Partie 1

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- Merde.

Le couteau me glisse des mains pour finir sa course sur le carrelage. Quelques gouttes de sang tachent le plan de travail. J'observe le rouge et épais liquide se propager le long de mon doigt et glisser sur ma paume.

- Tout va bien ? S'inquiète ma mère. Ambre, que se passe-t-il ?
Sa voix me sort de transe.
- Ne t'inquiète pas maman c'est rien. Je me suis juste coupée un peu la main.

Elle me regarde depuis la fenêtre. J'enveloppe ma main dans un torchon afin de limiter les dégâts.

- Comment t'es tu débrouillée ? Me demande-t-elle les sourcils froncés. Combien de fois je t'ai répété d'être très prudente lorsque tu utilises des objets tranchants ? Et tu as vu l'heure, il va être temps de se mettre au lit.

- Maman il n'est que 21h et je n'ai plus l'âge de Nathan. D'ailleurs tu ferais mieux de l'envoyer au lit lui, il est encore devant la télé ...

  La petite tête châtain de mon frère qui dépassait du canapé il y a encore 3 secondes, tente vainement de se cacher sous les coussins.

- Nathan ? Je t'ai dit il y a plus d'une demi heure d'aller te laver les dents, file avant que je m'énerve pour de bon !

- Cafteuse ! Me lance Nathan d'une voix étouffée par le tissu. Mais maman je rentre en CM2 je suis presque au collège, je suis plus obligé de me coucher à 20 :30 !

  Il ponctue ce bel argument en me tirant la langue. Je lui réponds également avec une grimace.

- Il ne fallait pas cacher la télécommande tout l'après midi, petit morveux.

- Ca suffit vous deux, tranche ma mère. Nathan tu vas te coucher un point c'est tout. Et toi Ambre, range-moi tout ce bazar et tu le suis. Quelle idée de cuisiner à cette heure ci !

- Mais c'est l'anniversaire de Lola demain, je voulais lui faire des muffins et en coupant le chocolat je me suis entaillée la main.

   Lola est ma meilleure amie. Beaucoup de gens pensent que nous sommes des sœurs. Nous avons à peu près la même taille, 1m68, plutôt raisonnable pour une fille. Il nous arrive même de nous habiller de la même façon, un peu comme en primaire. Il ne faut pas croire que nous ne sommes pas assez matures, mais il nous arrive de garder quelques habitudes. Nous avons toutes les deux des cheveux assez épais, longs, châtains, qui blondissent une fois le soleil arrivé. La seule différence c'est que Lola les porte toujours détachés.

  Elle est nettement plus jolie que moi.

  Plus ouverte aussi. C'est toujours elle qu'on remarque en premier, non que je sois une fille complètement asociale mais elle a ce petit plus. Je ne sais pas si c'est sa façon de parler ou de jouer avec ses cheveux, qui lui donnent un certain charme, auquel peu de garçons résistent bien évidemment. Non, je ne suis pas jalouse.

Ou alors un tout petit peu ...

  Nous nous connaissons depuis, à peu près toujours. Nous nous sommes rencontrées le tout premier jour d'école. Fidèle à elle même, elle était déjà très mignonne avec ses petites couettes et complètement à l'aise dans ce nouveau monde. J'étais toute seule dans mon coin, incapable de parler à qui que ce soit, retenue par la timidité. Elle est venue directement vers moi en me prêtant l'une de ses poupées.

- Toi, tu feras la méchante sorcière.

- D'accord.

  J'aurai accepté n'importe quoi pour avoir une amie.

Lola a l'avantage de s'adapter à n'importe quelle situation, bonne ou mauvaise. En 15 ans j'ai dû la voir pleurer peut-être cinq fois, dont une parce que sa petite sœur avait mangé tous ses bonbons. Certaines choses ne s'expliquent pas. D'ailleurs ceci est également une des choses qui nous différencie : Elle peut manger n'importe quoi sans prendre un gramme. De quoi me rendre folle. Tandis que sa silhouette frise la perfection, la mienne est disons... Plus chaloupée. Je ne peux même pas dire que je suis pulpeuse ça serait un mensonge. Enfin du côté arrière si. Mais mes seins ne rivalisent certainement pas avec ces candidates de télé réalités. Mon ventre non plus...

Je ne saurai jamais pourquoi elle est venue vers moi en premier.  Nous en avons parlé plusieurs fois et sommes arrivées à la conclusion que le coup de foudre amical existait.

- Ne t'en fais pas maman je te promets que ça n'est rien. Je vais me désinfecter, un petit pansement et je serai comme neuve.

   Une fois dans la salle de bain, le torchon enlevé je constate avec surprise que l'entaille est assez profonde. Le sang coule à flot, laissant des traces sur le rebord de l'évier.

  Mince, il me faudra plus qu'un simple pansement.

  Soudain, quelque chose attire mon regard à la fenêtre.

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