Chapitre 1 - 1° partie

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Enfin, je pensais être prête à commencer ma nouvelle vie mais rien ne s'annonce comme je l'avais prévue.



Déjà, je me suis levée en retard. C'est sur qu'à force de réactionner le réveil, ça ne m'avance pas mais bon, mon week-end de déménagement m'a clairement épuisée. Ensuite, alors que je ramenais mon café brulante à la table, je l'ai échappé. Vous savez ce que c'est, vous prenez le récipient une première fois et vous le reposez brutalement car il vous a littéralement brulé la pulpe des doigts. Mais vous pensez être fort. Vous calculez la distance qui vous sépare de la table et vous vous dites que c'est jouable. Et bien ça ne l'est jamais. Vous n'êtes pas Rambo. Bilan, une tasse en moins, ma favorite, bien entendue, éparpillée dans la cuisine et le sol recouvert de ma précieuse boisson du matin. Maintenant, il n'y a plus qu'à passer un coup de serpillière après avoir ramassé les morceaux. Et à se refaire un café, moins chaud cette fois ci. Ceci étant fait, je me douche rapidement, me maquille et m'habille. Évidemment, en enfilant mes collants, je les file. Enfin, je les troue. Là, c'est irrécupérable. La catastrophe ! C'est ma dernière paire. Toutes les autres sont au lavage, que je n'ai pas eu le temps de faire à cause de ce foutu déménagement. Plan B. Je vais passer un pantalon. La blague! Eux aussi sont dans le bac de linge sale. Oui, je ne suis pas une femme d'intérieure. Ni d'extérieure d'ailleurs. Bon, ok, je suis une grosse feignasse. Mais j'assume. Il ne reste que le plan C. ça ne m'enchante pas mais je n'ai pas le choix, je ne peux pas sortir sans collant au mois de février. Hors de question! Je fouille rapidement dans ma penderie et sors la boite argentée que m'a offerte Pierre à Noel, pour que je me sente sexy. Un magnifique porte jarretelle, accompagné de bas de soie très élégants. J'ai beaucoup rit quand je l'ai reçu. Que voulait-il que je fasse de ça ? Aujourd'hui, ce truc me sauve surtout la vie. Je sors le petit bout de dentelle et le passe rapidement par-dessus mon tanga. Je prends grand soin de passer les bas sans les filer cette fois et me débat pendant cinq bonnes minutes avec les attaches de ce foutu sous vêtement. C'est un homme qui a inventé ça. C'est plus facile à défaire qu'à mettre. D'ailleurs, je reclippe deux fois une attache récalcitrante pendant que je me coiffe. Je passe ma robe, enfile un gilet, attrape ma veste et mon foulard, glisse dans ma paire préférée d'escarpin. Je jette un dernier coup d'œil à mon reflet dans le miroir de l'entrée et fonce au garage. J'ai déjà 5 minutes de retard. Je cours presque jusqu'à l'ascenseur et remercie silencieusement celui qui a pensé à mettre de la moquette dans le couloir, ce qui évite que je réveille tout le monde avec mes claquements de talon. Quand l'ascenseur daigne arriver - oui, je fais parti de ces gens qui appuient dix fois sur le bouton d'appel en espérant que la boite de fer arrivera plus vite - je m'y engouffre à toute allure. Je sens que l'attache récalcitrante vient une nouvelle fois de ce faire la malle. Panique ! Cette matinée ne s'annonce pas être une des meilleures. Les portes commencent à se fermer alors je relève rapidement ma robe à hauteur de hanche que je coince sous mon bras gauche tandis que ma main droite agrippe mon bas. Et c'est à ce moment là, mesdames et messieurs que le pire reste à venir car un type se jette de justesse dans l'ouverture qu'il restait et pénètre dans la cabine. Face à moi. Moi, qui est relevée ma robe. Moi, qui tiens mon bas tant bien que mal. Moi, qui suis à moitié à poil. Aujourd'hui est donc officiellement ma deuxième journée la plus pourrie de toute ma vie, la première étant réservée à ma découverte surprise de Paul et Katia. Décidément, les communs des immeubles me portent la poisse. On se fige tous les deux durant une demi seconde, le temps que les portes se ferment complètement. Le gars a les yeux rivés sur ma cuisse et moi, cramoisie, je le fixe. Il fallait en plus que ce type soit canon ! Je suis vraiment maudite. Je peux vous dire que dans son costume gris anthracite, il a fière allure. Il est taillé en v, planté sur des jambes solides et longilignes, la mâchoire carrée, des pommettes hautes et des yeux d'un vert, mon dieu, tellement intense que ça me parait irréel. Mais ses yeux sont un problème, un immense problème car il lorgne une partie plus qu'intime de mon anatomie. Il s'est passé quoi ? Deux secondes ? Quand je sors de ma torpeur. Croyez-moi, cela m'a paru une éternité.

- Ça vous dérangerez de vous retourner le temps que je règle mon problème, je lui demande d'une voix bien plus assurée que ce que j'espérais.

L'inconnu détache enfin son regard des mes jambes pour m'observer.

- Je peux, peut-être, vous aider, il me propose avec un sourire un coin.

- J'ai un spray au poivre et je vous promets de l'utiliser si vous esquissez ne serait-ce qu'un mouvement vers moi.

Ça semble le faire rire mais il se retourne quand même. J'en profite pour me battre avec cette foutue attache.

- Vous êtes certaine de ne pas vouloir d'aide ?

- Parce que ça vous arrive fréquemment de mettre des jarretelles ? je lui demande acide.

- Pas vraiment non, ce n'est pas mon genre, il s'esclaffe.

- Alors, je ne vois pas en quoi vous pouvez m'aider.

- J'ai cependant, l'habitude avec ce genre de lingerie.

Oh génial ! C'est bien ma veine.

- Je ne souhaite pas les enlever mais les maintenir en place donc je me passerai de vos services douteux.

- Comme vous voudrez, il soupire en haussant les épaules.

Après mettre légèrement débattue, je fini par accrocher mon bas et je serre bien entre mes doigts l'objet plastique qui semble cette fois ci à sa place. Mais vu comme la journée a commencé, je ne m'attends pas à un miracle. Je baisse ma robe et me réajuste.

- C'est bon, vous pouvez vous retourner, je lance à l'intrus qui ne tarde pas à me faire face de nouveau.

- J'aime beaucoup commencer ma semaine ainsi, il me réplique en souriant.

L'ascenseur s'arrête et s'ouvre sur le parking.

- Je vous remercie pour le spectacle, ce fut bien agréable.

Il s'efface pour me laisser sortir et je me presse de quitter de cet endroit trop exigu à mon gout.

- Bonne journée, il me lance alors que je m'éloigne à grand pas

- Ouais, c'est ça. Excellente journée, je grommelle dans ma barbe avant de monter dans ma voiture.

Quand je démarre, je vois dans le rétro qu'il n'a pas bougé d'un pouce et qu'il m'observe. Il va falloir que je prévois dix minutes de plus à mon réveil pour que je ne le recroise plus jamais celui là avec son regard vert émeraude et son sourire charmeur. Je n'ai pas besoin de complications dans ma vie.


De l'autre côté du couloir ( Terminé )Where stories live. Discover now