24. Deux frères

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-       T'as failli me faire attendre.

Il y a encore une minute, ils étaient prêts à s'entretuer, pour une raison qui m'échappe, et maintenant, un rire éclate dans l'air.

- Mon petit frère adoré. Vient la ! Sert moi fort mon grand !

Les deux hommes se prennent dans les bras, dans une étreinte fraternelle, j'écarquille les yeux de surprise, par la soudaine volte-face de la situation.

- Baissez toutes vos armes, ordonne l'inconnue. Maintenant.

Ils s'exécutent aussitôt, le silence retombe.

- Regarde-toi. Tu t'es même rasé la barbe. Une vraie gueule d'ange.

Pendant que je tente de rationaliser la situation, l'inconnu rompt l'étreinte et se recule légèrement, un sourire nostalgique étirant ses lèvres. Son regard se pose sur Derek avec une tendresse mêlée d'amusement.

Je balaye leurs silhouettes, une vue sur des visages impassibles, des regards furtifs échangés entre les membres de ce groupe étrange. Ils semblent tous se connaître depuis longtemps, tandis que je reste là, perdu dans mes conjectures.

Comment une simple conversation a-t-elle pu transformer une confrontation armée en un échange chaleureux ?

Derek et cet inconnu, sont-ils réellement des frères ?

Je me laisse tomber contre le dossier de la portière. La brise souffle doucement sur ma peau, apaisant les cicatrices invisibles laissées par la fatigue. Le calme de la nature m'envahit peu à peu.

...jusqu'à ce qu'il arrive.

- Ça va là-dedans ?

Le vent porte la voix de Josh jusqu'à moi, ce qui a pour effet de me faire sursauter, il s'installe du côté passager.

Non, je ne vais pas bien.

Je suis sur le qui-vive depuis trois jours entiers, en équilibre sur le fil du rasoir, entre mes tentatives de séduction qui ne font qu'accroître ma frustration – que j'ai finalement dû mettre sur pause le temps d'arriver à bon port – , l'absence totale de sommeil qui m'a rendue paranoïaque, et ce vide, ce sentiment de manque insaisissable qui me consume de l'intérieur.

Impossible de mettre un mot dessus, je le ressens avec une intensité déconcertante. Comme si une partie de moi avait été arrachée, laissant un trou béant difficile à combler.

Au début, je pensais que c'était dû à un choc émotionnel, ou à quelque chose dans ce genre-là, une réaction aux événements récents. Les jours passent, et rien n'a pu atténuer ce sentiment.

Je commence à croire que j'ai vraiment un problème.

Ce qui a le malheur de décupler mes angoisses.

Quelques heures volées, tous les quatre cinq jours sont tout ce que je peux espérer. Même cela semble être arraché par la force de mon esprit en ébullition. L'anxiété et l'irritation me consument, transformant chaque nuit en un combat acharné pour trouver, ne serait-ce qu'un instant de paix.

Néanmoins, tout cela, il n'a pas besoin de le savoir, alors je force un sourire, pour masquer mes tourments, acquiesçant faiblement à sa question. Puis, un silence inconfortable s'installe entre nous, chacun perdu dans ses propres pensées.

- On en a encore pour longtemps ? ma voix est à peine audible, teintée d'une lassitude que je ne parviens pas à dissimuler.

Ses épaules se soulèvent, il soupire. Puis dans un mouvement soudain, il rompt la quiétude de l'habitacle en appuyant sur le klaxon d'une main, tandis que l'autre leurs faits signe par la vitre.

DARKSIDEWhere stories live. Discover now