01. Réseau X

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- Précieuse...précieuse...précieuse, murmurent-elles en chœur. Leurs voix résonnent dans mes oreilles, telle une mélodie au rythme doux et hypnotisant à la fois.

Pourtant...les rues sont désertes, plongées dans une atmosphère mélancolique.

Elles me chuchotent ce mot d'une note parfaitement synchronisée. Et pourtant...cet endroit est dépourvu d'humanité.

Elles s'imprègnent de mon corps, avec un simple bruissement, jusqu'à me consumer complètement.

Mais au bout de quelques minutes, leurs voix se dissipent, pour laisser place à ce bruit oppressant.

Leurs hurlements.

J'entends leurs mots, leurs rires qui retentissent dans l'habitacle. J'ai beau presser mes paumes sur mes oreilles, le son est toujours là.

Le chahut qui provient de cette pièce.

Je tente d'ouvrir la porte, mais en vain, elle est fermée à clef.

Au bout d'un moment, je finis par croire que c'est sans doute mon imagination qui me joue des tours. J'ai l'impression d'entendre des éclats de rire, mais il n'en est rien.

Peut-être que tout ceci est dans ma tête...Ou peut-être pas.

Leurs voix, qui paraissaient lointaines il y a quelques secondes, deviennent plus nettes. Les cris déchirants d'une femme, qui gémit de douleur.

- Arrêtez de crier... s'il vous plaît. Je... n'arrive pas à dormir à cause du bruit, marmonné-je, tentant de déchiffrer ses paroles entre ses hurlements stridents. Il faut que je dorme. C'est important.

Je la laisse à son sort et rebrousse chemin, vers cette allée terrifiante qui s'offre à moi, très peu éclairée par ce lampadaire, qui ne demande qu'à s'éteindre à force de clignoter.

Plus je m'éloigne et plus leurs voix s'étouffent au loin.


Je me réveille en sursaut et hoquet de surprise lorsque ma peau se fige par la froideur du contenu qui vient submerger l'intégralité de mon corps.

La lumière qui me frappe en plein visage, dissimule la silhouette qui se trouve en face de moi.

- Debout, paresseuse, on s'en va, hurle l'homme qui est sans aucun doute, la raison de tout ce boucan.

Je reste nonchalante face à son geste, chamboulée par ce réveil mouvementé et traumatisée par ce cauchemar éprouvant.

J'appelle tout de même mon corps à se lever de ce matelas qui me sert de lit pour lui faire face.

Une fois debout et à moitié réveillé, je remarque la mine ahurie de toutes celles qui ont subi le même sort que moi. Des visages crispés par la frayeur.

Causer par une seule et même personne. Jeff.

- Prenez vos affaires, on décampe, s'exclame-t-il bruyamment. On se bouge le cul mes jolies.

Il ne se gêne pas pour joindre le geste à la parole en frappant de sa maigre main, les fesses de l'une d'elles, la faisant sursauter sur place. La pauvre.

Sans attendre, je fourre toutes mes affaires, qui ne se résument qu'à trois pulls et à deux pantalons, dans ce vieux chiffon, posé négligemment sur le sol.

DARKSIDEWhere stories live. Discover now