Chapitre 25: Strength

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 « Et maintenant, cherche ta vie » - René Guy Cadou

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Je ne sus dire combien de temps dura ce laisser aller.

Tout était indéfiniment flou. Trop flou. J'étais incapable de distinguer quoi se fut quand bien même j'aurais été en mesure de me situer.

J'étais dans une position inconfortable, cambrée sur moi-même, mes mains étaient glacées et j'étais assaillis de soubresauts que je n'étais pas en mesure de contrôler.

Il m'était impossible de m'arrêter, j'y avais renoncé.

Des larmes salées coulaient le long de mes joues pareilles à des sources inépuisables de détresse.

Tout ce flot disgracieux avait besoin de se soustraire de moi.

Asthénique, je me laissai faire.

L'oxygène me manquait et impuissante je me livrais, m'enfonçais dans les entrailles de ce mal acharné.

J'aurais voulu tout raconter à Audrey. J'aurais dû. Pourtant j'en étais incapable.

J'étais plus fragile que je ne l'avais jamais été. Et j'étais surtout mauvaise et égocentrique.

La vérité m'était impossible à dire à voix haute tant elle était revêche.

Je ne supportais pas de voir les gens heureux. Vivre d'un bonheur que je n'avais toujours pas acquis.

Je m'acharnais à tout voir en noir, à me lamenter incessamment sur mon sort, à me plaindre quand je ne monopolisais pas toute l'attention.

Ma colère contre moi-même était telle que je me maudissais de tout les noms, sans que cela changea quelque chose à la donne.

Il y avait tellement de détails qui clochaient en moi. Tellement d'émotions que je ne parvenais pas à décrypter. Tellement de pleurs, de colères, de mal-être inexpliqués.

Comment aurais-je pu expliquer ma situation à mon entourage ?

C'était insensé. Insensée était cette vie, ce moi que je ne connaissais pas, ce mal-être inqualifiable, ce caractère horripilant. Tout dans ma vie était insensé.

La vie représentait pour moi un casse-tête chinois et il m'était impossible de m'en dégager.

Ma destinée était toute tracée. Une vie de désillusions et de souffrances.

J'aurais voulu mettre fin à tout cela, cesser cette vie qui ne rimait à rien.

J'aurais voulu faire souffrir mes proches, les anéantir, les rendre malheureux, désespérés, seuls, comme moi j'avais pu l'être mais je ne pouvais m'y résoudre.

M'y résoudre car je n'avais pas le droit. Pas le droit de laisser mon pessimisme prendre le dessus, me laisser aller et décider pour les autres. Je ne pouvais pas me comporter ainsi. Je devais reprendre le dessus, et quoi qu'il m'en coûte, redevenir la Charly souriante et enjouée dans laquelle je me reconnaissais. De plus, je ne pouvais pas recourir à un geste désespéré. Ç’aurait été profaner la mémoire de mes parents. Eux qui avaient tout fait pour que je sois heureuse, eux qui n'aspiraient qu'à mon bonheur.

Somehow, I would know ... [ ANCIENNE VERSION ]Hikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin