09. Et s'il n'était pas...mort

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J'observe avec une indifférence apparente cet animal perché sur les parois dorées de sa cage, dévorant presque sauvagement ce sandwich, dont les saveurs se mêlent pour la première fois dans ma bouche.

Un soulagement indescriptible et ravageur qui m'envahît à chaque bouchée.

Rosaline est repartie à ses occupations, après m'avoir déposé ce plateau de nourriture, qui ne pouvait pas plus mal tomber.

Je repense à notre petite discussion et à ses paroles rassurantes.

Nous sommes resté parler un moment et j'ai finalement compris ce à quoi faisait référence « la première tournée » dont parlait Spencer, avant de partir.

Contrairement à elle et Josh - plus connue sous le nom de tête de citrouille - les trois jeunes femmes ne sont que de simples serveuses qui travaillent dans cet établissement clandestin.

Tandis qu'eux, sont des employés externes, chargés à la gestion des stocks et des livraisons de marchandises étrangères, pour le compte de ce fameux Carl, qui est aussi le propriétaire de cet endroit.

Elle n'est pas vraiment rentrée dans les détails, mais elle a laissé entendre que, si je le voulais, je pourrais moi aussi travailler au même poste que les autres, puisque que je n'avais pas d'autres endroits où aller.

Et par le plus grands des hasard, ils cherchaient justement à recruter une nouvelle serveuse, étant donné que la précédente avait démissionné subitement.

C'est sans doute pour cette raison qu'ils m'ont pris avec eux.

Donc...bienvenue dans un autre business illégal.

J'ai vraiment de la chance.

Désormais seule.

Emportée par ce moment de tranquillité, mes yeux se bloquent sur ce sol carrelé, beige, captivé à la fois par ces faibles vibrations sonores et l'idée d'être en train de déguster ce délice comme si tout était parfaitement normal.

Mes pensées se rattachent à ses dessins imaginaires qui saisissent mon esprit. J'ai l'impression de voir les traits d'un visage dénaturé, et qui embrasse ce qui semble être la naissance d'un crâne chauve.

Après un long moment à rêvasser, mes paupières se ferment et s'ouvrent à plusieurs reprises, pour effacer ce schéma qui dérive sur une image troublante et baroque.

Pour finalement ressusciter mon âme, du déni dans laquelle je l'ai plongée pour mieux, accepter la réalité.

Même si je trouve que vivre dans le déni.

Ce n'est pas si mal.

J'arpente cette pièce, depuis le canapé sur lequel je suis assise depuis plusieurs minutes, et l'image qui taraudait mon quotidien, devient tout d'un coup qu'un souvenir étrangement vague et emplit de nuance. Comme si, les murs qui habitaient ma vision chaque jour, ces dernières années, sont subitement devenus une tâche sombre du passé, qui me paraît désormais si lointaine.

Je n'arrive toujours pas à y croire. Il y a encore quelques jours, j'étais avachie sur un matelas, vieux de plusieurs années, à écouter les discours sans fin de Kriss, et maintenant, je me retrouve à échanger une discussion à sens unique avec un animal qui parle.

Je me demande ce qui doit bien se passer au QG, à l'heure où moi je suis en train d'étudier cet oiseau apprivoisé, qui commence à s'agiter dans son abri.

- Quarante-Cinq...cinquante-six... soixante-quatorze...

Et maintenant, il se met à compter.

DARKSIDEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant