Chapitre 32 : Vladimir [corrigé]

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La lune continue sa course dans le ciel. Les étoiles l'accompagnent dans son cheminement quotidien malgré l'épaisse couche de nuages qui pleure sans discontinuer des flocons avec de plus en plus de tristesse. J'aime admirer ce spectacle qui me rend nostalgique et plus particulièrement la manière dont l'astre nocturne brille dans le firmament noir. Je me sens vide et suis en train de contenir ma soif chaque seconde. J'ai bien essayé de me consoler avec les poches dérobées à l'hôpital le plus proche. En vain. Mon corps n'assimile plus cette boisson qui m'est pourtant essentielle pour vivre. Mon organisme n'accepte désormais qu'un seul et unique aliment.

Le sang d'Olympe.

Quand j'ai plongé mes crocs aiguisés dans sa peau tendre, j'ai été envahi par des sentiments contradictoires et déstabilisants. Le dégoût provoqué par l'acte en lui-même. La frustration qu'elle soit si récalcitrante. La peur de la tuer et de me donner la mort par la même occasion. Le soulagement de sentirmsa nourriture se déverser en abondance sur ma langue. La plénitude alors que je reprenais du poil de la bête. La jouissance causée par les multiples sensations que m'offrait le sang d'Olympe pendant qu'il se répandait à vive allure dans chaque parcelle de mon être.

Je soupire et plonge ma tête dans mes mains, me détournant ainsi de la lune et de son marathon quotidien. Un gémissement douloureux m'échappe alors que je me demande si la situation évoluera un jour. Je sais très bien que je ne peux – dois – pas brusquer Olympe et la forcer à faire des choses qui la rebutent.

Olympe est comme un félin. Indépendante et toujours à la recherche de liberté. Belle et élégante, je ne dois pas l'approcher de trop près si je ne souhaite pas qu'elle me saute à la jugulaire. Douce et délicate une fois apprivoisée, elle me permet de panser les plaies que je croyais déjà cicatrisées. Oui, Olympe peut se montrer sauvage au premier abord, mais affectueuse lorsque la personne en face d'elle le mérite.

Je me redresse et observe à nouveau l'astre lunaire dans l'attente d'une réponse à toutes mes questions.

— Tu regrettes ? m'interroge une voix grave dans son dos.

Je sursaute, me retourne d'un bond et plante mon regard d'acier dans celui bleu d'Andreas. Je devais vraiment être perdu dans mes pensées pour ne pas l'entendre arriver malgré mon ouïe surdéveloppée.

— Tu m'as fait peur...

Je pose ma senestre sur mon cœur dans une vaine tentative de le calmer un petit peu.

— Et non, je ne regrette pas mon choix, enchaîné-je en lui tournant le dos pour admirer la lune. Mais j'aimerais pouvoir à nouveau approcher Olympe sans avoir envie de lui sauter dessus...

— Ah ! Ça y est ! Ta queue se réveille enfin, ricane Andreas pour détendre l'atmosphère qu'il trouve sans doute trop pesante.

Contre toute attente, je ne peux me retenir de pouffer au commentaire salace de mon ami.

— T'es con, lui dis-je gentiment en lui adressant un regard en coin. Et non, je ne souhaite pas lui sauter dessus pour cette raison-là.

Je reporte à nouveau mes yeux sur la lune qui est déjà haute dans le firmament.

— J'ai faim... De sang, rajouté-je vite alors qu'Andreas prend une inspiration pour faire une nouvelle remarque dont lui seul a le secret.

L'incube peste, mécontent que je lui aie coupé l'herbe sous le pied. Finalement, il s'approche de la fenêtre devant laquelle je me tiens et admire à son tour le spectacle qui se déroule dans le ciel.

— Je pense que tu devrais essayer de l'apprivoiser comme tu l'as fait quand elle est arrivée ici. Elle ne voulait plus vivre et tu as pourtant réussi, tu l'as sortie de toute cette merde. De ce que j'ai pu observer, Olympe ressemble à un félin : indépendante, presque sauvage, mais clairement en manque d'amour et d'attention.

Vladimir écarquille les yeux.

— Quoi ? râle Andreas en croisant les bras sur son torse.

— Je me faisais aussi cette réflexion avant que tu n'arrives. Et puis j'avoue que ça me surprendra toujours quand je t'entends prononcer des paroles sages et dépourvues de connotations sexuelles.

Il esquisse un sourire taquin et pose ses mains sur ses hanches, un air mi-vexé mi-amusé sur son visage.

— Eh oui, Vladimir ! C'est vrai que d'habitude je suis plus du genre à foncer dans le tas, à baiser tout ce que je peux au passage, et à penser aux conséquences. Mais moi aussi je sais réfléchir et être sérieux quand c'est nécessaire. Ça t'en bouche un coin, hein ?

Je cache mes lèvres qui menacent de libérer un éclat de rire alors qu'il continue :

— D'ailleurs, je tenais à te dire que ton calice a trouvé l'ancienne serre de Thomas et qu'elle l'a totalement retapée. Je crois qu'elle va passer pas mal de temps là-bas.

Sur ces mots, il tourne les talons et se dirige vers la porte entrouverte. Avant de sortir de ma chambre, il s'arrête et prend son courage à deux mains dans un soupir discret.

— Au fait... Désolé de m'être emporté la dernière fois.

Puis il s'enfonce dans les ténèbres du manoir pour se préparer à passer une énième nuit dans le lit d'une femme qui accepte sa compagnie.


Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirWhere stories live. Discover now