18. Un jeu d'enfant ?

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De plus en plus de monde commence à arriver. Les voitures s'enchaînent unes par unes, comme si on assistait à un défilé de mode.

Depuis notre emplacement, une vingtaine d'hommes sont plantés comme des statues à l'entrée, surveillant les allées et venues des invités de manière excessive, qui me fait déglutir.

- Tu as bien compris ce que tu avais à faire, lance Derek à l'avant.

Mon regard se détache du paysage pour croiser le sien à travers le rétroviseur. Je prends une inspiration profonde, repoussant l'angoisse qui serre ma poitrine.

Est-ce que si je lui dis que je n'ai rien compris, il va me tuer ?

- Je crois que oui.

- Tu crois ou tu en es sûr ?

Je ne suis sûr de rien, depuis que nos routes se sont croisées.

Mais ça...ce n'est qu'un détail.

- Je...

Il passe une main dans ses cheveux, se retenant de les décoiffer.

- On va faire autrement.

Il se redresse sur son siège, pour me faire face, collant le canon de son arme sur mon genou, qui tressaille à la vue de l'objet.

- 70 000 dollars sont en jeu, donc ce n'est pas une idiote dans ton genre qui va faire foirer mes plans. C'est bien compris ?

Son timbre rauque résonne dans l'habitacle de la voiture, et j'accuse le coup de sa fermeté.

Je suis à un cheveu de faire une crise cardiaque.

- ...Pour faire court, à la moindre erreur, je te bute.

Quelle enflure !

Il sait qu'à la simple vue de l'objet je suis prête à obtempérer, ou même, pas assez stupide pour le contredire dans des moments pareils.

D'ailleurs, qui est assez bête pour contredire quelqu'un portant une arme à feu sur lui à longueur de temps.

Par moment j'ose espérer qu'il ne fait que bluffer juste pour m'effrayer un peu.

Mine de rien, ça demande un sacré travail d'enterrer un corps.

Mais depuis l'accident qui a lieu dans son appartement, le voir tirer sur un homme, sans une demi seconde d'hésitation, je m'abstiens de tout commentaire.

Alors j'acquiesce, n'ayant pas la force d'ajouter le moindre mot, sachant que l'arme est toujours pointée sur moi.

Puis le silence est brisé par le son strident de son téléphone portable. Il décroche rapidement.

- Alors t'en est où ? Tout est prêt ?

Un soupir libère la tension que j'ai involontairement emprisonnée dans mes poumons. Puis, l'envie soudaine de me gratter les paumes de mains me démangent et m'irrite, mais le tissu m'en bloque l'accès.

Je me contente donc de me poser la même question depuis tout à l'heure : Pourquoi moi ?

Tout était parfait. Une existence paisible qui s'est effondrée sous le poids d'une intervention inattendue.

Derek...

Je ne connais absolument rien de lui. Je sais juste qu'il passe son temps libre à tuer des gens.

Cette seule information devrait me convaincre de partir, pourtant, je suis encore là. Va savoir pourquoi le réseau veut absolument récupérer ces documents.

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