Chapitre 20 : Affronter et se souvenir des belles choses

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Attendez, je dois rêver. Non, il y a erreur sur la marchandise.
Ça, cette chose horrible n'est pas Aaron.

Une boule se forme dans ma gorge à mesure que je prends conscience de l'humiliation.
Mon visage rougis au moment où celui d'Aaron se retourne vers le mien. C'est comme s'il voulait s'assurer des dégâts occasionnés par ses mots. Comme pour être certain de me faire souffrir.
Et je le vois dans ses yeux. Ce grain de folie mêlé à un désir puissant de vengeance. Il veut me faire souffrir.

Non. Je ne le laisserais pas faire !
Je secoue la tête, comme pour reprendre mes esprits.
Aaron et ses associés n'ont pas bougé d'un iota. Ils sont toujours debout en face de moi, de l'autre côté de mon bureau. Et je me sens un peu bête d'être restée debout. Mais j'en profite en me disant que ça me donnera peut-être de la grandeur.
Je me penche légèrement en posant mes poings sur la table.

Il a quand même dit que je n'avais rien à faire de ma vie.
Il faut absolument que je lui réponde.

« -Je pense que vous me battez certainement sur ce point-là Monsieur Eras, je dis d'une voix déterminée avant de lâcher un petit rire mesquin, je ne passe effectivement pas mes journées à coucher à tout va, moi. »

Et je vois la mâchoire du monsieur chauve s'ouvrir subitement, en même temps que celle de l'avocat.
Pas ce à quoi vous vous attendiez, hein ?

Et le regard d'Aaron est étonné.
Ses yeux s'ouvrent spontanément sous le coup du choc.
Vraiment étonné.
Et pendant ces quelques secondes d'étonnement, il laisse tomber son masque.
Et je retrouve mon Aaron. Comme quoi, il est toujours là, quelque part.
Non. Aaron est parti.

Et dans ma tête, mes idées s'embrouillent. Je ne comprends pas d'où vient toute cette haine envers moi. C'est plutôt moi qui devrais lui en vouloir. C'est moi qui l'ait vu à la une des magazines au bras (et à la bouche) de la meilleure amie.
Ça m'a brisé le cœur.

Ma haine est justifiée. Mais la sienne... elle est tout simplement incompréhensible. Et j'aimerais lui demander pourquoi est-ce qu'il m'en veut autant, mais je ne peux pas devant son personnel.
C'est une affaire privée, pas besoin d'étaler son linge sale en public.

Aaron passe une main dans ses cheveux –et mon cœur s'arrête et reprend une dizaine de fois- et me lance un sourire mauvais. Aucune once d'amour ni de gentillesse dans ce genre de sourire.
C'est désespérant. Et j'en ai le souffle coupé.

Jamais personne ne m'a détesté à ce point.
Et personne n'aime qu'on le déteste. Surtout quand ce n'est pas justifié.

« -Vous avez perdu votre sens de la politesse Mademoiselle Allen ? reprend Aaron en frottant les poils de sa barbe naissante.»

Et sa phrase sonne comme une attaque.
Comme s'il me connaissait et qu'il savait que je n'ai pas l'habitude d'être malpolie.
Il me connait et sait que je n'ai pas l'habitude d'être malpolie.
Mais je dois changer. La Keira d'avant est trop raccrochée à l'Aaron d'avant.

Et l'Aaron d'avant est parti. Envolé. En fumée.

« -Excusez-moi, dis-je en plaçant ma main sur ma bouche comme si j'étais honteuse. Je voulais dire que je ne passais pas mes journées à prendre du plaisir avec des péripatéticiennes, tout le contraire de vous. »

Et le petit chauve ne peut s'empêcher de pouffer. Il a arrêté de regarder sa montre. En effet, le spectacle devient un peu plus intéressant...
D'un regard, Aaron lui ordonne de se contenir, et il s'exécute. Plus personne ne bronche dans la pièce. J'hausse un sourcil en voyant l'agressivité dans le regard d'Aaron.

« - Et elle a du répondant ! se permet de dire Aaron en levant les yeux au ciel. C'est qu'elle apprend vite... »

« -Asseyez-vous, je le coupe d'un ton exigeant. Je n'ai pas toute la journée. »

This Evil Little Love (L'amour est un petit diable #1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant