Chapitre 16 : Serrer les dents

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Aaron arrête le moteur de la voiture juste en face de ma résidence.

Je soupire en repensant à la tournure des choses. On aurait très bien pu passer une après midi tranquille avec ses parents, j'aurais appris à les connaître et ils auraient vu qu'au-dessus de la fille stupide qui balance des imbécilités et qui est maladroite, il y a moi.
Keira Allen, jeune fille timide et passionnée, détentrice d'un Master en marketing obtenu dans une des plus grandes universités de l'Etat.

Mais non, bien sûr j'ai loupé ma chance. Et je dois dire que j'en veux un peu à Aaron.

Je n'ai rien dit sur le coup, et je suis restée sereine jusqu'à ce que grand-mère annonce qu'elle devait partir. A partir de là et en voyant le soleil se coucher, nous avons nous aussi décidé de mettre les voiles.

Et c'est dans la voiture que tout est remonté. Et j'ai serré les dents, parce que j'avais l'impression que si j'ouvrais la bouche, ce ne serait pas pour dire des choses très gentilles.
Et je me rends compte à quel point ma réaction est stupide, et totalement puérile, mais je ne peux pas m'en empêcher. C'est plus fort que moi.
Et j'ai tenu tout le long du trajet sans rien dire. Et j'ai bien vu les regards en biais d'Aaron, après qu'il m'ait posé quelques questions pour occuper le temps et que je ne lui ai quasiment pas répondu. Il a même mis sa main sur ma cuisse pour que la situation semble moins bizarre. Mais au final, face à mon manque de réaction, il a décidé de retirer sa main, et certainement de mettre mon comportement de côté le temps du trajet. D'ailleurs, il s'est comme muré dans un silence de plomb et dans une attitude sévère qui ne lui ressemble pas.

Mais en réfléchissant, j'en suis arrivée à la conclusion que le mieux était de me taire. Je ne suis pas ce genre de fille, le genre de fille qui s'énerve pour un rien, et qui décide d'attaquer son petit copain qu'elle prend en guise de punching-ball. Ça ne me ressemble pas. Mon travail m'a toujours appris à être posée et contrôlée. Alors il faut que je me comporte comme une bouteille de coca qu'on a secouée : on ouvre petit à petit le bouchon pour évacuer la pression, jusqu'à ce qu'il n'y en a plus du tout. Et là, on peut reprendre le cours normal de nos activités.

Et je suis stupide d'être énervée à propos de cette histoire idiote.

Devant la porte de ma résidence, le moteur éteint, Aaron passe une main dans ses cheveux alors que je fixe le pare-brise. En fait, je me sens un peu idiote d'avoir réagit de la sorte, mais maintenant je sens que je vais un peu mieux. Que la plupart de la pression a été évacuée.

Et je jette un regard vers Aaron, qui, pour une fois n'est pas coutume, m'étonne une fois de plus. Il m'observe avec un regard dur, presque vide de sentiments. Ses yeux sont sombres dans la nuit noir, mais la tension est plus que palpable dans m'habitacle. Et pas une bonne tension. Plutôt le genre de tension qui ne peut présager que du mauvais. Et j'en ai la chair de poule. Qu'est-ce qu'il se passe ?

« -Tu te décide à me dire ce qui ne va pas ou je vais devoir te supplier comme d'habitude ? me demande-t-il avec un ton tellement différent, sarcastique et hautain que mes yeux commencent à s'imbiber d'eau. »

Son ton est froid et distant. Jamais je n'ai été aussi proche de lui en m'en sentant aussi éloigné.

Pardon ? Je dois certainement rêver. Je vous en supplie, dites-moi que je rêve.
Mais non, je ne rêve pas, je vis un cauchemar.
Finalement, il s'est décidé.

J'attendais secrètement ce moment avec une boule au ventre de la taille de la Terre.
Il veut me quitter.
Ma grand-mère a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Jusque là il tenait parce qu'il trouvait peut-être ma mère surprotectrice, et ma sœur gentille après tout. Mais mamie a tout gâché.

This Evil Little Love (L'amour est un petit diable #1)Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum