Singulière

Partie 27

Point de vue de Hugo

Cette histoire de chiot retrouvé mort m'inquiète, j'espère que Louis n'a pas la seconde partie de l'âme... Il est tellement énervé de nature, ça pourrait faire d'énormes dégâts. Mon père ne voulait pas de lui au manoir à la base, à cause de sa colère prête à exploser, une bombe le type. Mais j'ai quand même réussi à le persuader qu'il saurait se contenir. Louis a fait quelques dérapages parfois mais il a toujours su retrouver le droit chemin. Pourvu qu'il sache se contrôler avec cette nouvelle partie animale en lui...

- Hugo, ne pense pas à ça, tu te maries aujourd'hui.

- Oui je sais, Père.

Il tressaillit lorsque je prononce "père". Mais il n'y a personne dans le couloir et il n'avait pas à lire dans mes pensées. Il ne relève pas, mettant sans doute cela sur le stress du mariage.

- Va te préparer, je vais tout gérer là-bas.

- D'accord.

Par "là-bas" il pense à la cérémonie. Je ne veux pas me marier. C'est injuste à mon âge. Certaines personnes le font mais je n'ai pas le temps de profiter pleinement de ma vie, de comprendre mes erreurs, de faire des choix. Tout est contrôlé, je ne peux même pas choisir la personne que je veux aimer, celle qui sera mon âme sœur.

- Tenez votre costume, me dit un homme.

- Merci, réponds-je tristement dans le regarder.

Je sens pourtant toujours sa présence dans mon dos.

- Ça ne va pas ? demande l'homme.

- Si... Je vais me marier...

- Qu'est-ce qui ne va pas alors ?

- Je ne l'aime pas. Contrairement à elle.

Il attend avant de répondre.

- L'amour est une chose réciproque. Si une personne dit qu'elle vous aime alors que ce n'est pas votre cas, c'est que ce n'est pas un véritable amour, soit un désir, soit un amour par profit. Et dans le cas de la demoiselle en haut je crains que ce ne soit la dernière option.

Je pose enfin mon regard sur lui. Intrigué par le personnage. Je ne peux pas nier qu'il est beau. Ses doux yeux bleus contrastent avec ses cheveux blond foncé, presque châtain. Il est aussi grand que moi mais un peu plus fin. Une étrange sensation traverse mon corps. Ses yeux changent de couleur. Oh non pas ça... Vive l'hétérosexualité. Avant qu'il ne dise quoi que ce soit je le tire jusqu'à ma chambre. Je nous enferme et reste dos à lui.

- Je ne veux pas que mon père sache.

Je n'ai pas besoin de plus de mots pour qu'il comprenne.

- Comme vous le désirez.

Son ton tellement poli m'agace mais pourtant je ne peux rester de marbre. Je soupire.

- Tu peux me tutoyer. On est âme-sœur après tout.

Je lui fais face. Une expression de douleur traverse ses yeux mais son visage reste de marbre.

- Comme il te plaira.

Je passe une main dans mes cheveux, l'entendre parler dun ton si solennel ne fait que renforcer la réalité.

- J'étais pourtant persuadé d'être hétéro, finis-je par dire.

- Peut-être que vous vous persuadiez d'une chose car vous préfériez en ignorer une autre.

- Comme le fait que je suis gay ?