Chapitre 21 : April, la princesse

1 0 0
                                    

Je me suis bien bourrée la gueule hier, j'ai encore la gueule de bois. Comment suis-je sortie de la cabane sans me blesser? Aucune idée, c'est un miracle que je n'ai que des égratignures sur les pieds. Un loup m'a aidé à parcourir le chemin jusqu'à la tanière des sept comme il l'a si bien dit.
Je passe la porte après avoir vigoureusement remercié Crow, mon t-shirt dans mes mains, je me frotte les yeux. La lumière est bien trop violente, qui a eu cette effroyable idée de placer une baie vitrée à l'Est. J'ai bien besoin de vomir mais je n'y parviens pas. La tequila continue de nager dans mon estomac.
Pade dort encore j'imagine, il s'est effondré avant moi donc ses souvenirs doivent être partiels. Quant aux miens, ils sont intactes, sans le moindre défaut. Je me suis livrée à lui quand ses sens ont diminué, ainsi je me suis assuré que le souvenir lui fasse défaut.
— Les t-shirts sont des options ? Pade a dit que vous deviez être rentré à dix-neuf heures, hier.
— On a un peu trop bu, on s'est effondré. Fais pas chier, Nate, ce n'est pas le jour.
— Au contraire, c'est même le jour idéal. La gueule de bois, tu mérites de subir les assauts de nos voix nasillardes.
Sa voix est tout sauf nasillarde, elle est grave, brutale et une véritable plaie pour mes oreilles. Un frisson glace mon sang alors que le contact de ses yeux sur ma peau me donne soudain une furieuse envie de boire tout l'alcool à disposition.
Black est un des grands méchants loup mais Nate en est un autre. Les loups de son type n'utilisent pas leur crocs acérés mais leurs griffes pour pénétrer la chair en douceur. Une fois l'intérieur à la vue de tous, c'est l'infection qui fait périr le corps puisque le loup s'est incrusté dans la peau de l'agneau qu'il avait pour cible.
Je suis un agneau, un vilain agneau porteur d'une couronne qui pourrait faire de l'homme qui porte sa peau un roi. Voilà donc la raison pour laquelle l'un des loups m'a drogué mais n'explique pas les intentions du second loup. Bien qu'il laisse à l'agneau tout le loisir de goûter au poison de la meute à offrir.
— C'est donc me voir mourir à petit feu que tu es venu admirer. Séduisez-la, baisez-la, brisez-la, empoisonnez-la pour la livrer déjà à moitié vide au loup. Dommage que l'agneau est bâti des barrières si solides que cela ne lui fait ni chaud ni froid.
— Si tes barrières étaient si solides que tu l'affirmes, pourquoi as-tu bu jusqu'à avoir de tels effets ?
Il réduit la distance entre nous, sa taille et sa carrure sont provocantes, son visage n'a jamais été aussi sombre, ses mains veineuses regorgent de toute cette haine qu'il ressent en mon égard. La peur pourtant n'est pas le sentiment qui prend le dessus sur le reste, mon cœur bat dans ma gorge, la nausée me prend aux tripes mais je ne baisserai pas les yeux face à lui. Je garde la tête haute et fronce les sourcils alors qu'il pénètre dans mon espace vital. Il me condamne à ne plus pouvoir faire un pas en arrière. Mes fesses plaquées contre le lavabo, je le provoque avec mes yeux.
— Kane, tu as choisi le plus faible pour te nourrir de lui comme une sangsue. Il t'a choisi dans l'unique but de se rappeler combien il aimait baiser ta cousine. Soléne et toi êtes si belles, si identiques, vous avez fait chavirer son cœur même si vous me lancez le même regard de salope. La seule différence est que je l'ai baisé quand elle est venu frotter sa chatte trempée sur ma bite.
Il y a tant de haine dans ses paroles, bien que son visage entier soit contracté, son regard le trahit, il est brisé. Le chagrin traverse ses yeux, j'aimerai bien affirmer que je comprends ce qu'il ressent mais il se trompe à mon sujet. La tristesse est l'une des émotions que j'ai dû mal à ressentir, je ne peux pas pleurer, ça coûte cher les larmes.
— Que lui as-tu fais ?
— À ta cousine ? Rien qu'elle n'ait voulu ou mérité.
— Et moi, qu'est-ce que je veux d'après toi ?
Son bassin vient maintenir le mien en place, il enroule sa main droite autour de ma gorge alors que la gauche se faufile sous mon pantalon. Ses doigts effleurent mon intimité.
— Même pour tout l'or du monde, je ne te baiserai pas et c'est ce que ton corps veut.
— La seule chose que je veux savoir où est ma cousine, c'est Pade qui m'a fait mouiller. Tu es le seul qui ne veut pas de moi et ça n'a rien à voir avec moi. Mon agneau de cousine à bouffer et recracher le cœur du loup, qu'as-tu fait de l'agneau égaré ?
— Tu te trompes de loup, la meute n'est pas grande, qu'est-ce qui te fait croire que j'ai fait quoique ce soit à Soléne ? L'amour fait faire des choses affreuses mais je n'étais pas amoureux d'elle.
Ça pu le mensonge a dix kilomètres, je m'accoude à la cuisine alors qu'il retire sa main de ma chatte. Je le fusille du regard, il appuie plus fort sur mon cou. L'asphyxie contrairement à ce que l'on pourrait penser, ne m'excite pas, je préfère jouer avec le feu plutôt qu'avec l'air. Je serre les dents, respire par le nez, de petite inspiration, un rythme contrôlé pour ne pas perdre connaissance. Ma gorge brûle, le sang stagne sous la main de Nate et ne monte pas au cerveau.
— Ne taquine pas au loup le plus puissant de la meute, il pourrait mordre.
— Le loup... ne fe...ra rien...Black...est...le vrai...chef de...meute. Tu...fais...juste...le sa...sale...boulot.
Mes yeux sont pleins de sang, des paillettes et taches noirs envahissent ma vue, respirer est une épreuve, ma tête tourne. L'effet de l'alcool se réactive, je lutte pour ne pas m'évanouir puisqu'il est hors de question de laisser le loup battre l'agneau.
— Fais attention à ce que tu dis, ce n'est pas parce que je t'ai gardé en vie deux fois que je le ferai une troisième fois.
— Il a ...quelqu'un...que tu...veux re...récupérer.
Je vois son poing se lever et percuter ma mâchoire puis plus rien.

Ni cœur, Ni âme (1)Where stories live. Discover now