DARKSIDE

13. Règle(s)

« Tu baises tous ces enfoirés, pour du fric »

C'est la seule chose que j'ai retenue. Il a prononcé ces paroles avec animosité et rage dans la voix, jusqu'à m'en donner des frissons.

J'aimerais pouvoir dire que ses mots ne me font rien, qu'ils ne m'ont pas blessé, et qu'en y repensant, c'était juste embarrassant de l'avoir assumé à voix haute. Les yeux dans les yeux.

Mais à quoi bon se cacher derrière un masque, alors que la vérité est si flagrante.

A un détail près.

Je ne fais pas tout ça pour l'argent.

Certains pourraient voir ça comme sale ou même répugnant. De se vendre aussi aisément sans rien y gagner en retour, pour la simple et bonne raison, servir les intérêts d'un autre.

Mais je ne le fais pas par choix, mais par devoir. Un devoir que j'ai juré d'accomplir jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'elle en décide autrement.

Cependant.

Pourquoi cela me dérange autant ?

Qu'il puisse voir cette facette de moi, alors que tous les autres avant lui, ne m'avaient jamais fait ressentir de regret ou même de honte face à ce que je faisais.

Peut-être parce qu'il ne me regarde pas avec la même expression que les autres. Que je savais d'ores et déjà qu'une fois choses faites, nos chemins ne se croiseraient plus.

Parce qu'il ne me considère même pas comme...une femme. Ses yeux à lui sont animés par la colère. Il ne ressent que du dégoût à mon égard...avec une infime part d'incompréhension.

-              Tu dormiras sur le canapé, m'informe Derek, mettant fin à mes réflexions.

Il dépose un coussin et une couverture sur celui-ci. Je le dévisage longuement, tentant de déceler ses pensées.

-              Pour que les choses soient bien claires, il m'annonce le regard dur, le salon, la cuisine et la salle de bain...

Il réduit les quelques mètres qui nous séparent, avant de reprendre ses menaces sur le même ton, grave et rauque.

-              ...sont les seules pièces où tu es autorisé à entrer. Est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

Lentement, je hoche de la tête, alors que pendant de longues secondes, nos yeux sont comme scellés l'un à l'autre.

Et un long silence s'installe autour de nous, durant lequel, sa mâchoire se crispe tout en détaillant mon corps tout entier.

Je remarque alors que la robe est remontée quasiment au-dessus de mes fesses, laissant entrevoir le bas de ma culotte.

Je serre les dents, embarrassée, et tire le tissu qui me colle à la peau à cause de la sueur.

-              Au fond du couloir, première porte à gauche, il rétorque en se dirigeant vers la cuisine. Va te changer et...et n'hésite pas à prendre une douche.

Est-ce que je dois comprendre que je sens mauvais ?

La douche que j'ai prise l'autre jour, m'avait fait un bien fou. Avec cet accoutrement et la transpiration causée par le climat brûlant du club, je ne dis pas non pour ressentir à nouveau la sensation de l'eau qui ruisselle sur mon corps.

Mais il me manque quelque chose.

-              Je n'ai pas pris de vêtement avec moi, je lui dis en tournant la tête dans sa direction.