DARKSIDE

10. Confrontation

Étourdie par le choc, je chancelle en arrière. Mon visage se marque d'une tension palpable, détruisant de plein fouet l'entièreté de mon âme, m'arrachant un hoquet de surprise, silencieux.

Il est encore en vie ?

Oh mon Dieu.

Le sol se dérobe sous mes pieds, alors que j'essaye lamentablement de remonter à la surface. De récupérer mes esprits qui se sont rattachés à ses mots ardus. Le regard désormais posé sur l'encadrement de la porte, revenant trois jours en arrière.

Malgré les souvenirs ténus qui façonnent cette nuit, quand j'ai entendu des pas passé le seuil de la porte, j'en avais conclu que c'était l'heure pour moi de rentrer.

Cependant, je me suis finalement réveillée dans cette chambre, en présence de cet inconnu qui d'après ce que je vois, doit avoir des comptes à régler avec cette ordure.

- Ce n'est pas dans tes habitudes de garder un cadavre aussi longtemps.

Je l'entends rire à sa propre remarque.

Comment peut-on rire de ce genre de chose ?

Mon cœur bat la chamade, coincé entre le stress et l'incompréhension.

La situation s'éclaircit mais devient de plus en plus critique.

Ils doivent sûrement penser que je me suis enfuie avec cet imbécile. Ou tout simplement que je me suis enfuie seule, laissant derrière moi un bain de sang. Qui d'ailleurs, n'est autre que le mien.

Vu la tête de cet homme, il n'a pas dû passer la serpillière avant de partir avec le corps de sa victime.

Bordel.

Et dire qu'il y a quelques heures, j'aurais pu moi aussi finir comme lui.

Respire Bella. Respire.

Je secoue la tête pour reprendre mes esprits. Partager entre un soulagement immense et une crainte violente. Je pourrais presque pleurer de joie, à cette nouvelle.

Je ne suis pas une meurtrière.

J'avale le surplus de salive qui s'est accumulé dans ma bouche, concentrant de nouveau mon attention à l'intérieur de la pièce. Là où ils sont assis. Pendant ce faible moment d'inattention, Carl s'est levé de son fauteuil pour contourner le bureau et récupérer quelque chose dans le tiroir.

Un dossier.

Qu'il tend à cet homme, après l'avoir observé quelques secondes.

- C'est tout ce que j'ai pu trouver depuis la dernière fois.

Il s'empare de celui-ci, pour y jeter un œil. Seulement trois feuilles sont rangées dans cette pochette cartonnée, avec une photo, qu'il regarde attentivement.

- Je vois, il répond, en laissant échapper une longue expiration, toujours les sourcils froncés et les traits durs.

- L'homme sur la photo. C'est la dernière personne qui a été vue avec lui.

- Et alors ?

- Il est...mort, ajoute Carl, avec une pointe de regret dans la voix.

Je mord ma lèvre inférieure, croisant de plus en plus fort mes jambes l'une contre l'autre. Ces derniers jours, le sujet de la « mort » est ressorti plus que la normale.

Plus qu'en une seule vie.

À présent, la moindre erreur pourrait me coûter la vie, avec tous ces points d'alertes qui m'attaquent de tous les côtés.