Chapitre 19 : Vladimir [corrigé]

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— Oh, merde ! juré-je en lui tournant le dos. Pardon, Olympe...

Je suis affreusement gêné de l'image que je dois lui renvoyer. Celle d'une bête immonde, assoiffée de sang. Mais c'est ce que je suis... Elle aurait dû y être confrontée un jour ou l'autre de toute façon. Je jette un regard par-dessus mon épaule et cligne des paupières. Olympe est debout, crispée de la pointe de ses oreilles au sourire qu'elle esquisse pour faire bonne figure, fait demi-tour et décampe aussi vite qu'elle le peut.

Elle le sait pourtant. Elle le sait que je me nourris de sang.

Mais je suppose qu'en avoir conscience et le voir, ce sont deux choses bien différentes. Et, de toute évidence, elle n'est pas encore prête à faire face à cette réalité. À ma réalité...

— Olympe ! l'appelé-je en délaissant mon repas entamé dans l'évier. Attends !

— J'ai besoin de prendre l'air, marmonne-t-elle dans sa barbe alors que je dépose les autres poches intactes sur la table.

Je me maudis d'avoir été si imprudent et me lance à sa poursuite. Je reste comme deux ronds de flan quand j'arrive dans l'encadrement de la cuisine. Elle est passée où ?

Un bruit sourd à l'extérieur m'interpelle. Déjà dehors ? Mais elle est rapide !

Je me précipite à grandes foulées vers la porte d'entrée et l'ouvre en hâte. Le panneau en bois massif grince sur ses gonds tant je le martyrise. Mon souffle se coupe dans ma poitrine lorsque je tombe sur une silhouette que je reconnaîtrais entre toutes. Je la détaille de haut en bas, ne parvenant pas à y croire.

L'homme devant moi a de courts cheveux noirs comme une nuit sans lune et les mêmes iris que moi, ceux propres à ma famille... Des iris similaires aux miens, et pourtant si différents de par les sentiments qui s'y reflètent, qui me toisent. Un corps aussi haut que le mien, que je devine tout en muscles et qui me bouche la vue.

Pas de doute.

Mon frère cadet, Marius Aimo Dipsis, se tient sur le seul du manoir. Grand et fier comme un dieu, il me scrute avec une haine non dissimulée. La surprise doit se lire sur les traits de mon visage, car il esquisse un sourire narquois. Mais quoi de plus normal quand nos routes se recroisent après un millénaire alors que je le pensais mort au moment même où les divinités nous ont lancé notre malédiction ?

Un gémissement de douleur coupe notre duel de regards. Je baisse les yeux et les écarquille lorsque j'aperçois Olympe. Mon frère la tient par les cheveux pour qu'elle reste immobile. Ses genoux nus s'enfoncent dans la neige brûlante. Son épiderme rougit à cause de la violence de l'impact, mais aucune trace d'hémoglobine n'est à déplorer. Heureusement... Je n'aurais pas donné cher de sa peau dans le cas contraire ! Marius semble assoiffé et il en est de même pour moi. Même si cela me répugne de boire à la gorge d'un être vivant, j'aurais été dans l'incapacité de me contrôler face à l'odeur du sang.

— Eh bien, eh bien, claque la voix froide de Marius. Quel accueil chaleureux tu me fais, Vladimir ! En même temps, vu la région dans laquelle tu résides depuis des lustres, cela ne m'étonne absolument pas.

— Lâche-la, Marius.

Ce sont les seules paroles que je suis en mesure de lui adresser pour le moment, trop préoccupé par l'état et la situation dans laquelle se trouve Olympe.

— Oh ? s'exclame mon frère avec un air faussement blessé. Je croyais que cette humaine était mon cadeau de bienvenue. Me serais-je trompé ?

Je déglutis en comprenant où il veut en venir. Il désire savoir si Olympe a une quelconque importance pour moi.

Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant