Chapitre 49

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Je suis officiellement ce qu'on qualifierait de quelqu'un de mauvais, défectueux, dépourvu de qualités morales. Un Muller. Hier soir j'ai commis l'irréparable, et, pour une fois, je prends le dessus sur le sentiment de culpabilité qui tente tant bien que mal d'envahir tout mon être. Hors de question de me sentir coupable pour un acte que je ferais encore, et encore. Sans regrets. Lias, si c'est une personne normalement constituée, doit sûrement être partie. À jamais cette fois. D'un côté, elle m'a aidé à avoir Tom pour moi tout seul. Je n'aurais plus à craindre qu'Emma me l'arrache à tout moment. Au moins elles ont servi à quelque choses ces deux connes. L'une pour m'avoir pondu un trésor et l'autre pour m'avoir aidé à posséder entièrement ce trésor.

Mes pensées étaient pleinement occupées par Amanda que je suis pressé de revoir jusqu'à ce que mon ouïe soit distraite. Elle perçoit des sons qui ressemblent à des voix produites par des cordes vocales humaines. Qui me rend visite de beau matin ? Je suis crevé. Tant, que je n'ai même pas la force de m'inquiéter, ayant tout dépensé dans mes coups de ceinture sur Lias. Je sors alors tranquillement, torse nu, en jogging Adidas. Je ressens soudainement une grosse douleur au niveau de la joue, je suis légèrement ouvert. Cette connasse a dû me griffer pendant un moment d'inattention, quelle bâtante !

Mon salon est bel et bien occupé, il y a mon frère, celle que j'ai frappé en train de se faire soigner par son ex, Paul. Il est agenouillé devant elle et lui tapote du coton imbibé d'alcool, (logiquement) sur la joue. Ethan lui est assis près d'Amber et assiste au spectacle, ses sourcils épais étant excessivement froncés. Comme si on venait de lui apprendre qu'on venait de trouver un remède contre le sida mais qu'il n'en bénéficierait pas puisqu'il n'a pas un rond. D'humeur provocateur comme l'est toujours l'ex de Lias, je m'appuie sur un des murs du salon et souris.

- T'étais où toi quand il l'a défiguré comme ça ? Paul gronde Ethan.

- Dans ma chambre...j'étais énervé j'avais mis mes écouteurs...

- Imbécile ! l'injure Paul. Ne t'inquiète pas Lias, dès que je finis on va au commissariat, tu vas porter plainte.

Amber secoue la tête en me regardant, le regard perçant. Ne la regarde pas Muller, tu vas culpabiliser... Trop tard ! Je suis soudainement rongé, consumé, tourmenté, miné par la culpabilité dont l'intensité est accentué à chaque bouchée d'air recueillie par mes poumons. Il est tout de même hors de question de le montrer alors je détourne mon regard de Lias et le pose sur Paul qui a finit par ressentir ma présence. Il se lève lentement, me tue sans doute une dizaine de fois dans sa tête puis me pose calmement une question.

- Pourquoi ?

J'hausse les épaules et ça l'énerve. Il presse le pas vers moi, serre les dents avant de me mettre un coup de poing qui m'étourdie.

- Ben alors Muller ? Tu ne te défends pas ? Ah quand ce n'est pas une femme en face de toi c'est plus compliqué hein ? me questionne-t-il avant de répéter son acte.

Je me laisse faire. Ce n'est pas la force qui me manque pour me bagarrer avec Verger, non c'est autre chose. Comme une sorte de paralysie musculaire qui débarque de nulle part et m'empêche de réaliser le moindre mouvement. Serait-ce de cette manière que mon inconscient décide de me punir ? Après tout, je le mérite. Je mérite même plus que ça. L'humiliation que je risque d'avoir sera si intense qu'il y a fort à parier que ça atténuerait la honte qui me sape, m'ébranle mentalement. D'ailleurs, pourquoi me suis-je montré violent envers Amber ? Je me suis senti profondément trahi, c'est cela... Cesse de te trouver des raisons Muller, tu es un salaud.

Broken I Where stories live. Discover now