Ennuie Scolaire

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Qui n'a jamais rêvé de voler ? De traverser les nuages comme s'il ne s'agissait que d'un simple voile de brouillard. De laisser le vent glisser le long de notre corps dans une décharge glaciale. Pourtant, l'injustice nous laisse fixé au sol et nous avons beau nous élancer, cette fichue gravité nous ramène bien vite à la réalité. Alors, nous fixons le ciel avec mélancolie, en contemplant la beauté du monde d'en haut que nous ne pourrons jamais atteindre. Et comme un fait exprès, une nuée d'oiseaux traverse le ciel à tire d'aile. Venue nous narguer, ils nous montrent la chance qu'ils ont et l'injustice d'un monde non-équitable. Et on les envie, sous leurs plumages, ils laissent le vent glisser et se laissent porter dans les courants d'un univers que l'on n'atteindra jamais. Alors, on ferme les yeux et on imagine être à leurs places, on imagine la sensation du vent fouettant notre visage. Comme le monde doit être petit vu d'en haut, comme tout doit nous paraître si mystérieux à planer dans ce ciel d'azur. Dans une extase certaine, on se perd alors dans un mélange d'émotion et naviguant dans un autre monde, on oublie tout. Il ne reste plus rien, rien que cette tranquillité, paisible, le vent efface tous nos tracas quotidiens. Me voilà plongée dans le monde des oiseaux, un monde que je ne quitterais plus jamais. Et je monte, encore plus haut dans le ciel, ignorant le soleil qui me contemple, éberluée. À la force de mes bras, changés en ailes blanches, je monte toujours plus haut. Je veux découvrir le monde des astres et naviguer parmi les étoiles. Je me sens libre, libre comme je ne l'ai jamais été auparavant. Je me sens invincible, je sais qu'à présent tout est possible. Et je vois déjà le ciel qui s'assombrit en m'ouvrant les portes d'un monde plus sombre, mais encore plus fascinant. Je me vois déjà toucher la lune et contempler les étoiles. Mes ailes battent avec plus de force et je plane un court laps de temps avant de foncer avec courage et détermination. Je vole et rien n'y personne ne pourra à présent m'arrêter. Je suis loin de tout. Derrière moi, la terre n'est plus qu'une balle resplendissante et je continue de voler dans un univers étoilé. La lune, belle, forte, resplendissante et juste à portée de doigts. Il me suffit juste de la toucher, d'avancer ma main et je vivrai à jamais dans l'éternelle béatitude. Je sens mes ailes s'agiter et continue de voler face à elle.

Je vole. Je vole.

- Mademoiselle Wood, si vous comptiez rêvasser, ce n'était pas la peine de nous faire l'honneur de votre présence. J'aimerais un peu plus d'attention de votre part, résonne subitement une voix sèche et agacée.

Puis, brutalement, le crash. Je tombe, je tombe dans un vide sans fond, retraçant mon chemin inverse. Et me revoilà, revenue à la triste réalité dans une salle de classe assombrit par une ambiance maussade, tous les regards moqueurs sont tournés vers moi. Je sens mon cœur cogner contre ma petite poitrine vulnérable. Hors de question, je ne baisserais pas la tête devant ces visages hostiles. Comme un brave petit guerrier, je me tourne vers eux, sortant de ma bulle, de mon isolement. Je leur souris. J'ignore le rire railleur qui retentit et me mets à fixer le tableau noir, sali par le passage répétitif d'une brosse couverte de craie. La prof a repris son cours comme s'il ne s'était rien passé, elle ne lance même pas un coup d'œil dans ma direction. J'aurais préféré qu'elle me laisse rêver, être de retour dans cette salle me pèse sur le moral. La sensation que j'avais acquise en me prenant pour un oiseau s'est complètement estompée et me voilà seule, au milieu de tant d'élèves, avec pour seule compagnie, mes pensées. Je ferme les yeux, accueillant avec joie cette soudaine obscurité qu'offrent mes paupières. Des fois, j'aimerais être aveugle, juste pour ne plus voir ce monde, en imaginer un autre. J'aimerais que cette réalité ne le soit pas, tout est trop banal, trop réaliste. Pourquoi la vie n'est-elle pas comme dans les livres ? C'est vrai quoi, cette routine est usante. Il manque juste une petite touche de fantastique. Je n'ai pas envie de finir comme un robot. Mon regard se pose subitement sur mon professeur. Plutôt petite, elle porte une longue jupe multicolore tombant à la cheville, elle porte des sandales beiges, montrant ses orteils vernis d'un orange voyant. Vêtue d'un pull blanc de laine recouvert d'une veste beige sans manche. Elle a attaché ses cheveux roux colorés en un maigre chignon. Plutôt boulotte, chaque jour, elle est vêtue d'un style similaire. Elle passe son temps à sortir les mêmes phrases comme si elle était une machine programmée à faire ce qu'on lui a demandé, sans réfléchir. Comme tous. Enchaînés dans une routine, une roue géante qui tourne et ne s'arrêtera jamais. Je ferme de nouveau les yeux, j'ai subitement envie de partir. Je me sens mal, je suis subitement prise de vertige et me rattrape au bord de la table, enfonçant mes ongles dans le bois vernis. Je me dis alors que je suis tombée dans un bateau, ça tangue et j'ai le mal de mer. Je me mets alors à imaginer la mer, les vagues s'agitant en rafale. Un goût salé remplit soudainement ma bouche et mes papilles protestent et réclament une gorgée d'eau douce que je n'ai pas en ma possession. Le bateau tangue, chavire et fait chavirer mon cœur par la même occasion. Oui ! La vie est un énorme bateau, quand le cours d'eau est calme, on rêve d'aventure. Mais une fois que la mer s'agite, faisant trembler la coque et menaçant de nous faire naufrage, on regrette les rives d'une eau douce et paisible. Pourtant, je m'accroche, je me fiche où tout ça me mène, je veux découvrir un autre monde. Alors je prends les commandes du navire et je brave les vagues. J'y arriverais, le bateau est costaud. Il flotte. Il flotte.

- Mademoiselle Wood ! Si vous n'avez pas assez dormi cette nuit c'est votre problème, mais j'aimerais le minimum de votre intention, résonne une nouvelle fois la voix tant détestée.

Puis, brutalement le bateau chavire et se met à couler. Couler. J'ouvre brusquement les yeux et retiens un sursaut en découvrant le visage de mon professeur en gros plan. Ses yeux d'un marron terne me fusillent du regard. Ses yeux. Ses yeux qui me font penser à un bout de bois pourri ayant perdu toute chaleur. C'est ça, avec le temps, elle a perdu la chaleur humaine. Elle finit par reculer et reprit son cours comme s'il ne s'était jamais arrêté. Je me laisse glisser sur ma table de bois, espérant avec hâte que cette longue journée se termine avant de me rappeler qu'il ne s'agit que de la première heure de cours.

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Hey :')

Y avait longtemps... Je dois avouer que j'avais un peu la flemme de poster, mais je me suis finalement décidé xD

Bref, s'il y a des fautes bah faut le dire et je corrige x)

Ah oui ! Comme je sais jamais quoi poster, pour ceux qui passent par ici, je laisse le choix entre plusieurs titres, à vous de choisir si ça vous tente :

- Chasse à l'Homme

- Erreur

- Indifférence

- La pluie

- Fille du démon

Voilà :-) après Fille du Démon est un poème et le reste des textes. Bref a++++

Nakijo.

Les Mots NaufragésWhere stories live. Discover now