De l'autre côté du couloir ( Terminé )

Chapitre 20

De la cuisine s'échappe une douce odeur de pain d'épices. Nic a noué ses doigts aux miens et m'y traine presque. Lorsque l'on pénètre dans la pièce, je regarde d'abord l'horloge accroché au dessus du frigo. 11h30. Ma mère va nous faire passer un sale quart d'heure pour ne pas avoir su se lever de bonne heure. Mais je remarque qu'elle n'est pas là. Austin se tient devant les plaques de cuisson et touille ce qui ressemble à un bœuf bourguignon.

— Vous voilà enfin, s'exclame mon frère en reposant la cuillère sur le plan de travaille en carrelage gris. Je me demandais quand vous aurez fini de faire des bébés.

Il lâche un rire stupide qui me donne envie de le cogner. Nic enlace ma taille et me ramène contre lui.

— Désolé, nous n'avons pas vu le temps passer ce matin, s'excuse-t-il simplement.

— Pas grave. Vous n'avez rien loupé. Et puis le dragon est d'une humeur massacrante en plus. Je l'ai envoyé chercher Granny pour qu'elle s'aère un peu. Elle me fatiguait à marmonner dans sa barbe.

— Granny va être ravie de la voir débarquée, je raille.

— Elle saura la remettre en place. Je ne m'en fais pas pour elle.

Oui, elle ne se laissera certainement pas emmerder par sa belle fille. Mais le problème c'est que ma mère risque d'être encore de pire humeur.

— Tu as bien dormi, me demande Austin, le visage soudain inquiet.

— ça allait, ne t'en fais pas.

Nic me serre contre lui en embrassant ma tempe.

— Tu ne veux toujours pas porter plainte ?

— Non. Je pense que ça lui aura servi de leçon de toute façon.

— Tu sais...

La porte d'entrée claque et le hurlement de ma mère met fin à cette quiétude.

— Où est-elle ?

Austin fronce les sourcils, Nic se tend et moi je déglutie douloureusement. Mon frère se redresse et s'approche rapidement de nous, souhaitant faire barrage entre ma mère et moi parque qu'il est plus qu'évident que je suis celle qu'elle chercher. Elle déboule dans la cuisine, Granny sur les talons. Son regard est fou, je me demande même un instant si elle ne s'est pas droguée en route. Pour une fois son chignon impeccable ne l'est plus tant que ça. Se sont-elle battues ? Granny n'en a pas l'air. Est-elle furieuse à ce point contre moi alors ? 

— Qu'as-tu fait ? s'exclame ma mère rageusement.

Elle arrive tout de même à me tuer du regard par dessus l'épaule de mon frère. Ce dernier la retint par les épaules pour l'empêcher de s'approcher de moi.

— De quoi tu parles ?

— Ne me prends pas pour une imbécile, Eva ! Qu'as-tu fait à Paul ?!

Bien sur, s'il y a un problème avec Paul, ça ne peut qu'être ma faute !

— Rien du tout, je réponds platement.

— Ne me mens pas, crie-t-elle. Il vient de me téléphoner pour me dire qu'il ne viendrait plus à la maison ! Et ses parents ne mangent plus avec nous. Alors je te demande ce que tu as bien pu trafiquer avec lui, hier soir ?!

— Peut-être que si tu n'avais pas organisé ce foutu traquenard, rien ne se serait produit, je m'énerve à mon tour !

—Je veux que tu ailles réparer ça et tout de suite. Je me fous qu'il faille que tu rampes des jours entiers à ses pieds, mais tu vas aller le récupérer !