Chapitre 34 : Headway

102 5 0
                                        

C'est ainsi, qu'Andrew et moi nous étions retrouvés attablés au restaurant. C'était si rare que nous passions un moment ensemble sans y être contraints que je me pris à regretter que ce moment se fasse en ces circonstances.

Andrew n'avait plus cet air supérieur qui l'avait - à mes yeux - longtemps rendu détestable. Il n'avait plus ces réflexions, ce front plissé, ces yeux noirs, cet air indéfiniment insatisfait ; il avait juste ce sourire timide et cet air réservé plutôt inhabituel chez lui. Attentionné à mon égard, timide, pensif, autant de traits de caractères que je ne lui connaissais pas.

Mais avais-je seulement pris le temps de le connaître ?

- Je suis contente d'être avec toi, Andrew, avais-je commenté alors que nous venions de passer commande auprès de la serveuse.

Ne s'y attendant pertinemment pas, Andrew tendit une main malhabile et me remercia d'un signe de tête.

- Au plus j'y réfléchis, au plus je me suis montrée injuste avec toi, et je le regrette, constatai-je avec un sourire crispé. Je n'étais pas si impartiale, avant, lorsque je quittais encore les bras de maman pour venir te rejoindre.

Andrew en réaction à mon sous-entendu détourna le regard et me rétorqua d'une voix douce de ne pas donner tous les torts à Jace, sans quoi je passerai à côté de la vérité.

Il avait dit cela sans colère, juste avec bon sens et certainement dans l'espoir que cette fois je l'écoute. Et je m'étais demandée si cette soudaine espérance en mon tuteur résultait de la ribambelle de déceptions laissées par Jace. J'avais tant été du côté du côté de ce dernier que je l'avais sciemment repoussé de moi sans arrêt, sans même lui laisser une chance de faire ses preuves auprès de moi.

Pourquoi avoir été si bornée, si injuste, si aveugle ?

Mal à l'aise, j'avais préféré changer de sujet.

J'aurais pu lui poser des centaines de questions. Pour espérer comprendre ses silences, ses cachotteries vis-à-vis de mon héritage et un tas d'autres choses. Lui demander de m'expliquer mille et une choses à propos de la mystérieuse demoiselle de la famille dont j'ignorais tout. Lui demander des comptes pour s'être entendu avec Edène. Lui demander ce qu'il adviendrait seulement de Jace. De nous tous. De notre famille.


Ces questions m'avaient effleurées, mais je les avais avec le sourire remises à plus tard. J'avais réalisé que bien plus que cette énième mise au point, - qui ne contribuerait au grand jamais qu'à des éclats de voix supplémentaires, à de nouveaux maux, de nouvelles distances - tout ceci ne ferait que gâter ce moment privilégié entre nous deux. Je passais un bon moment, c'était si rare.


Ainsi, j'avais d'un mouvement négligé de main balayé ces problèmes et observé Andrew qui dans un même élan avait paru se prendre au jeu et avait remis à plus tard son sermon.

Nous avions ainsi passé un repas plaisant durant lequel nous nous étions tous deux détendus et avions progressivement pris nos aises.

Nous nous étions pris à rire de mes enfantillages passés, des siens, de nos erreurs respectives. Nous avions survolé tous les sujets avec légèreté, guettant cependant encore et toujours les réactions de l'autre, de peur que ces plaisanteries n'aillent trop loin.

Je m'étais même prise à le trouver comme ma mère, comme maman.

Il avait ces yeux brillants, ce sourire timide, cette répartie, cette ténacité que j'aimais tant chez ma mère. Alors, j'avais été heureuse de retrouver en cet homme une part de ma mère. J'avais été heureuse d'être avec lui. J'avais été heureuse de suivre quelqu'un que je savais bienveillant. Quelqu'un de qui j'avais tout à apprendre qui plus était.

Somehow, I would know ... [ ANCIENNE VERSION ]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora