17. Première mission

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- 23 heures. Ne sois pas en retard.

À l'entente de cette voix claire et gutturale, la panique prend le dessus. Sous l'impulsion du moment, je ne sais plus où me mettre, si je me cache dans les toilettes, ou si je prétends être en train de dormir.

Je m'agite comme une imbécile, comme si j'étais prise en flagrant délit.

Je cache rapidement le message dans mes sous-vêtements et au même moment, la porte s'entrouvre lentement, dévoilant sa silhouette.

J'arbore une expression surprise quand je le vois entrer, une montagne de sac dans les mains, et son portable coincé entre son oreille et son épaule.

- On verra le moment venu, informe Derek à son interlocuteur.

Il apparaît toujours au mauvais moment celui-là.

- Toujours vivante à ce que je vois, déclare-t-il d'un ton sardonique, après avoir raccroché.

Un sourire feint glisse sur mes lèvres, un masque que je revêts pour dissimuler la tourmente qui fait rage en moi.

Alors que l'ombre sinistre qui s'est reflétée sur les rideaux m'a laissé dans une anxiété indescriptible.

Pourquoi ils ne sont pas revenus me récupérer ?

- Qu'est-ce que tu as ?

Ils savent pourtant que je suis ici.

Je me laisse tomber sur le lit, complètement abattu et épuisé par les affres de l'incertitude et de la peur qui m'ont accablé.

Est-ce qu'ils m'ont abandonné ?

Il dépose les sacs qu'il transporte sur le sol, scellant ainsi le destin funeste de mes espoirs d'évasion. Le bruit du verrou glissant dans la serrure résonne comme le glas de mes rêves de liberté, un son implacable qui confirme que je suis bel et bien prisonnière de cette situation inextricable.

Puis, se tournant vers moi, il mêle son regard dans le mien.

- Pourquoi tu fais cette tête ? assène-il, tu t'attendais à voir quelqu'un d'autre ?

J'aurai aimé, mais malheureusement, ce n'est pas le cas.

- Non. Bien sûr que non, je réponds d'un ton morose.

Il part s'installer sur le fauteuil, près de la télé, pour consommer, encore, l'une de ses cigarettes.

- Il faut croire que je t'ai mal jugé.

Je le regarde avec interrogation.

- J'aurai parié que tu te serais enfui à la seconde où je suis parti.

Je réprime un soupir, tandis qu'il esquisse un sourire arrogant, percer à travers la fumée.

- Est-ce que ça voudrait dire que tu as besoin de moi pour faire ce que tu as derrière la tête ?

Sa voix, teintée d'une ironie mordante, résonne dans le silence, comme le point d'orgue d'une symphonie de malaise. Il semble vouloir pousser le jeu de la provocation encore plus loin, creusant dans les tréfonds de mon esprit.

Je m'efforce de garder mon calme, mais les émotions tumultueuses qui bouillonnent dans ma chair menacent de s'échapper.

- Je dirai plutôt que c'est vous qui avez plus besoin de moi que moi de vous. Sinon, je ne serai pas là, je réponds d'un ton posé, mes paroles déguisant à peine la colère sourde qui me consume.

DARKSIDEWhere stories live. Discover now