Chapitre 6 : Tate, le joyeux

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Avec son genou, elle a ravagé mes testicules.
Son visage se transforme lorsque Kane lui murmure quelque chose. Il l'abandonne puis se précipite vers la cave. Elle se frotte la gorge, s'installe contre le mur en s'appuyant. Sa respiration se calme puis elle se dirige vers moi. Elle se positionne près de moi et repose sa tête sur mon épaule. Je le lui autorise, sa gorge est bien plus enflammée que mes parties intimes.
— Tu vas me présenter tes excuses?
— Non. Tu veux manger un truc ?
La princesse va dans la cuisine, elle attrape des poivrons, du riz et un steak. En la voyant ouvrir tous les placards, je me redresse et lui propose de l'aide. Je sors une casserole et une poêle, je verse de l'eau dans l'un des récipients tandis qu'elle observe attentivement chaque mouvement que je fais. N'a-t-elle jamais fait de cuisine dans sa vie? Elle découpe des morceaux de poivrons. Je préfère qu'elle se concentre sur tes tâches simples afin que nous puissions tout de même manger après. Je fais revenir les poivrons et lui montre comment décongeler la viande. La vie au château la rend incapable de cuisiner seule.
— Tu faisais quoi dans ton palais princesse ?
— J'apprenais cinq langues, le violoncelle, le clavecin, le commerce international, l'histoire, la littérature et un peu de math mais je suis nulle en math. Et tu connais mon surnom puisque tu t'es moquée de moi il y a moins d'une semaine. On avait une cuisinière pour faire nos plats.
Je doute qu'au palais, ils disposent de cuisiniers pour satisfaire tous leurs besoins en matière d'alimentation. Si elle souhaite une cuisine simple, je lui préparerai.
Le riz est en pleine cuisson, les poivrons sont en train de cuire, la viande va bientôt être décongelée, nous avons quelques minutes de calme.
— Dis-moi, il s'est passé quoi?
Elle sourit et savoure une brique de jus multivitaminé.
— Ta joue.
— J'ai balancé à Lane qu'il était un gay refoulé qui ne supportait pas qu'on me prête plus d'attention qu'à lui. Il s'est énervé et il m'a frappé donc je lui ai rendu l'appareil.
Je ris, elle a bien amoché et bien cerné. Une journée avec lui et ils se sont tapés dessus. J'espère qu'ils ne finiront pas par s'entretuer. Lane la déteste et elle lui rend bien.
— C'est toi qui lui a fait ça ? Comment en êtes-vous venu à vous battre ?
— Je faisais du sport ce matin quand il a détaché la barre de ton mur. J'ai voulu regarder la télévision mais il a retiré toutes les piles des appareils électroniques. Puis j'ai essayé de le chauffer pour m'amuser mais il m'a repoussé ce qui est logique étant donné qu'il est amoureux de Pade. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, il s'est tenu derrière la porte quand j'étais aux toilettes. Ça m'a énervé et les choses en entraînant une autre, il m'a frappé.
En entendant mon téléphone, je me dirige vers le balcon et aperçois des flammes dans la cuisine. Je raccroche rapidement avant d'éteindre le feu qui se propage dans les cheveux d'April. Elle devra faire une petite coupe de cheveux, cela lui donne une apparence très asymétrique. Je profite de ce moment et tente de saisir comment elle a réussi à susciter une lueur aussi intense.
Elle a réellement ajouté de l'huile au feu. Après avoir éteint le gaz, je la pousse dans la salle de bain. Ses cheveux seront coupés à environ un ou deux centimètres en dessous de son lobe d'oreille. Je prends une paire de ciseaux, elle shampoing ses cheveux, les rince, les coiffe tandis que je les aligne. Ses mèches noires sont éparpillés sur le sol et dans le robinet. Je couvre sa tignasse brune d'une serviette avant de balayer la salle d'eau.
Quand je la rejoins dans le salon, elle traine sur mon téléphone, je cours pour lui enlever des mains et le fourre dans ma poche. Heureusement, je l'ai sécurisé avec un mot de passe. Même si cela suscite sa curiosité, elle n'a pas à entrer dans mes affaires.
— Pas touche aux affaires personnelles des autres.
— Qui est Harper ?
— Personne, je vais essayer de nous préparer à manger. Reste ici et ne touche à rien. Tu risques de brûler tes sourcils si tu touches une nouvelle fois au gaz.
Elle se met à rire alors que je lui présente diverses cassettes à visionner. Je suis peu attentif aux titres affichés sur le marqueur. Quand elle commence une première sélection, je reprends la cuisine à zéro. Je sauve les meubles comme dit l'adage, je sers la nourriture et apporte les assiettes sur le canapé alors qu'elle hésite entre plusieurs films.
— C'est quoi ça, «  Soléne » ?
— Une erreur de ma part, ce n'est pas un film à regarder. Je vais le donner à Kane, prends autre chose et surveille qu'Oliver ne mange pas mon assiette.
Je me précipite rapidement vers la cave et place la cassette sur l'étagère devant Kane. Il a quasiment terminé la préparation de la viande, il devrait en avoir suffisamment pour une semaine et demi. Les potages seront délicieux après, pendant que les animaux se reproduisent.
— J'ai remarqué cela en haut, je me suis dit qu'il serait préférable que tu le récupères.
— Cela incombe à Nate, pas à moi. Je ne prendrais pas le temps d'écouter l'éloge qu'elle lui faisait. Nate est un adepte de l'autoflagellation pour garder ça.
— C'était son premier amour, il a le droit de vouloir se remémorer.
— C'était ma petite-amie, pas la sienne. Tu devrais aller surveiller le P'tit Coeur en haut avant qu'elle ne fasse une bêtise.
Je prends une gorgée de sa bière et jette un coup d'œil à l'étage.
— Parlant de bêtise, j'ai dû lui couper les cheveux parce qu'elle a failli brûler. Que lui as-tu dit tout à l'heure pour que son regard change ?
— Absolument rien.
Il répond vite, trop vite. Il ment.
— Tu sais quand tu fais un stage de deux ans dans l'armée, tu finis par déceler les menteurs. Tu lui as dit quelque chose que tu n'aurais pas dû lui dire ?
— Monte la rejoindre.
Comment dire oui sans dire oui ? Exactement de cette façon.
Je monte et vois April partager son steak avec Oliver, je m'assoie et mange. On prend notre temps, elle gratte les oreilles du chien et grignote.
— Il t'a dit quoi Kane  ?
— Je pensais que j'étais la plus curieuse de nous deux.
— Ma jolie, s'il te plaît.
Elle enlève la serviette de ses cheveux et la place sur le porte-serviette dans la salle de bain pour la fixer. Elle revient, s'installe sur le canapé et achève son riz. Son visage arbore un sourire malicieux, elle a un plan en tête.
— Si tu me dis qui est Harper, je pourrais te révéler ce qu'il m'a dit.
Elle veut participer à un échange de bons procédés entre deux individus qui ne sont pas amis mais qui entretiennent une relation solide. Il ne sera pas excessif de se faire un ami parmi les Sept, elle a rejeté Pade et Dave, Lane et Nate la détestent, Vale est indifférent à elle, Kane reste Kane.
— Harper est une amie de la famille.
— La famille ?
On s'est enfuis à sept de l'orphelinat, on a été condamné à sept, on vit tous les sept. On est les Sept. On est tous des frères qu'on le veuille ou non, c'est à la vie à la mort.
— On est tous comme des frères ici, c'est une amie proche.
— Une amie proche, tu mets des smileys en forme de fruits à côté du contact de tes amis.
Elle a pu voir le nom de son contact, il faut un code ou une empreinte pour pouvoir voir ça.
— Comment as-tu eu mon code ?
— C'est le numéro sur ta plaque. Ce n'est pas très compliqué à trouver, tu ne lâches jamais ton collier. Tu l'as retiré uniquement quand tu as vu la flamme donc j'ai regardé le numéro dessus. Ce n'est pas ton amie.
Elle démontre sa perspicacité en découpant de petits morceaux de steak qu'elle va placer dans la gamelle du chien. Mon assiette vide est débarrassée et je lui propose un yaourt tout en buvant mon milkshake à la violette.
— C'est un peu plus qu'une amie.
— Mais encore ?
— Qu'est-ce que Kane t'a dit ?
— Qu'Harper et toi couchez ensemble.
J'en doute fortement, Kane sait absolument tout mais il ne partage presque rien sans avoir obtenu une autorisation avant.
— J'ai un plan cul régulier, pourquoi ça t'intéresse ?
— Tu rougis et tes pupilles sont dilatées, l'un signifie qu'il y a une attraction et l'autre que tu es gêné. Tu es amoureux d'elle.
Quelle hypothèse stupide !
— Je ne suis pas amoureux d'elle sinon je ne serai pas là avec toi devant Le choix de Sophie, à parler de qui fait quoi avec qui. Que t'a dit Kane ?
— Il m'a fait une blague sexuelle, ce dont je ne le pensais pas capable.
Il ne peut effectivement pas le faire. Elle est trompeuse. Dans mon téléphone, je cherche des photos d'Harper et je les admire.
— Tu souris. Fait-elle remarquer. C'est Harper.
— Peu importe, elle m'a largué tout à l'heure.
— Donc vous étiez en couple.
— Non, c'était juste deux corps en ébullition qui bougeaient en même temps.
— Alors pourquoi tes yeux sont mouillés ?
— Ils sont reliés à ta chatte. Je peste quand elle dénoue son jogging.
Son estomac est rempli. Elle s'installe sur le canapé, met fin au film et s'occupe de ses cheveux avec ses doigts. Je dépose mon téléphone sur la table, je vais me balader sur le parvis. Après s'être installée confortablement à mes côtés, April dépose ses jambes entre les barreaux métalliques et savoure la douce brise de la nuit. Je pince une cigarette à mes lèvres et je commence à fumer.
L'air pur et enchanteur apaise les muscles et me donne des sensations de picotements dans le dos. La princesse le ressent également, à l'exception de son frisson qui lui donne envie de fumer. Elle me prend pour cible avec ses yeux de biche. Je suis un être faible, je lui tourne le dos afin de ne pas avoir à lui donner ma dernière cigarette. Même si cela lui est interdit, je pourrais si facilement lui céder. Les oreilles du chien qui m'aboie dessus sont grattées par la princesse.
— As-tu déjà assisté à un crime violent ?
Je fronce les sourcils et me retrouve bras ballants. Elle mord le filtre de ma cigarette, tire une latte et souffle la fumée dans l'air.
— Pourquoi ? Tu comptes devenir psychiatre d'ici un mois et demi ?
— C'est pour savoir si dans d'autres circonstances j'aurais pu t'attirer dans mon lit.
M'attirer dans son lit ? Je ne suis pas dans la liste des gens qu'elle veut emmener dans son lit, je pensais que j'avais mes chances avec elle.
— Parce que c'est un critère qui avantage les gens ?
— Ça dépend.
— De quoi ?
— La taille de leur bite.
Je ressens une toux, je ne m'attendais pas à cette réponse. Je crois quand même avoir une opportunité avec elle. Je lui donne la fin de ma cigarette et je consomme une pêche que je déguste. Le goût sucré me rappelle celui d'Harper.
— J'ai une chance avec toi ?
— Je ne couche pas avec des hommes amoureux d'une autre personne, ni ceux qui sont mariés.
— Donc ?
— Donc même avec trois grammes d'alcool dans le sang, je ne coucherai pas avec toi puisque tu la veux elle. Être idolâtrée est captivant. Merci pour la clope, ça fait du bien.
Elle la jette par terre avant de se rincer le visage dans sa salle de bain. Je m'installe au meuble et veille attentivement sur elle. Son désir d'intimité me fait tourner la tête et sa brassière tombe par terre.  Je suis perdu et je me rends dans la chambre de Nate. Cinq minutes plus tard, elle me retrouve toute nue. Ses longues jambes musclés, sa petite toison brune. Je ne peux pas éviter de regarder son bas-ventre et sa poitrine, elle s'allonge dans le lit et se réchauffe sous la couette.
— April, tu fais quoi ?
— J'ai mangé, j'ai fumé, je suis fatiguée donc je vais me coucher. Je dors toute nue, ça te perturbe ?
— Je peux dormir avec toi ?
— Juste dormir ?
Je lui certifie qu'il ne se passera rien entre nous, elle écarte la couverture, je me positionne derrière elle et enroule mon bras autour de son ventre.
— Il t'a dit quoi Kane ?
— Qu'il allait me paralyser pour que je ne puisse pas m'enfuir.
C'est du Kane tout cracher. Elle plaque ses fesses contre mon bassin,  je cale ma tête dans sa nuque. Je me blottis contre elle et par réflexe dépose un baiser sur son épaule. Une larme coule de mon œil, elle a raison, je suis amoureux d'Harper. Je pleure, elle se tourne vers moi et balaie mes larmes avec son pouce. Sa main caresse mon dos, je la maintiens près de moi. Une vague de chaleur envahit mon cœur, elle me fait du bien mais ...
— Tu peux aller mettre des sous-vêtements, c'est bizarre de bander alors que je pleure.
— Est-ce que tu en as ?
Je me mets debout et vais lui chercher des sous-vêtements dans ma chambre, je les avais achetés à Harper mais c'était un peu trop grand pour elle. Elle les enfile, ils sont parfaitement adaptés à sa morphologie sauf que ça la rend encore plus sexy. Elle sourit et sort de la pièce, elle va me faire tuer, elle s'introduit dans la chambre de Pade, vole un oreiller et une peluche puis cours dans la chambre. Elle saute sur le lit lorsqu'un bruit de craquement se fait entendre, elle se pince les lèvres pour ne pas rire alors que je me mords la lèvre dans le même but. Je ferme doucement la porte puis la rejoins dans le lit.
— Nate va te faire payer pour le lit.
— Tu veux parler de Nate ou un câlin ?
Je souhaite beaucoup plus qu'un simple câlin, mais elle m'a rejeté, donc je me contenterai d'un simple câlin. J'appuie ma tête contre sa poitrine et je suis enveloppé par les battements de son cœur. En passant sa main dans mes cheveux, elle me tend un mouchoir lorsque je commence à sentir mon nez couler. Elle tire la couverture sur nous, on s'allonge de plus en plus jusqu'à finir complètement à l'horizontal.
Elle s'endort avant moi, sa tête sur mon épaule et sa jambe sur mes jambes, je renifle son cou pour sentir le parfum sucré de sa peau bien qu'il soit dissimulé sous l'odeur du savon de Kane. Je prends mon téléphone puis inscrit le nom de la princesse dans le moteur de recherche. Les rumeurs et articles de presse ne font que la critiquer, le roi possède un droit de censure mais il a renoncé à l'utiliser pour protéger sa fille.
— Baisse la luminosité, s'il-te-plaît. Chuchote April en s'affalant un peu plus sur moi.
Je poursuis mes recherches avec moins de lumière pour agresser mes yeux et ceux d'April. La presse a étouffé sa disparition avec un mensonge ridicule. L'article intitulé : «  Exaction au Palais Royal » , exprime en quelques lignes la terreur lors du bal organisé à l'occasion du vingt-et-unième anniversaire de la princesse. Deux gardes assassinent, violemment poignardés et une blessée grave la gouvernante d'April qui a reçu deux coups de couteau dans le ventre. Le Roi a affirmé avoir envoyé sa fille en pension dans le Royaume des Pansées pour sa protection. La Reine, sous le choc, n'a pas pu faire de déclaration. Le coupable court toujours. La police conseille à la population de rester vigilante.
La princesse, dans sa pension actuelle, somnole à moitié allongée sur moi. Elle n'a pas de leçon, elle n'est pas en sécurité et elle ne se trouve qu'à une centaine d'hectares du château.
Des journalistes divulguent de fausses informations, le Roi se rendrait vulnérable si on apprenait que sa fille a été kidnappée.
Je change de page et clique sur l'onglet image, on ne trouve que peu photo d'elle petite, on trouve une quantité phénoménale de photo provocante d'elle à partir de ses dix-huit ans.Elle n'hésite pas à apparaître avec un amant sur un balcon lors des absences du couple royal. La photographie est vulgairement censurée mais il est facile de deviner ce qu'il s'y passe. On remarque à son visage qu'elle savait pour la présence du photographe. Les yeux fixes et le sourire en coin, on a l'impression qu'elle s'amuse.
— Tu veux que je te raconte cette journée? demande-t-elle les yeux grands ouverts. Ce n'est pas très passionnant mais tu es bloqué depuis dix minutes sur cette photo.
Ça fait une petite heure que je fais des recherches sur elle et une vingtaine de minutes que je cherche à comprendre pourquoi elle a l'air si fière d'avoir été prise en pleine action.
—  Tu es réveillée depuis longtemps ?
— Dix minutes, mes oreilles sifflent, ça m'empêche de dormir. Tu fais des recherches sur moi au lieu de me demander ?
— Tu serais capable de me mentir juste pour avoir la satisfaction de voir ma réaction alors que les photos peuvent être interprétées en fonction de la proximité des sujets et de l'ouverture d'esprit de chacun. Pour moi sur cette photo, tu as voulu amuser l'homme qui t'a pris en photo.
— C'est moi qui lui ai demandé de prendre cette photo, c'est son jumeau derrière moi. Lâche-t-elle telle une bombe avant de faire défiler les photos. Y'en a des mieux que celles-ci mais elles sont dans l'appareil photo d'une amie.
J'ai le droit à un flux d'informations qui me retourne le cerveau. Une amie à elle est en possession de photos de la princesse sans vêtement.
— Tu as une amie qui a des photos de toi nue dans son appareil photo ?
— Rosie est très douée pour les photos et je lui fais confiance. Ne sois pas frigide, je suis sûre que tu as au moins une photo de meuf nue sur ton portable.
— Parce que je couche avec elle.
Je la coupe avant qu'elle ne me corrige, je n'ai pas besoin qu'elle me rappelle que je suis célibataire. Ça fait suffisamment mal sans qu'elle en rajoute une couche. Je vais immédiatement dans ma galerie et supprime les photos d'Harper avant de plonger dans un sommeil profond.

Ni cœur, Ni âme (1)Tahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon