Chapitre 10

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La semaine est passée rapidement. Beaucoup trop. J'ai croisé Austin entre deux portes et ça ne me plaît pas beaucoup, mais il faut faire avec. On est vendredi soir et je suis en train de me peindre les ongles de pied en saumon.

* Tu penses pouvoir enfiler un truc classe et me rejoindre rapidement ? J'ai envie de sortir manger un bout, une copine m'a parlé d'un resto pas mal qui vient d'ouvrir ? – Lise.

* T'as les moyens de te payer un resto classe en étant à la Fac ?

* Mon frère les a. Allé, move your ass baby.

Cette fille est folle, mais je l'aime.

* Une demi-heure ?

* Pas une minute de plus.

* Bien chef.

Je finis mon pied et me dirige sur les talons dans ma chambre. J'ai une super robe turquoise qui fera l'affaire. Je l'ai achetée cet hiver en solde pour me sentir un peu jolie et ne l'ai jamais portée. Elle fait un peu trop habillée pour aller simplement bosser avec. J'ai des escarpins blancs qui sublimeront ma tenue. L'air d'avril est frais, mais si nous sommes au restaurant, je ne devrai pas trop en souffrir. Je me maquille légèrement et donne un peu de volume à mon carré. Quand je suis certaine que mon vernis est sec, je mets mes chaussures, attrape une veste et mon trench.

Je frappe à peine que Lise m'ouvre déjà. Elle crie de bonheur ce qui m'étonne un peu. Elle est toujours pleine de vie, mais là, c'est un poil exagéré.

— Regardez qui va là, s'écrie-t-elle.

Puis elle me prend la main et me fait ces yeux de chiens battus. Oh putain, qu'est-ce qu'elle a encore fait !

— Pitié, joue le jeu s'il te plaît, murmure-t-elle. Sinon Nic passera un super mauvais week-end parce que ma mère ne va pas arrêter de lui rebattre les oreilles.

Quoi ? Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire encore ? Mais je n'ai pas le temps de poser la question à Lise. Une paire de bras m'enlace soudain.

— Oh mon dieu, ma chérie, comme tu es belle, s'époumone une voix à mon oreille.

Une femme d'une cinquantaine d'années me serre contre elle à m'en couper la respiration.

— N'est-ce pas Franck, qu'elle est jolie !

Je jette un œil à Lise qui me fait une moue triste. Je la déteste !

— Lâche là un peu Anne. Tu vas l'étouffer. Pour une fois que notre fils trouve un intérêt certain à une fille, ça serait dommage que tu la tues, râle l'homme en face de moi.

C'est Nic tout craché. Même trait, mêmes yeux, même implantation de cheveux, bien que les siens soient grisonnants. Anne se recule et me colle un baiser sur la joue, les yeux humides. Pitié, ne me dites pas que Lise leur a dit ce que je crois.

— J'ai toujours su que mon bébé avait bon goût, geint Anne.

— Et moi, je croyais qu'il était gay, pour tout te dire, rit Franck.

— Papa, s'offense Lise.

— Quoi ? à son âge, n'avoir personne dans sa vie, ça veut seulement dire deux choses. Qu'il aime les hommes ou qu'il est impuissant.

Oh. Mon. Dieu ! Je dois ouvrir des yeux grands comme des soucoupes.

— Ne dis pas n'importe quoi, le gronde sa femme. Va donc nous chercher des boissons au lieu de dire de telles âneries. Il faut l'excuser, Eva, c'est un mauvais blagueur.

— ça m'a surprise, je lui dis. Mais dans le fond, c'était drôle.

— Je vote définitivement pour toi, ma jolie. Tu as un gout très sûr en matière d'homme mais tu as surtout un très bon sens de l'humour je trouve, rit Franck.

De l'autre côté du couloir ( Terminé )Where stories live. Discover now