Chapitre 13

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— ça suffit ! Cette comédie a assez duré, s'écrie mon frère. Tu vas me dire ce qui se passe et tout de suite. Je n'en peux plus de te regarder végéter dans mon canapé. Sans compter que tu bouffes tous mes Schoko-Bons depuis dimanche soir, souffle-t-il en me retirant le paquet des mains.

Je squatte l'appartement de mon frère. Dimanche, je suis arrivée en pleurant toutes les larmes de mon corps et il s'est contenté de me serrer contre lui en me disant que tout allait s'arranger. Il n'a pas posé de question jusqu'ici et je l'en remercie parce que le dialogue n'est pas franchement mon fort en ce moment. Je me suis donc installée dans la seconde chambre, j'ai investi sa salle de bains et campe presque sur son canapé moelleux dès que je rentre du boulot en me gavant de cochonneries. L'appart' en regorge.C'est le paradis des dépressif, ici.

— Je t'ai presque suppliée de venir emménager avec moi quand j'ai pris ce logement et tu m'as renvoyé bouler, je te signale. Alors, qu'est-ce que tu fais là ? me demande Austin en se laissant tomber sur le fauteuil adjacent.

— Ma présence t'insupporte tant que ça ? J'ai fait tes machines, j'ai plié et rangé ton linge, j'ai aussi fait à manger, lundi.

— Pour quinze personnes, oui, je m'en souviens. Le frigo est plein de plats différents. Tu as investit ma cuisine toute la nuit ! Qu'est-ce qui te préoccupe tant pour tenter de penser à autre chose ? Pourquoi tu pleurais dimanche soir ? Tu as eu Paul au téléphone ?

Il affiche une mine inquiète. Il peut se comporter comme le dernier des abrutis mais mon frère est vraiment génial lorsqu'il me voit mal.

— Non.

Ça fait bien un moment qu'il ne cherche plus à me joindre et ça me va très bien comme ça. La page Paul est tournée, enfin presque... Il faut juste que j'arrive à refaire confiance aux hommes et elle le sera totalement.

— Alors quoi ?

— Je ne veux pas en parler, s'il te plaît, je chouine comme un bébé.

— Et moi, je ne veux pas que tu manges mes chocolats mais tu le fais quand même. Dis-moi ce qui te tracasse.

Je hausse les épaules.

— Rien de spécial.

— Tu n'es pas allée à l'aquagym lundi. Tu y vas même quand tu es malade. Donc il y a un truc. Ça a à voir avec ton voisin beau gosse ?

Panique à bord. Je me redresse comme si on m'avait piqué les fesses. Ma gorge chauffe donc je suis en train de rougir, ce qui n'est pas une bonne nouvelle. Maintenant, Austin sait.

— Pourquoi tu dis ça ? je lui réponds, la voix haut perchée.

— Parce que le mercredi, tu y es toujours fourrée pour regarder ta série avec la gosse et que là tu as le cul dans mon canap'.

— Qu'est-ce qui te dit que je ne suis pas amoureuse du maître nageur et qu'il m'a brisée le cœur ?

— Parce qu'il a soixante ans, que ces cheveux sont teints et que son ventre est dégoulinant de graisse ?

Je ne peux pas lui dire que non parce qu'il l'a vue de ses yeux, le maître nageur et il y a de ça deux semaines. Donc impossible pour moi d'en inventer un nouveau. Le délai est trop court pour que j'en sois tombé raide dingue. À moins que j'évoque un coup de foudre ?

— Alors qu'est-ce qu'il a fait joli cœur ? Je dois aller lui mettre une dérouillée ?

Il fait craquer ses doigts quand il sort ça. Je frissonne. J'ai horreur de ce bruit.

— Le pire c'est qu'il n'a rien fait, Austin. Je suis seulement en colère contre moi.

Je me laisse retomber au fond du fauteuil en soupirant.

De l'autre côté du couloir ( Terminé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant