De l'autre côté du couloir ( Terminé )

Chapitre 15

Trois semaines que mon ventre se serre. Vingt et un jours que l'appétit me quitte, que le sommeil me fuit. Revenir chez mes parents, ne serait-ce que le temps d'un week-end, me rend malade. C'est stupide. Je pourrais très bien annuler. Seulement, Granny n'est pas éternelle. Et si jamais, le pire lui arrive, je m'en voudrais toute ma vie. Même si elle me dit que c'est inutile de venir pour elle, je vais le faire. Parce que je l'aime, parce qu'elle est ma vraie famille avec Austin. Et puis mon frère, justement sera là. Il m'épaulera.

Je vois bien qu'il me surveille. Il est bien plus fréquemment à la maison, il me téléphone, envoie Pierre pour voir si je vais bien. Mon teint terne, mes cernes et mon amaigrissement soudain l'alerte. Il m'a demandé de ne pas venir. De prétexter une gastro ou autre et d'aller passer le week-end avec Granny dans sa maison de retraite où mes parents l'ont collée pour ne pas à avoir à s'occuper d'elle qui leur a pourtant tant donné. Mais je dois affronter mes démons. Je dois repousser Paul et casser ces chaines pour pouvoir avancer sereinement.

Austin n'est pas le seul à avoir remarqué mon état. Lise et Nic se posent des questions. Ils me demandent sans cesse si je vais bien. J'ai arrêté de jouer à cache-cache avec mon voisin. C'était bête de ma part. Les rares moments de bonheurs, je les vis avec eux, Pierre ou mon frère. Alors, pourquoi m'en priver ? Je suspecte Lise d'avoir vendu la mèche. Nic est bien plus prévenant que d'habitude. Il tente inlassablement de me facilité la tâche, d'anticiper mes besoins. Comme s'il essayait de me soustraire certains poids de la vie quotidienne. Je trouve cela étrange. Je garde mes distances avec lui. Plus de câlins, plus de bourrade. Je limite les rapprochements physiques. Il y a eu un malaise le premier jour où je suis revenue chez eux mais il s'est dissipé assez rapidement quand Nic a compris mes nouvelles règles. Il me laisse de l'espace et j'apprécie vraiment.

Je suis en train de fermer ma valise quand mon téléphone vibre.

* A quelle heure partons-nous demain ? – Nic.

Je fronce les sourcils. Nous n'avons jamais parlé d'une sortie quelconque.

* Je ne savais pas qu'on allait quelque part. Je m'en vais chez mes parents, je ne pourrais pas être là.

* Je sais que tu vas voir ta famille. Je viens avec toi. – Nic

Ma mâchoire s'en décroche.

* Hors de question que tu t'incrustes chez moi. C'est déjà bien assez compliqué comme ça.

* Lise m'a expliqué. Je veux être là. – Nic

Oh bordel, Lise !

* Elle avait juré !

Je tape presque du pied. C'est pas vrai. Cette gosse me tue à chaque fois.

* Elle a croisé. – Nic

Sérieusement ? C'est ça son excuse ? Elle fera une bonne avocate avec ça !

* On est plus au CP ! C'est non !

* Ton ex va te tourner autour et tes parents vont te pousser à faire une chose que tu ne souhaites pas. Alors, laisse-moi jouer les amoureux transit afin de remettre chacun à sa place. - Nic

* Je ne peux pas faire ça avec toi. Je ne suis toujours pas prête à être avec quelqu'un...

Non, je ne suis pas prête à être avec quelqu'un mais Nic... Je sais que si je le laisse faire ça, il me convaincra. Parce que j'en meurs d'envie. Alors, je garde mes distances pour ne pas succomber de peur de trop souffrir.

* Je ne te demande pas d'être avec moi. Juste d'accepter que je te rende ce service. Ce serait normal après que tu l'aies fait pour moi. Je ne lâcherai pas le morceau et s'il faut j'utiliserai mon joker. Même si Lise est partie ce soir chez mes parents, elle peut quand même te faire craquer à distance. C'est toi qui vois... - Nic