CASTELLI

13 | Tu n'as pas le choix

🎵 Emma Louise — Jungle

La première chose que j'ai ressenti, était quelque chose d'humide sur mon front. Par la suite, je sentis l'agitation autour de moi, et des bribes de conversations s'élevaient peu à peu. 

— Qu'est-ce...

— Elle va...

J'étais nullement capable de comprendre tout ce qu'ils disaient. C'est pourquoi, je me concentrai au maximum pour pouvoir en être capable, à défaut que ma vision peinait à redevenir normale. Le nuage noir était toujours présent, persistant à me garder enfermée dans cette obscurité, dont je voulais fuir depuis quelques minutes déjà. Minutes, qui me paraissaient être une éternité. Comme si ce n'était pas assez, j'essayais de parler, en vain.

— Zoey, tu m'entends ? Si c'est le cas, serre ma main.

Je reconnus immédiatement cette voix masculine, qui n'était autre que celle de Will. Ce n'est que lorsqu'il eut terminé sa phrase, que je me rendis compte qu'il était celui qui me tenait depuis je ne sais combien de temps. Sans perdre une minute de plus, je fis ce qu'il me dit. Je sentis son souffle près de mon visage et de nouveau cette sensation d'humidité sur mon front. Je luttai encore contre ce voile épais, qui se dissipait peu à peu - pas assez vite à mon goût -, lorsqu'une voix cristalline s'éleva :

— Est-ce qu'elle va bien ?

Il s'agissait de Maddy, qui venait de prendre place à mes côtés, on dirait. Sentant les différentes odeurs qui s'émanaient, je constatai avec soulagement que nous étions toujours au café.

Heureusement.

Je poussai un petit soupir de soulagement. Toujours concentrée, je n'abandonnais pas et réussit à chasser la noirceur pour laisser place à la lumière. Le voile blanc disparut à son tour. Et enfin, j'étais amenée à discerner les silhouettes autour de moi, qui se firent de plus en plus nettes à mesure que les secondes défilaient. Je fermai fermement un court instant les paupières avant de les rouvrir.

— Je vais bien, déclarai-je en plongeant mes iris dans celles de Will, qui était face à moi.

Les regardant tour à tour, je fus décontenancée en découvrant cette inquiétude qui brillait dans leurs prunelles.

— Franchement, tu m'as fait une de ces peurs ! s'exclama-t-elle, en agitant ses mains. Mais attends... tu es sûre que ça va ? Réellement ?

Je hochai simplement la tête. Maddy, elle, affichait encore une expression étonnée et confuse.

— Cette chaleur est vraiment épouvantable, s'agaça-t-elle. Bon, tu veux que j'aille te chercher une autre serviette pour te rafraîchir ? Ou bien...

J'allai répliquer, qu'elle n'attendit même pas que je réponde pour se précipiter je ne sais où. Baissant la tête, je vis que Will me tenait la main. Remarquant cela à son tour, il la retira assez vivement, tout en ne me quittant pas des yeux. En fait, il n'avait pas du tout arrêté de me fixer.

S'attendait-il à ce que ça se reproduise ?

Je me raclai la gorge, prenant soin d'éviter de plonger mon regard dans le sien. Ensuite, je me levai. Il m'imita en analysant mes moindres faits et gestes, sûrement pour voir s'il devait me rattraper, ou pas.

— Je vais bien, vraiment. Comme l'a dit Maddy, j'ai eu subitement chaud et je n'ai pas trop mangé, aujourd'hui.

Il me fixa longuement.