Épilogue : Vladimir [corrigé]

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Plusieurs semaines ont passé depuis la mort de Marius. Je me repose jour et nuit. Ma cicatrisation vampirique, les soins apportés par Olympe et le sang qu'elle me donne ne sont pas immédiatement venus à bout de toutes les blessures que j'ai reçues lors du combat contre mon frère. L'ennui me prend aux tripes et je ne me suis jamais senti aussi seul. J'ai pourtant de la lecture à profusion ! Ma compagne s'en est assuré. Elle change même ma pile de livres toutes les nuits, dès qu'elle se lève. Mais j'ai déjà fait maintes et maintes fois le tour de tous les ouvrages qui ornent les murs de la bibliothèque du manoir. Je n'ose pas le lui dire, car son geste me touche beaucoup.

En plus, Olympe ne reste pas tout le temps avec moi. Elle revient très souvent cinq heures avant l'aube dans la suite que nous partageons pour s'occuper de moi et me lire des histoires. Elle me parle aussi de ses activités de la journée et de ses progrès aux entraînements avec Thomas et Andreas. Mais à cause de mon égoïsme et de ma possessivité, j'ai envie qu'elle demeure toute la nuit à mes côtés pour me tenir compagnie. Je me rends compte que ce n'est pas correct envers elle alors je me tais et la laisse vaquer à ses occupations comme bon lui semble.

Ma suite n'a jamais été aussi silencieuse qu'en cet instant. Seuls les battements de mon cœur me prouvent que le temps ne s'est pas arrêté. L'aiguille de l'horloge que j'ai installée dans mes appartements trotte sans jamais faire de pause. Ce bruit m'agace tout autant qu'il me réconforte. Tant qu'il résonne à mes oreilles, ça veut dire que la vie continue et que je dois juste être patient.

Un soir, alors que je viens de finir ce livre pour adulte que m'a discrètement apporté Andreas, ma porte s'ouvre et Thomas entre dans ma chambre sans y avoir été invité.

— Elle est intéressante, ta lecture ? me charrie-t-il en avisant le titre.

Mes joues s'enflamment et je lui adresse mon regard le plus noir, ce qui provoque son hilarité.

— J'ai quelque chose pour toi, dit-il, une fois calmé.

Il s'approche du lit duquel je ne peux toujours pas me lever sans avoir mal et me tend une enveloppe épaisse.

— C'est...

— Oui. Mon informateur est revenu et c'est son rapport. Je ne l'ai pas lu, donc je ne sais pas ce qu'il contient.

— Merci, Thomas, soufflé-je, touché par tout ce qu'il fait pour lui.

— J'espère que ce sont de bonnes nouvelles...

Sur ces mots, il tourne les talons et ouvre la porte. Il se retrouve nez à nez avec Olympe qui rentre de la bibliothèque, les bras chargés de livres épais.

Ils se saluent et Thomas s'écarte pour la laisser passer, puis il s'éclipse dans les profondeurs du manoir.

— Qu'est-ce qu'il voulait ? me demande ma compagne en déposant les ouvrages sur la table basse.

— Me donner ça, réponds-je en agitant l'enveloppe.

— Qu'est-ce que c'est ?

Je tapote la place à côté de moi sur le lit pour l'inviter à me rejoindre. Olympe n'hésite pas une seconde.

— Tu te souviens que je t'avais dit que je ferais en sorte d'avoir des nouvelles de ta famille. Eh bien, continué-je alors qu'elle acquiesce, l'informateur de Thomas lui a fait son rapport et il se trouve dans cette enveloppe. Ni lui ni moi ne l'avons ouverte.

Je la lui tends et elle s'empresse de la décacheter pour sortir les feuilles. Elle parcourt les lignes d'encre et ses yeux s'embuent.

— Olympe ?

— Mes grands-parents sont morts. La propriété et nos animaux ont été vendus aux voisins. Mes frères sont toujours esclaves chez le marchand de tapis... et ma mère est décédée de maladies provoquées par sa vie à Dealan.

En prononçant ces mots, les larmes débordent de ses yeux et dévalent sur ses joues.

— Je suis désolé, lui dis-je en l'étreignant.

Après un long moment pendant lequel je la console comme je peux, nous nous séparons et Olympe reprend la parole, la voix tremblotante :

— Au moins, elle n'aura plus à subir les mauvais traitements et les humiliations. Et puis, elle a pu retrouver mon père et mes aïeuls.

— C'est bien de le voir comme ça. Qu'elle repose en paix !

Olympe hoche la tête, ferme les paupières pour chasser ses dernières larmes, puis se couche à mes côtés. Elle se blottit contre moi, l'oreille plaquée contre mon torse pour écouter mon cœur battre.

— Au fait, reprend-elle quand elle est à nouveau maître d'elle-même, est-ce que tu penses que ça serait possible de revoir Rose ?

Je me raidis et elle se redresse pour observer mon visage. Elle pâlit face à l'air sombre et à la colère qui brille sûrement dans mes yeux.

— Ils... Thomas et elle ne sont pas vraiment en bons termes, grincé-je alors que les évènements me reviennent en tête.

Olympe fronce les sourcils. L'incompréhension se lit dans son regard : elle a appris à connaître Thomas et ne parvient pas à imaginer qu'il puisse se fâcher avec quelqu'un... Et pareil pour Rose puisqu'elles sont très proches.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

— Cette...

Je me mords l'intérieur de la joue pour retenir l'insulte qui s'apprêtait à franchir mes lèvres, car je me remémore tout ce que Rose a fait pour ma compagne. Surtout que cette dernière, en plus de l'admirer, tient beaucoup à leur amitié.

— Rose lui a fait ce qu'on appelle communément un « coup de pute ».



FIN


Blood & Flowers 1 - Olympe & VladimirWhere stories live. Discover now