Partie 3

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Point de vue de Matt

— On n'y voit rien cette nuit ! Passe la lampe !

— Oui, attends ! J'la décroche !

— Allez grouille Matt !

— Tiens.

Je lui tends la lampe jusque là accrochée à ma ceinture.

— Au fait, qu'est-ce qui s'est passé avec l'Alpha ?

Je déglutis.

— Rien de spécial. Pourquoi ?

Louis hausse les épaules.

— Une rumeur. Il aurait embrassé une fille, autre qu'une des nôtres.

Je tâche de prendre une air surpris.

— Ah bon ? Qui ça ?

— Apparemment, elle était avec toi, cette année. Une certaine Mady. Je n'ai pas réussi à savoir son nom de famille. Tu n'étais pas au courant ?

— Non.

— Ça, c'est bizarre... Tu l'aurais apparemment vu faire et tu.. eh bah tu..

— Je quoi, Louis ? soupiré-je.

— Tu étais jaloux.

Je hausse les épaules, mais une certaine tension reste ancrée dans mes muscles.

— C'est faux. Qui t'a raconté ces conneries ?

Louis allume la lampe. Le faisceau me montre ses paupières plissées, suspicieuses.

— Le frère de Hugo. Il m'a dit qu'Hugo n'arrêtait pas de parler d'elle et aussi de... toi, depuis trois jours. Il raconte qu'il la veut même s'il doit t'affronter. Avec ta jalousie.

— Mais je ne suis pas jaloux !

Mon ami change de tactique.

— En quoi est-ce mal d'être jaloux, Matt ? Tu sais que le mélange jalousie-amour décuple nos forces. Et la tienne en particulier.

— Je sais bien mais... je ne suis pas jaloux, c'est juste ça. Cette fille, je ne l'ai croisée que deux ou trois fois dans les couloirs du lycée, je ne la connais pas et je ne l'aime pas, si c'est ce que tu crois.

— Ce n'est pas parce que tu n'as vu qu'une fois une personne qu'elle ne signifie rien.

Je lui donne une pichenette à l'épaule.

— Tu es philosophe toi maintenant ?

— Oui. C'est bon, on y est. C'est ici.

— Qu'est-ce qu'on est censé faire au juste ?

— Enlever la chérie de Hugo.

— Jess ?

— Mais non : Mady. Jess n'habite pas ici en plus.

Je regarde autour de moi et reconnaîs les lieux. J'inspire profondément.

— Mais il doit se marier avec Jess.

— Pas si Mady est, comme il le pense, son âme-sœur.

— Elle ne l'est pas. On rentre.

J'effectue un pas en arrière mais Louis me rattrape par le col violemment.

— Non. Maintenant, je m'en contrefous de ce que tu penses, que tu sois jaloux ou pas, aide-moi et ferme-la.

Louis me donne la lampe torche et commence à crocheter la serrure. Elle s'ouvre sans difficulté. Comme moi quelques jours plus tôt. Louis appuie sur la poignée et pousse la porte. On pénètre rapidement dans la maison. Je monte les escaliers et Louis me suit. J'arrive devant la chambre entrouverte de Mady. Elle doit sans doute dormir, à 3 heures du matin. Je pousse la porte. Elle ne fait aucun bruit, j'ai de la chance. On s'approche du lit. Louis pose sa main sur la bouche de Mady qui ouvre automatiquement les yeux. Elle ne dit rien quand elle reconnaît mon visage et retire la main de Louis.

— Matt ?

— Oui ?

— Qu'est-ce que tu fais là, dans ma chambre à... Putain à trois heures du mat' ?

— Il t'expliquera plus tard. Pour le moment tu dois venir avec nous, fais ta valise et écris un mot à tes parents pour les prévenir.

— Les prévenir de quoi ?

— De ton départ.

Elle nous regarde, ébahie. Comme si nous avions perdu la tête. Résignée, elle se lève. Elle ne peut pas abandonner sa vie actuelle si facilement, si ? Pour se précipiter dans les bras de ce con ? Je serre les poings. La couette découvre ses jambes. Elle porte un short et un tee-shirt, j'ai envie de la serrer dans mes bras. Elle s'approche de moi, les mains croisées sur sa poitrine, et baisse la tête. Je déteste quand elle fait ça. Je voudrais qu'elle me regarde dans les yeux mais je ne veux pas la forcer, ni la brusquer. Elle est tellement belle.

— Pour aller où ?

C'est à moi qu'elle pose la question, mais je n'ai pas la force de répondre. Louis s'en charge à ma place.

— Tu verras.

— Je ne suis pas obligée de vous suivre, vous savez.

— Oui, on le sait. Mais nous avons la permission de sortir l'artillerie lourde si tu ne veux pas venir. On peut même s'en prendre à tes parents... Maintenant Matt je te laisse avec elle. Je vais surveiller que personne ne se pointe. Prenez pas mal d'affaires, elle part pour un long séjour.

Nous voilà tous les deux dans sa chambre. Nous pourrions faire n'importe quoi mais pas ça.

— Matt, que se passe-t-il ? fait-elle en levant enfin la tête.

— Tu dois nous suivre, s'il te plaît.

Un frisson parcourt son corps. Je regrette tellement de lui faire subir cela. Mady me tourne le dos et s'en va en direction d'une autre porte que je n'avais pas remarquée. Je la rattrape pour qu'elle ne s'échappe pas et la retiens par le poignet.

— Tu me fais mal.

— S'il te plaît... Ne fais pas de bêtises.

Elle plante ses yeux dans les miens. Ils sont embués de larmes. J'aurais préféré qu'elle ne me regarde jamais ainsi, je dois lui faire mal. Prenant conscience que je lui fais peur en plus, je la lâche. Elle ouvre la porte de ce qui s'avère être un dressing et pénètre dans la pièce remplie de vêtements. Elle s'enferme à l'intérieur. Je m'assois sur son lit. Puis m'allonge et regarde le plafond.

— Qu'est ce que tu fous ? Elle est où Mady ? fait Louis en entrant.

— Dans son dressing, elle choisit des affaires.

— J'espère que ce ne sera pas trop long.

Mady ressort du dressing, habillée avec une valise à la main. Elle m'évite. On sort de sa chambre. Elle s'assoit autour de la table et commence à écrire une lettre. Au bout de quelques minutes, elle lâche le crayon. Louis la lit. Puis me regarde, ainsi que Mady qui détourne le visage, et finit par poser la lettre sur la table. Nous nous engageons dans la rue.

SingulièreDonde viven las historias. Descúbrelo ahora