Chapitre 3

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Le mardi soir est le soir de Pierre. Nous l'avions décidé peu avant que j'emménage dans mon petit appartement. J'étais donc passée le chercher à la sortie du boulot afin de faire deux trois courses pour manger ce soir. Nous montons nos affaires chez lui en prenant les escaliers parce qu'il n'y a rien de mieux que les marches pour vous forger un fessier de dingue. Arrivés au quatrième, nous croisons ma furie de voisine qui n'a pas l'air en grande forme. Elle est assise dans un coin des marches, les genoux relevés jusqu'au menton, la tête dans les bras. Ça me fait mal au cœur de la voir comme ça. Nous nous arrêtons à son niveau avec Pierre, peinés pour elle.

- Ça n'a pas l'air d'aller, lui dit mon ami.

Je ne peux pas m'empêcher de lui jeter un regard noir. Sérieusement ? Il ne peut pas trouver mieux que ça ?

- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ? il s'exclame tandis que je m'assois à côté de ma petite voisine.

- Qu'est-ce qui t'arrive ma grande ? je lui demande doucement.

- Rien.

Son ton est agressif mais sa voix porte les traces de ses larmes.

- Ecoute, je sais qu'on ne se connait pas vraiment mais je ne peux pas te laisser là, au milieu des escaliers, à pleurer.

- Et pourquoi pas ?

- Parce que ce n'est pas un endroit hyper sûr. On ne sait jamais ce qu'il peut t'arriver.

- Pff, on croirait entendre mon frère parler, elle crache.

Ouh ! De la rancœur.

- C'est à cause de lui que tu pleures ? je lui demande.

Elle hausse les épaules. Pas une seule fois elle n'a voulu croiser mon regard et ça m'inquiète un peu.

- Vous vous êtes disputés ? C'est pour ça que tu es ici ?

- Je voulais partir mais ma voiture est chez le garagiste. Je suis coincée ici avec cet abrutit qui ne comprend rien à rien.

Bien, j'ai mis le doigt sur le problème.

- Et si on montait se mettre au chaud. On allait se préparer des croques monsieurs, peut-être que tu pourrais te joindre à nous et nous expliquer ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que tu en dis ?

Pierre grimace, pas vraiment heureux que j'invite une inconnue en larmes dans son appartement. Mais peu importe, on ne peut pas la laisser ici. Elle hausse encore les épaules et nous scrute intensément.

- Et si vous étiez des serials killers ? C'est vrai à près tout, je ne vous connais pas.

Pierre ne peut pas s'empêcher de rire.

- On a des têtes de serials killers ? il lui demande. Avec nos sachets de courses ?

- Les pires sont ceux qu'on ne soupçonne pas tu sais, elle lui rétorque avec un rictus.

- Ecoute, si tu ne veux pas monter avec nous, alors rentre chez toi. Je ne veux pas être responsable d'un accident te concernant, je lui dis en essayant de prendre un air sévère qui de toute évidence ne l'est pas.

- Très bien. Mais je vous préviens qu'au moindre truc louche, j'appelle les flics.

On se regarde avec Pierre, amusés, et on quitte donc tous les trois la cage d'escalier glaciale. Quand mon ami ouvre la porte de son deux pièces que je connais comme ma poche, la chaleur qui s'en dégage me frappe et je frissonne de bien être en y pénétrant. Enfin, au chaud. Tandis que notre hôte va ranger les courses, j'installe notre invitée sur le canapé et commence à la cuisiner.

De l'autre côté du couloir ( Terminé )Where stories live. Discover now