DARKSIDE

05. Identité

-        Je te repose la question. Comment connais-tu Bryan ? poursuit-il, sur un ton menaçant, tout en insistant sur chacun de ses mots.

Je ne dis rien.     

Mon esprit reste bloqué sur cet instant révélateur, comme si le temps s'était arrêté. Tandis qu'il inspire une profonde dose de nicotine, l'air de rien.

Comment ça se fait qu'il connaisse mon prénom ?

Et qu'est-ce qu'il insinuait dans, « si tu ne veux pas finir comme lui ». Est-ce qu'il est au courant ?

Après un temps de retard, mes idées prennent enfin tous leurs sens. C'était donc lui, au premier étage.

Il est arrivé au moment où...

Il sait tout.

Je le vois se lever soudainement et diminuer la distance qui nous sépare. Un frisson glacial traverse tout mon corps, juste avec son regard posé sur moi, qui transpire la froideur absolue.

La rage qui déferle sur ses traits redouble mon oxygène, qui s'était bloqué dans mes poumons. Je peux même, jusqu'à sentir sa colère me transpercer littéralement, alors que je recule discrètement.

-        Pour ta survie, il vaut mieux pour toi que tu dises la vérité. prononce-t-il d'un ton faussement calme.

Qu'est-ce que je pourrais lui dire. Que j'ai été envoyé pour passer une nuit avec cette ordure et combler son manque. Ou peut-être, lui donner la vraie raison.

Mon cœur va s'arrêter.

Même si je lui révèle tout, est-ce que je dois lui faire confiance ? Il va peut-être vouloir me tuer juste après avoir obtenu ce qu'il veut.

-        Je vais me répéter une dernière fois. Quel est ton lien avec lui ?

-        Je n'ai rien fait de mal je vous le jure, je lui réponds alors affolé.

-        Ça ne répond pas à ma question, m'interrompt sa voix rauque.

Une montée d'angoisse m'anéantit à petit feu, à mesure que sa respiration se saccade. Jusqu'à me faire perdre tous mes moyens.

-        Rien.

Pourquoi j'ai dit ça ?

-        Comment ça, rien ?

-        Je ne faisais rien, je réplique rapidement, paniqué.

Il me toise du regard un moment, peu convaincue par mon mensonge. Ses iris qui me détaillent sans gêne, me retournent l'estomac. Et sa carrure musclée, qui apparaît très clairement sous ce tissu fin, m'intimide de plus en plus.

Durant d'interminables secondes, il m'examine. Puis, l'instant d'après, il tire un objet de son pantalon, dissimulé dans son dos. Et lorsqu'il le pointe sur moi, je suis prise d'un élan de panique, et recule instinctivement, jusqu'à percuter le mur.

La respiration haletante, je fixe l'arme d'un œil attentif, alors que mon cœur ne bat presque plus dans ma poitrine.

Il va me tuer ?

Un petit mètre nous sépare, mais j'ai l'impression, qu'il lui suffit d'un minuscule mouvement en avant, et ce bout métallique et froid frôlerait mon front perlé de sueur.

Une peur frénétique émerge en moi, tandis que son visage orné de sérénité, et couvert à moitié par ses cheveux bruns, semble tout à fait prêt à me tirer une balle dans la tête.