Somehow, I would know ... [ ANCIENNE VERSION ]

Chapitre 33 : Surrender

«  Est-ce que l'on va seulement se battre pour conserver ce que l'on n'a pas encore détruit, Audrey ? »

***

C'est cloîtrée dans ma chambre que les deux hommes de la maison me retrouvèrent le soir même. De méchante humeur, Andrew tenta néanmoins de s'introduire dans ma chambre ce qui fut peine perdue.

Lorsqu'il voulut élever la voix sur moi, mes geignements caverneux déclenchèrent une incompréhension nouvelle chez lui.

Il m'avait toutefois portée jusqu'au divan du salon insensible à ma crise de larmes, me forçant à prendre place aux côtés de mes deux cousins d'ores et déjà installés.

J'en avais été réduite à me mettre en boule à l'autre bout du fauteuil que nous nous partagions, incapable de regarder une seule des personnes auprès de qui j'avais pris place.

Jace avait le regard rivé vers moi et cherchait à me parler. A force de tentatives manquées, il se rapprocha de moi et comme pour combler mes maux dont il ignorait tout, me claqua une bise sur le front avant de s'emparer de mes mains et de les maintenir dans les siennes.

En silence, je ne pus que les regarder avec dédain et me remémorer de notre situation particulière.

Néanmoins, j'étais si faible que je ne pus m'empêcher de me blottir contre lui, les yeux fermés, me forçant à faire le vide dans ma tête. C'était peine perdue à en voir les événements passés qui s'entrechoquaient impitoyablement en moi.

Lorsque devant les regards méprisants d'Audrey et Andrew réunis Jace me berça comme une enfant, c'en fut trop pour Audrey qui se leva et nous sépara.

Avant même qu'une nouvelle altercation ne naisse entre Audrey et moi, Andrew réclama le silence et s'installa en face de nous.

Nous jaugeant avec incertitude, il balbutia au bout d'un long moment :

- Lorsque je nous vois tous les quatre, je suis désemparé. Je ne comprends pas comment la situation a pu dégringoler à ce point. Ce que je vous demande ce soir ce ne sont pas des règlements de compte dans tous les sens, des mots assassins envoyés à la volée, des jeux de regard ou que sais-je encore.

Je veux que nous parlions en personnes civilisées. Et je sais parfaitement que le dialogue, c'est ce qui a manqué chez nous. Sans quoi nous n'aurions peut-être pas été confrontés à cette montagne de problèmes. Sans quoi, nous ne serions pas tous si éloignés l'un de l'autre.

Audrey se leva derechef et nous informa sèchement qu'elle n'avait pas la tête à débattre avec nous, pour ce soir.

- Je prends sur moi, ce soir, Audrey. J'ai une pile importante d'impôts à régler pour demain sans retards possibles, un charmant mot-croisé posé sur mon édredon, mon émission télé que je ne peux pas me permettre de manquer et tout un tas d'autres choses. Mais au delà de ces obligations existentielles, j'estime devoir revenir sur certains points avec vous. Je ne te laisse pas le choix, ce soir. Ni à aucun de vous, d'ailleurs. Vous m'avez reproché de trop faire la sourde oreille, de me foutre de vous, vous aurez ce soir la preuve que non. Proclama-t-il d'un ton sans appel.

Nous étions restés tous trois bouche-bée face au radical changement de discours d'Andrew. Qu'avait-il donc, ce soir ? Nous avions été habitués à cet homme malhabile et bagarreur ; nous nous retrouvions avec un homme tout autre.