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MAY

J'ai la tête qui tourne, mais j'arrive à garder mes esprits. J'ai juste envie d'un peu de calme, étonnant lorsqu'on sait que j'ai peur du silence et que le bruit me permet de camoufler mes pensées incessantes.

Et pourtant là, maintenant, j'ai besoin de calme. Serait-ce un signe de guérison ?

- Je vais souffler un peu. Indiqué-je aux autres.

- Tu as besoin que je t'accompagne ? Demande Louis.

- Non, non, pas besoin, merci.

Je constate que James n'ose même plus me regarder, j'ai l'impression qu'il est agacé par mon attitude. Même moi, je ne me reconnais pas, je pensais simplement discuter avec lui des lettres mais je me retrouve à encore une fois me mettre en danger, c'est toujours comme ça. Je suis attachée aux addictions comme un oiseau qui ne serait comfortable qu'à l'intérieur de sa cage.

Mais ce regard noir de James n'est plus empli de mépris, au contraire, il est presque transpirant d'inquiétude et d'angoisse.

Je décide de les laisser pour rejoindre le petit escalier derrière la salle principale. Ce que j'aime dans cette ville, c'est la quantité innombrable de rooftops. J'escalade les marches, pensant trouver des gens qui s'embrassent ou qui fument mais non, je suis toute seule.

Je m'assois en tailleur au milieu des débris et bouteilles vides. Ce n'est pas complètement le silence, j'entends encore la musique étouffée par les murs et les klaxons new-yorkais.

Je me fais une petite place dans un endroit à peu près propre. Je décide de m'allonger et de fermer les yeux quelques instants.

Mais le bruit des semelles contre le gravier m'empêche de me laisser aller.

- Tu ne vas pas sauter, hein ?

Je me relève alors doucement, puis je tourne la tête, James se tient debout derrière moi, les mains dans les poches.

- Va te faire voir, James.

Ce dernier ricane avant de s'assoir à côté de moi, en tailleur. Il ne dit rien et joue avec la poussière et les feuilles qui traînent au sol.

- Tu ne voulais pas rester à l'intérieur ?
Demande-t-il, timidement.

- Je ne vois pas en quoi ça te regarde.

Je ne peux pas m'empêcher de rembarrer James malgré ses mots gentils et dénués d'intérêt.
Je me protège, et je n'arrive pas à briser cette carapace autour de moi.

- Tu vois ce point blanc ? Dans le ciel ?

- James, il y a beaucoup d'étoiles dans le ciel, tu ne m'apprends rien.

- Tais-toi, ce que j'essaie de te dire, c'est que celle-ci est spéciale, c'est Jupiter.

- C'est vrai ? Je croyais que Jupiter n'était visible qu'en été.

- Jusqu'à fin septembre. Attends, comment tu sais ça ?

Je rigole légèrement, James semble sincèrement intéressé, et me regarde.

- Ma mère était passionnée d'Astronomie,
elle avait un tas de bouquins et puis elle m'a appris beaucoup de choses, il y a moins de pollution lumineuse à Phoenix, on peut plus facilement voir les étoiles. Expliqué-je en m'allongeant à nouveau.

- Mh, je vois.

- La vraie question c'est comment TU sais ça ?

- Un vrai journaliste se doit de survoler tous les sujets, l'espace en fait parti.

The Crow's ParadeDove le storie prendono vita. Scoprilo ora