que je me débattis encore et encore, refusant d'abandonner, et ce, malgré le regard assassin qu'il me lança.

Il n'est pas là...

Sa main se rapprocha de mon visage et la gifle qu'il me donna fit pivoter ma tête sur le côté. Il n'était pas allé de main morte, puisque je fus sonnée l'espace de quelques secondes.

— Tu vas arrêter de te débattre, oui ! fulmina-t-il en mettant sa main sur ma gorge.

N'en restant pas là, je la mordis fortement. Il la retira, cria, et je saisis l'occasion pour lui donner un dernier coup au même endroit de tout à l'heure, ce qui l'obligea à me lâcher complètement. Ni une ni deux, je me levai avec difficulté. Je ne pus aller bien loin, que sa main saisit fermement ma cheville en la tirant en arrière. Je tombai en réussissant à me réceptionner de justesse avec mes mains. Il s'évertua à me ramener vers lui et je hurlai, les joues mouillées de par les larmes qui ruisselaient sur celles-ci, car j'avais l'horrible sensation de tout faire pour m'en sortir, ou fuir, qui se réduisait à néant.

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