Chapitre 17

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Dans la voiture, le silence m'angoisse. Moins que notre arrivée imminente chez mes parents mais le fait que Nic soit si concentré sur la route me rend nerveuse. Le chemin gravillonné menant à la maison de mon enfance entre dans mon champ de vision, faisant tordre mon estomac. La main fine de Granny serre mon épaule.

— Tout se passera bien, mon cœur, me rassure-t-elle.

Je lui fais un sourire forcé à travers le rétroviseur. Si seulement...

Nic se gare à côté du 4*4 de Paul. Génial ! 

— Bon, les enfants, on se serre les coudes et on avance la tête haute. Peut importe ce que dira la reine des glaces, d'accord ?

Granny semble avoir retrouvé une seconde jeunesse. Son visage exprime une certaine joie sachant dans quelle bataille nous nous lançons. J'aimerai pouvoir être aussi ravie, mais je n'y arrive pas. J'ai les boyaux tellement en vrac. Nic descend et s'empare de nos valises, tandis qu'avec Granny nous avançons bras dessus bras dessous. Je ne frappe pas et entre. Ma mère apparait à ce moment là. Elle n'a pas changé. Toujours coiffée comme dans les magasines de mode, sa robe cintrée mets en valeur sa taille de guêpe. Elle serait parfaite dans ces vieilles séries américaines en tant que femme d'un homme puissant. Vous voyez, celles qui sont tirées à quatre épingles, qui boivent élégamment un whisky à 11 heures du mat' et qui sont aussi sournoises que des vipères. Ma mère quoi.

— Visiblement la ponctualité n'est toujours pas ton fort, s'écrie-t-elle. Tu nous excuseras mais nous avons attaqué l'apéritif. Nous en avions assez de t'attendre.

Je jette un œil à ma montre. Elle indique 18h45. Je l'avais prévenue que nous n'arriverions pas avant 19 heures. Donc, nous sommes en avance mais ça lui couterait bien trop de le remarquer. Son hobbies préféré étant de me démolir quoi qu'il se passe, elle ne s'en prive donc pas. Pas de Bonjour, de bises ni même de poignées de main. Elle reste là, droite comme un piquet dans le hall, les bras croisés à me toiser.

— Nous nous sommes arrêtés pour grignoter un morceau sur l'autoroute, madame. Veuillez m'excuser, c'est probablement de ma faute si nous sommes en retard, lui répond Nic en m'enlaçant par derrière.

Ma mère le regarde de haut, le détaillant comme s'il avait la peste.

— Comme si Eva avait besoin de manger entre les repas, cincle-t-elle. Montez donc les valises dans ta chambre et dépêchez-vous, Paul et ses parents sont là depuis bientôt une heure.

— Espérons alors, qu'ils ne soient pas statufiés depuis tout ce temps, raille ma grand-mère en passant devant ma mère. Ma pauvre Hélène, vous avez tant de malheurs.

Ma mère se tend mais avant qu'elle ne réplique, préférant fusiller Granny du regard pendant que celle-ci se dirige au salon. Austin débarque alors.

— Ah, dieu merci vous êtes là, lance-t-il. Nic content de te voir, mon pote, vous avez fait bon voyage ?

Il fait une accolade à mon voisin qui me regarde, un peu surpris par ce geste assez intime.

— Donne-moi donc les valises. Vous devez être fatigué, allez prendre un verre au salon.

— Ils ne le seraient pas s'ils étaient arrivés comme toi, mon fils, hier soir. Mais il faut croire qu'Eva mettra toujours un point d'honneur à ne jamais faire comme il le faudrait.

Et c'est repartit.

— Tu devrais aller voir Jeannette, elle voulait un glaçon, lui dit mon frère sur un ton sec.

Elle lui lance un regard d'avertissement avant de disparaitre.

— Merci, je souffle à mon frère qui m'embrasse sur le front.

De l'autre côté du couloir ( Terminé )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant