Chapitre 23 : Vale, le simplet

1 0 0
                                    

April est partie et je la comprends, elle veut éviter Nate et c'est légitime.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? S'interroge Pade à voix haute
— Je vis ici.
— Je croyais avoir été clair quand je t'ai dit de ne pas remettre les pieds ici avant le départ d'April. J'aboie en récupérant mes vêtements à l'instar de mes frères. Elle est toujours là donc va-t-en.
— Je répète, je vis ici. Si quelqu'un doit partir c'est elle, pas moi.
— Elle a un putain de trou dans la trachée à cause de toi. Grogne Dave, mettant son pantalon. Tu n'as pas ta place ici.
— C'est ma maison.
— Va te faire foutre, je vais voir April, marmonne Pade en entrant dans la salle de bain.
Dave va dans sa chambre, je mets les meubles à leurs places puis vais me servir un verre de whisky dans la cuisine. Nate regarde les préservatifs dans la poubelle ou sur le sol. Je ramasse ceux au sol et je les jette. Je me lave les mains puis bois.
— Vous avez baisé avec elle ?
— Ça fait quatre jours qu'elle s'ennuie à crever à cause du trou dans sa trachée que mon mec a dû faire pour qu'elle ne meurt pas à cause de toi.
— Donc parce qu'elle s'ennuie, vous faites un plan à quatre dans mon salon. À moins que Tate ait participé et Kane aussi.
— Kane est parti de l'hôpital, il n'est jamais rentré et Tate ne couchera jamais avec April. Tu  devais rester chez Elle pendant un mois, pourquoi es-tu rentré ?
— Je n'aime pas les enfants et y'en a deux chez elle. Kane n'est pas rentré ? Faut que j'aille voir si Calli s'est présentée au travail.
— Tu resteras à la Falaise alors. On n'a pas envie que tu sois là.
— Pour une salope.
— C'est une princesse.
— C'est la salope du palais. On doit se débarrasser d'elle.
— C'est de toi qu'on veut se débarrasser, on veut qu'elle reste, elle est gentille.
— Elle t'a ouvert son cul et pas son cœur.
— Pas besoin de cœur quand on a un cul pareil. Tu devrais aller voir si Calliopé est au boulot et reste là-bas.
Il a fait appel à la sœur de Tate pour surveiller Kane en sachant qu'ils avaient déjà couché ensemble. Il devait s'attendre à ce qu'il arrive quelque choses entre eux.
— J'ai besoin d'une douche et de dormir, j'ai dormi deux heures et j'ai la dalle.
Je suis sûr que Elle ne l'aurait pas laissé mourir de faim, elle a l'instinct maternel même avec les gens qui ne sont pas ses enfants. Elle l'a nourri, logé et blanchis pendant quatre jours.
— La douche est prise et Pade a pris un préservatif donc tu auras de l'eau super froide d'ici une petite heure.
— Vous savez que si je m'en vais, elle découvrira ce qu'il se trouve dans la cave et elle va paniquer.
— Alors tu devrais autorise nous à se débarrasser du cadavre et on sera tranquille.
Ils auraient dû se débarrasser du corps dès la mort mais ils ont refusé pour des raisons sentimentales. Ils essaient de nous faire croire qu'ils ont des émotions alors que Nate a étranglé et frappé April jusqu'à ce qu'elle perde connaissance. Elle n'est pas la plus psychopathe de la maison, notre aîné est le pire.
— Non, elle reste là et moi aussi. April va devoir apprendre à vivre avec moi.
— Tu as failli la tuer.
C'est le seul reproche qu'on lui fait mais il trouve troujours le moyen de s'enfoncer dans ce pourquoi on déteste. Il réplique avec une sincérité qui me glace le sang:
— Vous auriez dû la laisser crever.
Je le fusille du regard en terminant mon verre, il veut la jouer seul contre tous, il perdra, il joue avec les esprits mais on est six contre un dont une princesse qui a déjà prouvé qu'elle pouvait lutter contre la magie.
— On aurait du te tuer quand tu as commencé à devenir obsédé par la copine de ton frère ou quand on a su que son putain de cadavres pourris dans notre cave.
— Tues-moi, qu'est-ce que tu attends ? Tu n'as même pas été capable de sortir des griffes acérées du démon qui s'était épris de toi à l'orphelinat alors tu crois que tu peux m'affronter sans tout perdre. Il t'a fallu sept putains d'années pour retrouver du respect pour ta personne, il suffit de sept secondes pour le faire partir.
— Ne me manque pas de respect.
— Comme si j'en avais pour une petite pute comme toi. Je respecte April bien plus que toi alors qu'elle vous a offert son cul. Elle a gagné mon putain de respect parce qu'elle vous manipule tous avec sa chatte et personne ne le remarque. Elle a réussi à vous faire croire que je suis un monstre alors que c'est de sa faute si on vit dans ce putain de taudis.
À cause d'April ? On vit ici parce qu'on a fuis l'orphelinat en laissant des cadavres derrière nous.
— Comment ce serait sa faute ? C'est une putain de princesse, tu crois qu'elle s'intéresse à huit orphelins qui ont quitté le pire lieu du monde.
— Vous ne vous souvenez pas, vous étiez trop jeunes pour vous souvenir. Ce n'est pas la première fois qu'elle nous rencontre.
Il perd les pédales.
— Qu'est-ce que tu racontes ? Elle a réussi à te rendre ton coup quand tu l'as frappé ?
— Elle était à l'orphelinat quand on s'est enfuie.
C'est impossible, une princesse dans un orphelinat. J'aurais compris qu'ils la mettent dans une pensionnat mais quel est l'intérêt de mettre une princesse dans un orphelinat. Je fronce les sourcils, lui sers un verre et lui dis de se reposer.
— Pourquoi j'inventerai une histoire pareille ?
— Parce que tu veux qu'on se débarrasse d'elle, tu as déjà inventé bien pire comme hier dans le même but. Prend ça et va dans ta chambre avant que je décide qu'il est temps pour toi de rejoindre Soléne.
Il saisit son verre et descend alors que des gémissements résonnent dans la salle de bain, Pade et April prennent leurs pieds sans nous. J'appelle Lane qui débarque avec des carottes tout droit sorti de terre. Il m'embrasse en rinçant ses carottes quand Dave revient dans le salon.
— Il est parti ?
— Dans sa chambre.
— Tu aurais dû le mettre à la porte.
— C'est chez lui.
— De qui vous parlez ?
— Nate est à la maison, pour le plus grand bonheur de tous. Ironise Dave en buvant directement au goulot de la bouteille de whisky. April a filé se réfugier sous la douche.
— Il vous a interrompu ?
Il s'en fiche, il veut juste savoir si j'aurais envie de baiser ce soir, la réponse dans tous les cas est la même, oui.
— Non, on venait tout juste finir. D'ailleurs doc, elle est très sensible au niveau de son pansement mais elle parle.
— Il n'y a pas de sifflement quand elle parle ?
Mon homme est sexy quand il joue au médecin avec les autres.
— Je n'ai pas fait attention à ça, elle a dit « Baisez-moi », je me suis exécuté sans faire plus gaffe que ça. Tu serais bisexuel et à ma place, tu ne ferais pas attention à ça non plus.
— Non pas de sifflement mais elle a pris bien vingt secondes pour pouvoir prononcer. Elle appréhende la douleur et ça la freine sinon ça va. Je complète avant que la porte de la salle de bain ne s'entrouvre sur Pade. Il est en bas.
April se dirige dans sa chambre alors que Pade, uniquement vêtu d'une serviette, vient vers nous. Mon petit-ami s'en décroche la mâchoire en le reluquant comme le dernier morceau de bœuf chez le boucher.
— Il va rester ?
— C'est chez lui. Je répète. Il est dans sa chambre, ça devrait aller.
— Tu n'as pas réussi à le mettre dehors ?
— Fais-le toi si tu trouves ça si facile. Tu t'es réfugié dans les bras d'April pour ne pas avoir à le confronter.
— Ce n'est pas pour ça.
— Tu es allé dans les bras d'April pour jouer avec son clitoris pour lui donner un dixième orgasme.
— Je t'emmerde, Vale. Je suis fatigué, je vais aller roupiller, est ce que l'un d'entre vous sait comment faire des mousses au chocolat, April m'a tanné pour en avoir. Le sexe lui donne des envies de bouffe, pire que quand Elle était enceinte.
— On n'a pas de chocolat.
— Je te laisse lui annoncer, tu lui diras que Nate est rentré en même temps. Je ne veux pas lui dire ça après ce que je viens de lui faire.
Il fonce dans sa chambre et claque la porte pour toucher son mécontentement avec la situation. Je comprends sa colère, je le suis tout autant que lui sauf qu'il faut se heurter au monde réel, sans Nate on serait probablement mort depuis des années.
— Tu vas le laisser gagner sans te battre ?
— Je ne le laisse pas gagner en l'autorisant à dormir dans son lit.
— Tu essaies de t'en persuader, il ne respecte aucun de nous.
Sujet qui fâche, je riposte donc.
— Comment va Kayley ?
— Va te faire foutre.
— Elle était où quand tu baisais April ?
— Je t'ai déjà dis d'aller te faire foutre.
— Réponds à la question, je suis curieux. Dit Lane en croisant ses bras sur son torse.
— Elle était là en train de me distraire pour que je ne tue pas April. D'accord ? Je déteste cette pute mais putain qu'est ce que j'ai envie de la baiser.
— Sympa. Donc maintenant est-ce que quelqu'un peu me dire qui est Kayley ?
Ce n'est pas à moi de répondre à ça, April sur la pointe des pieds se rapproche de la cuisine. Elle s'installe sur un tabouret à côté de Dave et me regarde couper en fines lamelles les carottes que Lane a déterrées. Elle se sert un verre d'eau, son visage rayonne et ses lèvres sont cramoisies.
— Qui est Kayley et pourquoi lui parles-tu ?
— Kayley est mon ex que j'ai tué à coups de poings et je lui parle parce que je rêve de faire la même chose avec toi parce que je n'aime pas le fait que tu saches des choses sur nous. Tu m'attires et je n'aime pas ça.
Elle dépose un baiser sur son front et caresse ses cheveux.
— Je ne t'aime pas non plus, mais tu es un bon coup.
— Merci.
— Ne me tue pas et je te dirai merci en retour.
C'est la conversation la plus surprenante à laquelle je n'ai  jamais assisté. Deux personnes qui se détestent et qui se remercient les yeux dans les yeux.
— Je vais aller acheter des tablettes de chocolat pour te faire des mousses au chocolat. Bisous, princesse.
Il dépose un baiser sur sa joue puis quitte la maison, elle est parvenu à lui parler sans se faire étrangler ou tabasser. Elle est talentueuse, Lane va chercher des affaires dans le tiroir du lavabo, il se place devant April et retire le pansement sur sa gorge. Elle lève le menton, il désinfecte la plaie et met un nouveau pansement avant de vérifier sa température avant de le noter dans un petit carnet.
— Tu n'as plus de fièvres, du moins j'imagine que tu as chaud à cause du sexe. C'était bien de coucher avec mon copain?
— Si tu veux, j'arrête. Dis-moi d'arrêter et je ne le toucherai plus. Je ne veux pas causer de problèmes.
Tate m'a confié qu'elle avait des règles en matière de sexe et j'ai obtenu l'accord de Lane pour coucher avec elle donc ça ne lui a pas posé problème mais si mon Timide dit quoique ce soit, elle va renoncer à nos relations.
— Tu ne poses pas de problème, je suis juste curieux de savoir s'il est aussi doué avec les femmes qu'avec les hommes.
— Il est très doué pour l'anal que pour le vaginal mais il est quand même bon.
— Je ne t'aime pas mais tu es adorable. Tu veux nous aider à cuisiner ?
Mon petit-ami et ma maîtresse créent des liens, je n'aime pas ça.
— Si tu veux.
Elle vient devant moi et attrape un couteau. Elle coupe les poireaux puis les mets dans la casserole. Lane découpe des morceaux de viande rouge qu'il fait cuire dans une poêle. J'épluche les pommes de terre et les plonge avec les légumes pendant qu'elle boit se prépare un smoothie de pêche.
— Nate est parti ?
Lane me donne un coup de pied dans la cheville. Je déteste le fait qu'il suive les règles, parfois ça a du bon mais je n'ai aucune envie de réduire à néant le moral de la princesse alors qu'elle a l'air si heureuse. Elle se sert d'une cuillère pour boire son smoothie au lieu de boire à la paille.
— Non, il est en bas dans sa chambre.
— Il va monter pour dîner ? C'est uniquement pour savoir si je me nourris de smoothie et de carottes crues ou si je vais avoir de la viande.
— Tu veux que j'aille lui demander ?
À en croire son regard, je sautille les escaliers et toque à la porte de la chambre de Nate.
— Je t'apporte de la nourriture ou tu montes pour manger.
— Je vais monter mais pas tout de suite, tu peux dire à la petite salope que je ne vais pas la tuer aujourd'hui si ça la rassure.
— Pourquoi la détestes-tu autant ?
Je regarde le cadavre attaché au mur, je décale la mâchoire du squelette de Soléne et lui fait un Check. Ils se ressemblent tous une fois la chair disparue et les organes avalés, des squelettes tous de la même largeur mais pas la même hauteur.
— C'est à cause de Soléne ?
— Vale, va te faire voir.
Je me mets face au cadavre, je me passe ma main dans celle de Soléne tenu par un collier métallique. Je l'aimais bien quand on discutait ensemble. Je danse avec elle sans trop bouger pour ne pas décrocher son crâne de sa colonne vertébrale.
— Elle a maigri, tu ne trouves pas ? Soléne a fait un régime, non ?
— Laisse ce cadavre tranquille sinon tu seras attachée à côté d'elle.
J'entends des bruits derrière lui. Intrigué, je me retourne et découvre la princesse qui me surprend en pleine valse en l'observant discrètement. Elle a un sourire malicieux et un regard espiègle. Ses cheveux sont légèrement ébouriffés et elle lâche son verre que je rattrape avant qu'il heurte le sol. Si elle fait le moindre bruit, Nate va sortir de sa chambre et la tuer. Je pose le verre sur la table quand elle frôle la mâchoire du cadavre. Elle s'apprête à crier quand je presse ma main sur sa bouche. Les larmes coulent sur ses joues, je la tire en arrière et l'accule dans un coin de la pièce. Je caresse son visage et essaie de la calmer.
— Chut ! Princesse, ne fais pas de bruit. S'il t'entend, tu vas la rejoindre. Fais attention à toi, il n'est pas de bon poil. Il est agacé quand on parle de Soléne. Je chuchote en pressant mes hanches contre les siennes. S'il-te-plaît !
Elle écarquille les yeux et me mord avant de courir. Elle attrape l'un des couteaux de boucher et me menace avec. Pade apparaît en haut de l'escalier, il franchit les derniers mètres, je lui montre le cadavre d'un coup de tête et il analyse très vite la situation.
— Ne fais pas de bruit, murmure-t-il en bloquant le passage. Pose ce couteau, tu pourrais te blesser ou pire.
Elle se tourne vers lui, présente le couteau, fait un pas vers lui, le menace avec le couteau qu'elle dirige vers sa queue.
— Tu vas me laisser passer ou je te coupe la bite. Il a tué Soléne ?
— Non, non, c'est Kane qui l'a tué. Nate l'a séduit mais Kane l'a assassiné. Il la garde pour se souvenir.
Elle plante le couteau sur la table à un ou deux millimètres des doigts de Pade. Elle l'embrasse, glisse sa main dans son pantalon alors que je m'approche d'elle à petit pas. Je récupère le couteau, elle me suit du regard tout en s'agrippant à la queue de Pade qui se tortille pour elle.  Il faut que j'agisse avant qu'il ne la laisse partir.
— Laisse-moi passer, chéri. Je veux juste aller manger et je te promets qu'on dormira ensemble ce soir.
— Parle moins fort bordel de merde, tu veux nous faire tuer ?
La lueur faible de l'unique ampoule suspendue éclaire à peine l'endroit, créant des ombres inquiétantes sur les murs en pierre. Les vêtements d'April sont couverts de poussière, témoignant des semaines de ménages que nous n'avons pas fait. Son visage est marqué par la détermination et la peur mêlées, ses yeux brillent d'une lueur de résistance.
Elle parvient à s'échapper et utilise chaque recoin de la cave pour se cacher, cherchant désespérément une issue pour échapper à Pade et moi. Son souffle est court et rapide, mais elle ne semble  pas perdre  espoir. On l'entoure tous les deux, elle est prise au piège mais je ne peux pas lui faire barrière très longtemps.
— Vous saviez que ma cousine était morte dans votre cave depuis le début. Vous êtes des enfoirés. Pleure-t-elle tout en frappant mon torse avec ses poings. Ma cousine est morte!
— Je suis désolé, vraiment désolé.
Je ne supporte pas de la voir pleurer, je la laisse passer mais un bruit sourd fait trembler les murs.
Le monstre a été libéré.
La porte de sa chambre est ouverte.
Nate est de sortie.
C'est la fin pour April.

Ni cœur, Ni âme (1)Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu