15. Changement de programme

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Le club.

À peine vingt-quatre heures se sont écoulées, et me revoilà. Je reprends là où je m'étais arrêté. Je cherche une quelconque différence depuis mon dernier passage, mais tout est exactement comme je l'avais laissé.

Rien n'a changé.

À l'exception d'une chose, le bruit de fond qui résonne à travers les murs. Je dirais que ça fait une bonne heure, que ses cordes vocales ont commencé à éclater, martelant mes tampons par la même occasion.

Même Kiwi ne cesse de s'agiter dans sa cage, hurlant presque à l'agonie pour que Derek arrête d'exprimer sa rage en fracassant tout ce qui lui passe sous la main.

Le souffle court, j'observe avec attention le plafond, demeurant captif de cette scène cauchemardesque.

Comment j'ai pu échapper à une telle tragédie ?

Les circonstances qui m'ont conduite à cette situation sont encore floues dans mon esprit, noyées dans un océan de confusion et d'horreur.

Si Carl n'était pas arrivé à temps,  je n'ose même pas imaginer ce qu'il aurait pu se passer.

-        Quel monstre ! Il va tout détruire ! répète Kiwi, pour la centième fois.

-        Qu'est-ce qui va m'arriver maintenant ?

Ma voix tremble encore légèrement, mais l'adrénaline qui avait parcouru mon corps commence à se dissiper.

La proximité de la mort, l'effroi qui avait étreint mon cœur, tout cela m'a profondément secouée. Je me sens épuisé, à la fois physiquement et émotionnellement, comme si l'incendie avait brûlé mes dernières forces.

...j'ai frôlé la mort, bordel.

Je ferme les paupières un instant, cherchant à me débarrasser de ces images obsédantes qui tournoient dans ma tête. La musique du club résonne encore faiblement, comme un écho lointain, mais la quiétude de cet endroit me permet de reprendre pied avec la réalité.

J'ai survécu.

Le début d'un regret commence à m'envahir. Tout ça, pour une foutue clé. Qui d'ailleurs, cela me fait penser à cette déplorable conclusion :

La clé USB a sûrement brûlé dans l'appartement.

-        Ah. J'ai encore une fois tout foiré.

Échec numéro 123 : chaotique.

J'aurai peut-être dû me laisser mourir, parce que quoiqu'il arrive, la fin reste la même.

Je vais crever.

Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ? Pourquoi je rate toujours tout ce que je fais ?

La tâche était pourtant simple. Mais comme à chaque fois, tout ce que je sais faire, c'est me lamenter sur mon sort. J'ai envie de pleurer. De hurler et faire sortir toute cette pression, toute cette rage qui est restée trop longtemps bridée dans mes veines.

Je n'ai plus rien à perdre. Plus aucune raison de vivre. Je ne sais même pas pourquoi, je me bats encore. Pourquoi je m'obstine à vivre, alors que mon quotidien n'est plus qu'un tas de ruines, qu'on ne peut plus réparer.

Me voilà qui retombe en dépression.

-        Arrête de dramatiser, je me répète, lentement. Tu ne vas pas abandonner maintenant...je ne peux pas.

Soudain, la porte s'ouvre silencieusement, révélant la silhouette d'Ambre. Son visage est pris de fatigue, mais ses yeux trahissent une profonde inquiétude. Je me redresse convenablement et elle referme la porte derrière elle.

DARKSIDEWhere stories live. Discover now