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MAY

C'est tellement étrange que l'adresse indiquée soit ici.

Je me tiens là, debout devant l'immeuble de mon père. J'entre avec la boule dans le ventre. En dehors du contexte avec le corbeau, j'ai toujours de la haine envers mon père. Et je sais pertinemment qu'il n'est pas plus inquiet que ça concernant mon état.

La dernière fois que je lui ai adressé la parole, c'était pour lui demander de m'envoyer un avocat.

J'entre dans le triste bâtiment gris jonché de miroirs. Jonas me salue alors, il est vraiment très gentil ce concierge. Je jette un bref coup d'œil à son bureau, il y a un ordinateur mais je ne pense sincèrement pas que ce soit lui.

J'arrive enfin à la porte et sors ma clé. J'indique ma présence en criant quand je rentre mais aucune réponse. Il est 17h, Charlie est sûrement encore au lycée et mon père au travail.

Je me promène dans l'appartement et les larmes me viennent. J'ai perdu mon foyer, je ne ressens plus d'amour ici. Et Charlie me manque.

Je décide d'aller visiter la chambre de mon père.

Les photos sont nombreuses à mon grand étonnement. Il y a des photos de moi, enfant, dans la neige. C'était à Manhattan en 2008, je souris naïvement sans m'en rendre compte. Maman est aussi sur ces photos, je pense que Papa l'aimait toujours malgré tout. Le fait qu'il n'ait pas de compagne le témoignage.

J'entre dans son bureau, il y a beaucoup de paperasse partout, des dossiers, des chemises remplies.

Je décide de tirer un classeur au hasard. Tiens, un rachat d'appartement en 2015, pas très intéressant.
Je tourne quelques minutes avant de vite m'ennuyer. Mais quelque chose sur son bureau retient mon regard, j'aperçois le logo de la police de Phœnix.

Ma ville ?

Étonnée, je sors le papier de son enveloppe en kraft.
Je lis alors son contenu.

Mon cœur se serre brusquement.
C'est un rapport d'autopsie accompagné d'un rapport concernant la voiture accidentée.

Mes yeux se portent alors sur la conclusion de l'autopsie.

"La victime Mme. Charsley ne montre aucun signe de décès par accident de voiture, les plaies dans son cou et la présence de somnifères dans son sang indique un meurtre volontaire et une mise en scène ou un suicide"

Mes yeux deviennent alors flou, je n'arrive plus à respirer ni même à avaler ma salive. Le papier tombe de mes mains pendant que je tremble.

- Je voulais t'en parler.

Une voix masculine me coupe alors. Mon père se tient devant la porte, l'air grave.

- Non non, tu ne voulais pas, je le sais. Ajouté-je d'une voix suffoquée.

- May, c'est un fait grave, tu n'avais pas besoin de ça. Surtout quand je gère la situation.

- Gérer quoi ? Quelqu'un a tuée ma mère et est en liberté putain, tu n'es même pas inquiet pour moi et Charlie ? C'est clairement prémédité-

Mon père se rapproche et essaie d'attraper mes mains.

- May, s'il te plait, calme toi.

- Non, je ne me calme pas, ne me touche pas. Hurlé-je en pleurant.

- Je fais tout pour retrouver le coupable je te le jure.

J'envoie valser la main de mon père en reculant. Je suis tellement en colère que je plante mes ongles dans le bois de son bureau.

The Crow's ParadeWhere stories live. Discover now