Chapitre 7 : Olympe [corrigé]

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Un bruit m'extirpe de ma somnolence alors que je suis installée bien confortablement dans la couverture que m'a menée Rose. Je sursaute quand la porte de ma cellule grince sur ses gonds et me redresse d'un bond. Trois hommes me font face, mais impossible de distinguer leurs traits dans la pénombre.

— EO15, tonne la voix de celui du milieu, les hauts dignitaires ont tranché. Tu es envoyée dans la prison pour femmes de Gliocas. Suis-nous sans faire d'histoire. Nous ne souhaitons pas utiliser la force.

J'acquiesce, contente que ce ne soit pas le pourri de l'autre jour qui soit revenu, et, alors qu'il s'apprête à tourner les talons avec ses compagnons, je demande :

— Je peux prendre mes affaires avec moi, s'il vous plaît ?

— Tu as deux minutes, accepte-t-il.

Il se détourne définitivement de moi et retourne dans le couloir tandis que l'un de ses acolytes reste avec moi. Je me dépêche de plier la couverture que Rose m'a offerte et délaisse à regret le matelas qui allait avec. Une fois que je suis prête, je rejoins le soldat qui fait le pied de grue à l'entrée de ma geôle et il me guide vers une autre sortie que celle par laquelle je suis venue. Nous nous retrouvons à l'extérieur et il me fait signe de monter dans la charrette qui se trouve à ma droite.

Je suis à peine installée que le véhicule se met en branle. Je n'ai même pas pu saluer Rose alors qu'elle a tant pris soin de moi pendant mon séjour dans la prison de la capitale. Grâce à elle, j'ai évité le pire et j'ai pu profiter d'un luxe auquel je ne goûterai sans doute plus.

Désormais, je ne peux compter que sur moi-même. Et prier les dieux que ma peine soit supportable.

Mon regard se balade sur les personnes qui sont assises à mes côtés. Comme moi, ils semblent sonnés par leur réveil en pleine nuit. Il y a deux ou trois femmes, un enfant avec sa mère et des hommes. Surtout des hommes en fait. Je suis intimidée, car j'ignore la raison de leur présence dans cette charrette. Je ne sais pas à qui j'ai affaire et cela m'effraie...

Au bout d'une bonne semaine, le véhicule s'arrête définitivement. J'ouvre difficilement les yeux, épuisée par le voyage et les engelures qui me brûlent les extrémités. Je tente de me redresser, mais un poids pèse contre mes flancs. Je souris en apercevant les visages paisibles de mes dernières comparses d'infortune. Les hommes, la mère et son enfant sont descendus quatre jours plus tôt à Phrionsa, nous laissant toutes les trois dans la charrette à présent immense. J'ai proposé aux deux femmes restantes de venir s'abriter du froid mordant avec moi sous la couverture. Et nous avons appris à faire connaissance durant la partie du trajet où nous n'avions pas à pousser notre véhicule dont les roues patinaient dans la poudreuse. C'est à ce moment que les premières engelures ont commencé à sortir. Grâce à la négligence des soldats, j'ai réussi à nous dégoter des fruits d'aubépine et à les ramener dans notre convoi.

J'aurais voulu m'enfuir, mais je serai morte de froid après quelques heures. Je n'ai que ma robe d'esclave et ma couverture pour me tenir chaud. Ce qui est, je pense, insuffisant face aux températures négatives de Gliocas...

L'arrière de la charrette s'ouvre sur nos bourreaux et je secoue les filles pour qu'elles se réveillent. Je me relève, attrape mes affaires une fois qu'elles sont debout et sors du véhicule.

— Tes mains, ordonne le premier soldat.

Je lui obéis et il attache mes poignets à l'aide d'une corde. Il fait de même avec les autres et nous guide jusqu'à l'entrée d'un grand bâtiment en pierres noires. Je déglutis face à l'austérité de la façade, mais n'ai pas le temps de plus m'y attarder, car le militaire me tire à l'intérieur. Une femme nous accueille derrière son bureau, note mon matricule et les noms de mes comparses. Trois hommes du corps carcéral nous rejoignent lorsqu'elle sonne une cloche. L'un d'eux me prend en charge et me traîne à sa suite. Je jette un regard en arrière et m'aperçois que les personnes avec qui j'ai voyagé sont amenées vers l'aile opposée à la mienne. Sans doute parce que ce ne sont pas des esclaves... ou que, contrairement à moi, elles ne sont pas accusées de plusieurs meurtres. L'une a fait une fausse couche et l'autre d'infanticide à cause de son mari.

Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirWhere stories live. Discover now