16. Voisin

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Engagé dans une bataille sans fin, impossible de fermer l'œil. Mes paupières demeurent obstinément relevées, scrutant les contours des murs avec une intensité troublante.

J'observe chaque détail de la pièce, espérant que cette contemplation obsessionnelle pourrait tromper le temps. Tandis que mon corps est à la fois engourdi par la fatigue et en proie à une agitation fébrile.

Dans un dernier effort désespéré, je change pour la millième fois de position me mettant sur le dos, provoquant ainsi le grincement persistant du lit à chacun de mes mouvements.

Je vais finir par devenir complètement dingue.

Je sens que ma raison vacille, que l'insomnie me pousse peu à peu vers la folie.

- J'en ai marre, je soupire d'un souffle, empli de frustration.

Je me redresse afin de m'appuyer contre le dos du lit, me berçant avec le son feutré de l'eau qui s'écoule dans la douche. Voilà qu'une bonne demi-heure est passée et il n'est toujours pas sorti.

Ça en est presque suspect.

L'horloge accrochée au mur de la cuisine indique six heures quarante-cinq du matin et je commence à avoir de plus en plus faim.

Finalement, je quitte le lit pour me diriger vers la cuisine, sous les gargouillements incessants de mon estomac. J'ouvre le réfrigérateur dans l'espoir de trouver quelque chose à manger, à ma grande surprise, il ne contient presque rien, seulement de quoi étancher ma soif.

- J'aurais dû finir ce bol de céréales, je me dis à moi-même en grimaçant.

À bout de patience, je referme la porte du réfrigérateur avec une pointe d'amertume, me remémorant le nombre incalculable de nuits où j'avais dû endurer les affres de la faim.

J'ai l'habitude.

Un pas à la fois, je m'avance silencieusement de la fenêtre. Les premières lueurs de l'aube commencent à percer à travers les rideaux, diffusant une douce lumière dorée qui effleure à peine la pièce. Ce moment fugace, presque magique, où le monde s'éveille lentement à une nouvelle journée.

Le spectacle du jour naissant avait toujours eu le pouvoir de m'apaiser. Même si, je ne pouvais le voir que pendant ces innombrables nuits de cauchemars. C'était comme une lumière au milieu des ténèbres.

Je ne m'en lasserais jamais.

Si seulement le temps pouvait s'arrêter à cet instant précis, et que ma vie restait en suspens juste l'espace de quelques heures. Pour ne plus penser à rien....pour tout oublier.

...Juste une fois.

Soudainement, un bruit étrange, à la tonalité aiguë et insidieuse, parvint à mon oreille, camouflé par le mélodieux chatoiement des gouttes d'eau s'écrasant en cascade dans la douche.

Je dois halluciner.

Je retourne m'asseoir sur le lit, espérant calmer les plaintes assidues de mon estomac.

Les minutes passent et l'ennui grandit et m'enveloppe comme un parasite insatiable, se nourrissant de ma patience fragile. Puis ce bruit étrange surgit de nouveau. Un couinement sinistre, un grincement impalpable, presque subliminal, mais néanmoins distinct.

- Il y a quelqu'un ? je marmonne à voix basse.

C'est officiel : je suis folle.

Avec prudence, je me lève. Mes pas me guident lentement vers la source apparente du bruit. Dans la cuisine, le son paraît plus vif.

Je m'immobilise, écoutant attentivement. Le grincement semble venir de l'intérieur d'un des placards en bois, dont les portes vermoulues.

DARKSIDEWhere stories live. Discover now