02. Douleur(s) éphémère(s)

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Notre quotidien retrouve enfin son calme. Deux semaines se sont écoulées depuis la petite mise en scène, qui a eu lieu devant le dortoir.

59 n'a toujours pas récupéré de ses blessures. Allongée sur son lit depuis l'accident, elle est dans un état inquiétant.

Sa santé s'aggrave chaque jour, pourtant, elle n'est pas et ne sera pas l'objet d'une quelconque attention de la part de nos bourreaux.

« Elle a eu ce qu'elle mérite ». Les dires de certaines m'étonneront toujours. Même si, j'ai pris l'habitude de ne pas m'occuper des affaires des autres. La voir ainsi, affalée sur son lit telle une feuille-morte, me laisse un pincement au cœur.

Malheureusement, dans ce monde, chacun de nos choix et de nos décisions sont lourdes de conséquences. Une erreur, et tout s'écroule sous nos yeux.

J'en ai déjà fait l'expérience.

De ce fait, la pauvre a dû se soigner avec les moyens du bord.

Et les moyens sont réduits à un seau d'eau et une trousse de secours, uniquement composée de pansements et de quelques gouttes de désinfectant.

Mais le business ne s'arrête pas pour autant.

A mon réveil, le lit d'à côté était vide. De même que celui d'en face. Plusieurs précieuses manquaient à l'appel.

Comme tous les jours d'ailleurs.

C'en est devenu une habitude de se réveiller le matin et de découvrir des matelas vides, uniquement marqués par le sac de son propriétaire.

Cette fois-ci, quinze d'entre nous ont quitté les lieux pour passer la nuit autre part, et d'autres sont revenus après quelques jours d'absence.

97 se fait remarquer dès son arrivée, puisqu'à la seconde où on effleure son corps, elle grogne de douleurs.

Les bleus sur son bras et les suçons sur son cou, ne font qu'attirer l'attention sur elle. De même que son visage fatigué laisse à penser que la nuit dernière n'a pas été de tout repos.

Et comme toutes les autres qui sont revenus, elle se fait aussi discrète qu'une plante verte. Ce qui, je pense doit être normal, après le choc qu'elles ont subi.

Qui voudrait revivre normalement après une nuit en enfer.

Elles vont finir par s'habituer.

On est constamment en activité, aucune seconde de repos ne nous est accordée.

Bienvenue au réseau X.

Pour ma part, je prie tous les dieux pour que mon prénom n'apparaisse pas dans la liste des prochaines livraisons.

Je reste affalé sur mon matelas poussiéreux à discuter avec Kriss, alias 77, qui est bien décidé à faire de ma vie un autre enfer. Puisqu'elle passe son temps à lancer la discussion.

Une vraie pipelette.

- Tu crois qu'un jour, on finira par sortir de ce cauchemar ? me demande-t-elle de son lit.

Une question à laquelle tout le monde pense, mais personne n'ose le dire à haute voix, comme si, il était interdit d'y penser.

- Je...je n'en sais rien. Peut-être un jour. dis-je finalement, sans trop de conviction.

Même si par miracle, on venait par, je ne sais quel moyen, à quitter cet endroit, quand bien même, on parviendrait à combattre nos démons.

Qu'adviendra-t-il ensuite ? Qu'est-ce que je ferais ? Il ne me reste plus rien. Plus personne ne m'attend à l'extérieur.

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