Chapitre 61 : Vladimir [corrigé]

18 2 0
                                    


La voix douce d'Olympe me tire de mon sommeil. Je papillonne des paupières, encore dans le coaltar, et souris comme un bienheureux en voyant la femme que j'aime à mes côtés, au réveil.

— Vladimir ! crie-t-elle dans un murmure. Vladimir ! Je crois que Marius est là !

L'urgence dans ses paroles me sort de ma torpeur et je me redresse illico presto. Mes yeux se plantent dans le vert de ses iris et je reste immobile, comme paralysé. Je crains que la vision qui s'offre à moi ne soit qu'une illusion, qu'un rêve après la nuit dernière. Je déglutis et tends les mains devant moi pour m'assurer que la nudité d'Olympe est bien réelle. Alors que mes doigts s'apprêtent à entrer avec sa peau de pêche, elle les tape avec une moue contrariée, angoissée. Je fronce les sourcils et ouvre la bouche pour lui demander ce qui ne va pas, mais elle m'interrompt, la voix vibrante d'inquiétude :

— Vladimir, je crois que Marius est là...

À peine a-t-elle prononcé le nom de mon frère que je saute au bas du lit. Son regard brûlant pèse sur moi et je devine que ce qu'elle voit de mon corps nu lui plaît. Je pince les lèvres, partagé entre l'amusement de savoir qu'elle m'admire et la colère que Marius soit proche d'elle.

— Olympe, il faut éviter que Ma..., commencé-je en me tournant dans sa direction.

Je lui fais face et elle reste coite. Elle pouffe et je râle, mécontent qu'elle ne m'écoute absolument pas. Je m'aperçois que ses yeux sont braqués sur une partie de mon anatomie. Je baisse la tête pour regarder au même endroit qu'elle et rougis en voyant mon membre gorgé de désir. Dois-je me sentir heureux qu'elle me contemple de la sorte ou agacé parce qu'elle ne fait pas attention à mes recommandations alors que je lui demande de ne pas s'exposer aux yeux de mon frère ?

Je tourne les talons, le visage cramoisi, et m'enferme dans la salle de bain. Olympe rit de plus belle de l'autre côté de la porte. Je l'entends trafiquer dans la chambre pendant que j'attrape des vêtements dans mon armoire. Le battant s'ouvre sur elle, à présent habillée, et elle s'apprête à me tendre ma tenue de la veille quand nos regards se croisent.

— Tu ne croyais pas que j'allais mettre ce que j'ai porté hier ?

Elle hausse les épaules sans décocher un mot, s'approche de moi et m'embrasse. Je la prends dans mes bras et, après une brève étreinte, elle recule un peu.

— Je vais aller réveiller Thomas et Andreas.

— Fais attention à toi, lui demandé-je en caressant sa joue, il se peut que Marius soit revenu accompagné... Thomas l'a vu roder autour du manoir il y a deux jours.

— Je serai prudente, ne t'inquiète pas pour moi.

Elle me sourit, m'embrasse à nouveau et file hors de notre suite. Je soupire pour tenter de faire redescendre la pression et me dirige vers la grande armoire en bois de rose. J'inspire à fond et la décale légèrement. Un coffre-fort est caché derrière. Je déverrouille le cadenas qui maintient la porte fermée et l'ouvre. Deux épées rangées dans de précieux fourreaux reposent sur une petite étagère. Je déglutis et, d'une main hésitante, m'empare de la première, Fengaïry. Sa fusée est enroulée dans un cuir épais et sa garde est sertie de pierres de lune. Des filaments argentés serpentent entre elles et dessinent d'élégantes volutes. Sa lame est faite d'un métal sombre, résistant, qui lui permet de blesser n'importe quel ennemi. Après l'avoir observée pendant de longues secondes, je la range dans son fourreau et l'accroche à ma taille, sous ma veste bordeaux.

Je m'empare de la seconde, Maan, et la détaille à son tour. Elle est sobre, simple et tout ce qu'il y a de plus commun. Pas de fioriture, pas de pierres pour venir alourdir sa garde. Mais c'est de loin ma préférée. Une boule se forme au creux de mon estomac : Maan est ma première épée, celle qui m'a suivi depuis le début de mon apprentissage et bien après ma transformation. Avec les années et le développement des armes, j'ai fait changer sa lame pour qu'elle soit plus tranchante et l'ai entretenue avec grand soin. Je soupire. Peu importe à quel point j'adore ces deux épées, j'aurais préféré ne plus jamais avoir à m'en servir... et, malgré nos différends, encore moins contre mon frère. J'attache Maan à ma taille, à l'opposé de Fengaïry, par-dessus ma veste. Puis d'un pas pressé, je quitte ma suite en nouant mes longs cheveux blonds en une natte serrée.

Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirWhere stories live. Discover now